Dans les premières décennies du XIXe siècle, une série d'inondations catastrophiques dans les Alpes a provoqué une forte préoccupation des administrateurs et des aménageurs du territoire à propos des dangers de dévastation que font courir les torrents de montagne. C'est l'époque où les grands corps de l'état, issus des réformes révolutionnaires (corps des pont-et-chaussée, corps des mines) sont constitués d'esprits éclairés préoccupés du bien commun.
Tout a commencé par l'ouvrage fondateur d'Alexandre Surell : Etudes sur les torrents des Hautes-Alpes, paru en 1841.
Les deux ouvrages que nous avons décrits ce week-end font suite et complètent ces préoccupations. Scipion Gras, ingénieur en chef de mines du département de l'Isère, s'est penché sur le problème des inondations récurrentes de la plaine de Bourg d'Oisans par la Romanche. Il est amené à proposer une nouvelle solution pour permettre que les matières charriées par les torrents se déposent le plus en aval possible.
Le premier ouvrage est :
Exposé d'un nouveau système de défense contre les cours d'eau torrentiels des Alpes et application de ce système au torrent de la Romanche dans le département de l'Isère.
Paris, Carilian-Gœuri et Vr Dalmont, Libraires; Grenoble, Chles Vellot et Compie, Libraires 1850.
Ce nouveau procédé s'applique plus particulièrement aux inondations de la plaine de Bourg d'Oisans, que Scipion Gras attribue aux travaux d'endiguement de la Romanche lors de la construction de la route nationale en 1840. Deux illustrations : la belle carte de la plaine de Bourg d'Oisans, avec les barrages projetés, et une vue aérienne moderne.
Le deuxième ouvrage :
Etudes sur les Torrents des Alpes, Paris, Victor Dalmont, 1857, élargit le propos, mais reste constant sur les solutions proposées.
Deux réflexions à propos du premier ouvrage :
Le libraire ami qui me l'a vendu semblait s'étonner de ne trouver aucune référence sur les principaux sites de ventes de livres anciens. Il ne faut pas oublier que les plaquettes de ce type sont toujours extrêmement rares Cet exemplaire est le premier que je vois en 15 ans de chine dauphinoise et haut-alpine. Et elles sont nombreuses les plaquettes ou brochures que je n'ai vu qu'une fois ! Je crois que c'est là que se niche la vraie rareté. Cela est d'ailleurs aussi vrai pour l'autre ouvrage.
La deuxième réflexion est amenée par la conclusion de Scipion Gras à la fin de son ouvrage : "il paraît équitable que l'Etat supporte en totalité les dépenses nécessaires pour remédier au mal." On oublie trop souvent que la bourgeoisie du XIXe, dont Scipion Gras avait tous les signes distinctifs (voir sa photo dans le message précédent), était porteuse d'une politique préoccupée du bien commun. L'opprobre dont cette bourgeoisie louis-philipparde a fait l'objet par nos "intellectuels" du XXe siècle a fait le lit du désengagement de l'état dont la bourgeoisie actuelle se fait le porte-parole, alors que l'on pourrait penser qu'elle est l'héritière de cette bourgeoisie du XIXe siècle.
Tout a commencé par l'ouvrage fondateur d'Alexandre Surell : Etudes sur les torrents des Hautes-Alpes, paru en 1841.
Les deux ouvrages que nous avons décrits ce week-end font suite et complètent ces préoccupations. Scipion Gras, ingénieur en chef de mines du département de l'Isère, s'est penché sur le problème des inondations récurrentes de la plaine de Bourg d'Oisans par la Romanche. Il est amené à proposer une nouvelle solution pour permettre que les matières charriées par les torrents se déposent le plus en aval possible.
Le premier ouvrage est :
Exposé d'un nouveau système de défense contre les cours d'eau torrentiels des Alpes et application de ce système au torrent de la Romanche dans le département de l'Isère.
Paris, Carilian-Gœuri et Vr Dalmont, Libraires; Grenoble, Chles Vellot et Compie, Libraires 1850.
Ce nouveau procédé s'applique plus particulièrement aux inondations de la plaine de Bourg d'Oisans, que Scipion Gras attribue aux travaux d'endiguement de la Romanche lors de la construction de la route nationale en 1840. Deux illustrations : la belle carte de la plaine de Bourg d'Oisans, avec les barrages projetés, et une vue aérienne moderne.
Le deuxième ouvrage :
Etudes sur les Torrents des Alpes, Paris, Victor Dalmont, 1857, élargit le propos, mais reste constant sur les solutions proposées.
Deux réflexions à propos du premier ouvrage :
Le libraire ami qui me l'a vendu semblait s'étonner de ne trouver aucune référence sur les principaux sites de ventes de livres anciens. Il ne faut pas oublier que les plaquettes de ce type sont toujours extrêmement rares Cet exemplaire est le premier que je vois en 15 ans de chine dauphinoise et haut-alpine. Et elles sont nombreuses les plaquettes ou brochures que je n'ai vu qu'une fois ! Je crois que c'est là que se niche la vraie rareté. Cela est d'ailleurs aussi vrai pour l'autre ouvrage.
La deuxième réflexion est amenée par la conclusion de Scipion Gras à la fin de son ouvrage : "il paraît équitable que l'Etat supporte en totalité les dépenses nécessaires pour remédier au mal." On oublie trop souvent que la bourgeoisie du XIXe, dont Scipion Gras avait tous les signes distinctifs (voir sa photo dans le message précédent), était porteuse d'une politique préoccupée du bien commun. L'opprobre dont cette bourgeoisie louis-philipparde a fait l'objet par nos "intellectuels" du XXe siècle a fait le lit du désengagement de l'état dont la bourgeoisie actuelle se fait le porte-parole, alors que l'on pourrait penser qu'elle est l'héritière de cette bourgeoisie du XIXe siècle.
Je suis très heureux que ce livre soit entré dans ta collection Jean-Marc, à la bonne place, au bon endroit, en de bonnes mains. C'est ainsi que devrait terminé tout bon livre !
RépondreSupprimerQuant à ta mémorable phrase : On oublie trop souvent que la bourgeoisie du XIXe, dont Scipion Gras avait tous les signes distinctifs (voir sa photo dans le message précédent), était porteuse d'une politique préoccupée du bien commun. L'opprobre dont cette bourgeoisie louis-philipparde a fait l'objet par nos "intellectuels" du XXe siècle a fait le lit du désengagement de l'état dont la bourgeoisie actuelle se fait le porte-parole, alors que l'on pourrait penser qu'elle est l'héritière de cette bourgeoisie du XIXe siècle."
On ne peut malheureusement qu'être d'accord avec ce triste constat qui ne va pas pour nous rassurer sur l'Homme !!
Comme quoi politique, pensée, et bibliophilie, sont intimement liés.
Merci pour ce message.
B.