dimanche 25 mai 2008

Publications, lecture et autres réflexions

Comme promis, j'ai publié une page que j'espère complète et attractive sur la Carte du Haut-Dauphiné, de Pierre de Bourcet. J'ai y mis du temps, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à me pencher sur cette carte extraordinaire. Quel plaisir de parcourir ce pays que je connais si bien sur cette carte qui est la première à le décrire avec autant d'exactitude et de précision. Retrouver les lieux connus, identifier ceux dont le nom a changé ou a été déformé, explorer l'intérieur du massif, à la géographie encore incertaine, et y retrouver les sommets que l'on connaît si bien, j'y ai passé des heures. Rien que pour la cartographie du massif de La Meije, appelée ici l'Aiguille du Midy, cette carte méritait d'apparaître dans ma bibliothèque et d'être décrite sur mon site. J'ai bien entendu consacré une page à Pierre Joseph de Bourcet, même si j'ai eu quelques difficultés à rassembler des éléments le concernant.





Autre publication, une petite plaquette sur les Haute-Alpes par Eusèbe Girault de Saint-Fargeau :
Guide pittoresque du voyageur en France. Département des Hautes-Alpes., publié vers 1836. La livraison consacrée aux Hautes-Alpes est illustrée de quelques gravures sur acier, qui sont des représentations presque naïves et toujours grossières de quelques paysages des Hautes-Alpes, dont Briançon et le Lautaret.



Sur le Dauphiné, je recommande la lecture de la Nouvelle histoire du Dauphiné, que vient de publier Glénat, sous la direction de René Favier. Au delà de la qualité des textes et de l'iconographie, j'ai surtout retenu l'intéressante interrogation sur l'identité dauphinoise. Que signifie être dauphinois, que peut-on qualifier de dauphinois, lorsque la province du Dauphiné était plus une construction politique qu'une région homogène par les paysages, la langue, l'économie, etc ? Ce n'est pas nouveau que de faire remarquer que rien n'assure l'unité de cette région et que le cours de l'histoire depuis la Révolution n'a eu que pour conséquence de diluer toujours plus l'identité dauphinoise. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une étiquette utilisée par quelques institutions (Musée Dauphinois, etc.). En revanche, les autres histoires du Dauphiné tendaient à occulter cet aspect de l'histoire de la Province et maintenaient l'illusion de son existence toujours vivace. Celle-ci aborde de front cette interrogation, qui est même au centre de la réflexion. Elle n'entretient plus cette illusion. C'est en cela qu'elle est nouvelle, voire novatrice.




Cela m'a amené à m'interroger sur le nom donné à mon site et à ce blog. En définitive, lorsque j'ai qualifié mon site de "bibliothèque dauphinoise", qu'est ce que je voulais dire, alors que mon intérêt se porte essentiellement sur les Hautes-Alpes et l'Oisans ? Pour un Drômois ou un Isèrois du bas pays, il ne peut se retrouver dans ma bibliothèque. Et pourtant, j'ai tenu à l'appeler ainsi, en partie par goût des vieilles choses, en partie pour lui donner une dimension historique et la rattacher au courant presque éteint de l'érudition régionale dauphinoise, qui a connu ses beaux jours au XIXe siècle.

Quel meilleur exemple du flou sur l'identité dauphinoise que la bourde que j'ai lue dans le dernier numéro de La Gazette de Drouot. A propos de la famille Berenger-Sassenage, dont les meubles vont être vendus au profit de la fondation Sassenage, l'auteur de l'article la qualifie d'"illustre famille savoyarde". Et pourtant, il n'y a guère de plus illustre famille dauphinoise (voir l'Histoire de la maison de Sassenage, de Nicolas Chorier). J'imagine la confusion entre Grenoble, les Alpes, la Savoie. Ce n'est pas la première fois que je vois que certains pensent que Grenoble est en Savoie, parce que pour certains, les Alpes françaises et la Savoie ne font plus qu'un. L'identité dauphinoise est bien diluée !

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