dimanche 17 mai 2009

"Bibliothèque du Dauphiné", de Guy Allard, revue par Pierre-Vincent Chalvet. Ex-libris dauphinois.

J'ai enrichi ma collection d'ex-libris dauphinois avec celui de Victor Colomb :


Victor Colomb (1847-1924), de Valence (Drôme), érudit et bibliophile, a beaucoup publié sur les patois de la Drôme, souvent sous le pseudonyme de Jules Saint-Rémy. J'avais eu l'occasion de l'évoquer dans un message où je rapportais l'improbable "rencontre" entre Victor Colomb et Isidore Ducasse, comte de Lautréamont. Il a été caricaturé en 1894 par son compatriote Louis Ageron (1865-1935) :
La légende qui accompagne cette caricature "Bon colon ... sème" est une référence directe à la devise de l'ex-libris.

J'ai
récemment enrichi ma bibliothèque avec un ouvrage de sa bibliothèque :
Guy Allard
Bibliothèque du Dauphiné, contenant l'histoire des habitants de cette province qui se sont distingués par leur génie, leurs talents & leurs connoissances. Nouvelle édition revue & augmentée.
Grenoble, Chez V.e Giroud & Fils, imprimeur-libraire, 1797, in-8°, [8]-340-[2] pp.


Il s'agit d'une nouvelle édition de cet ouvrage de Guy Allard publié en 1680 par Laurent Gilibert à Grenoble. C'est Pierre-Vincent Chalvet (1767-1807), professeur d'histoire à l'Ecole Centrale du département de l'Isère, qui s'est attelé à la tâche de compléter ce recueil de biographies consacrées aux hommes de lettres et aux savants du Dauphiné.


L'intérêt de cet ouvrage est purement historique. Les jugements des contemporains sont sans appel :
Pour Adolphe Rochas, la première édition contenait des notices insignifiantes, "dont un très grand nombre est dicté par la flatterie". Chalvet "n'a fait qu'ajouter des erreurs à celles déjà assez nombreuses de son vieux devancier".
Jules Ollivier se montre particulièrement sévère sur ce travail : « Chalvet, en augmentant l’œuvre de Guy-Allard, s’est borné à joindre aux bévues de son vieux devancier des bévues nouvelles, d’autant plus impardonnables qu’il lui était facile de puiser à toutes les sources de l’érudition » (p. XII). Il rapporte aussi la critique parue dans le
Magasin encyclopédique de Millin, « qui a rendu un compte sévère mais juste de cet ouvrage ».

Quant à Pierre-Vincent Chalvet, il est étrillé par Stendhal dans
La vie d'Henry Brulard : "jeune pauvre libertin, véritable auteur sans aucun talent" et rapporte quelques ragots sur lui : "chargé de recevoir l'argent des inscriptions qu'il mangea en partie avec trois sœurs fort catins de leur métier qui lui donnèrent une nouvelle v[érole] de laquelle il mourut bientôt après". Stendhal l'avait eu comme professeur à l'Ecole Centrale. Pour ceux qui s'intéressent à la vie grenobloise entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, La vie d'Henry Brulard de Stendhal est une bonne source. Son sentiment ambivalent envers sa ville natale, lié aux relations difficiles qu'il avait avec son père, le rend souvent sévère, voir injuste. C'est tout de même une source indispensable.

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