dimanche 23 août 2009

Considérations diverses

Un petit ouvrage qui a la saveur du terroir : Le coutumier de Gap, de Joseph Michel, greffier de la justice de paix du canton de Gap, publié en 1907, avec la préface bienveillante (et un peu intéressée) d'Edouard Tessier, bâtonnier de l'ordre des avocats du barreau de Gap qui fustige au passage l'influence néfaste des "agents louches, des "avocats de village", de ces conseillers marrons qui ne sont jamais les payeurs des erreurs ou des fautes qu'ils font commettre." (heureusement que nous avons changé d'époque).

En quelques entrées classées alphabétiquement, notre auteur parcourt les usages locaux, complétés par les lois, les règlements municipaux et la jurisprudence sur des sujet aussi variés que (pour donner quelques exemples) : abeilles, assolement, chèvres, clôtures, domestiques, essaims, glanage et grappillage, locations verbales, frais de noces, passages, prescription, salaires, vente, etc.
Afin que nul n'ignore le prix de l'ouvrage, il est frappé en chiffres dorés sur le premier plat : 3,50 francs, soit de l'ordre de 12/13 euros de notre époque si l'on en croit les tables de l'INSEE. Vous me direz, cet ouvrage n'était pas cher et à la portée de toutes les bourses. Que nenni ! A la rubrique "salaires", on apprend que 3,50 francs correspondent à une journée de travail d'un journalier agricole en été ou d'un moissonneur à la faucille (à la faux, il gagnait 5,50 francs) ou encore 1% du salaire annuel d'un domestique agricole. En considérant que ces travailleurs sont payés aujourd'hui au SMIC horaire, l'ouvrage devrait valoir une soixantaine d'euros. Preuve, s'il en ait, que le prix des livres a baissé, ou que le salaire des travailleurs pauvres a augmenté plus vite que le coût de la vie.



Sans transition, un bel ouvrage en 2 volumes qui donne le compte rendu du premier congrès de la Houille Blanche qui s'est tenu en septembre 1902 dans les Alpes (Chamonix – Annecy – Grenoble).


Le premier volume contient des notices assez techniques sur l'énergie hydraulique, alors que le second volume donne des comptes-rendus intéressants de visites d'usines hydro-électriques de la région, à une époque qui voyait passer ce mode d'énergie de l'expérimentation à la dimension industrielle.


Petite curiosité du deuxième volume, une eau-fort représentant Aristide Bergès, un des pères de l'énergie hydraulique en France, gravée d'après un dessin d'Alphonse Mucha, le célèbre artiste tchèque qui a donné ses lettres de noblesse à l'affiche Art déco.

On retrouve dans cette gravure le même portrait que dans le tableau d'Alphonse Mucha représentant Aristide Bergès avec la Houille Blanche, tableau qui l'on peut voir au Musée de la Houille blanche à Lancey (Isère).

Je connaissais évidemment Alphonse Mucha, qui a fait l'objet d'un bel article dans Arts et métiers du livre récemment, mais j'ignorais totalement qu'il avait noué une amitié avec Aristide Bergès (semble-t-il par l'intermédiaire de son fils Maurice Bergès) et encore moins que l'on pouvait trouver un des ces travaux dans les comptes-rendus d'un congrès de la Houille blanche !

Un exemple de l'art d'Alphonse Mucha lorsqu'il ne s'appliquait pas aux barbus (ce qui est le cas le plus courant) :


Un petit clin d'œil. Le bibliophile dauphinoise, lorsque il ne s'occupe pas de livres et de choses dauphinoises, montagnardes et alpines, s'occupe, entre autres, de la paie pour un grand groupe industriel français (il faut bien vivre et pouvoir s'acheter quelques livres !). Ce bulletin de paie de 1793 m'a ramené à ces dures réalités pendant mes vacances. Quand on voit la complexité d'un bulletin de paie actuel, remarquons la simplicité de celui-ci paie pour 4 jours de travail dans les Mines de l'Argentière (L'Argentière-La Bessée, dans les Hautes-Alpes). A mon retour de congés, je vais proposer une réforme radicale.


Pour finir, à l'image de la marmotte, je suis à l'affût de tous les livres sur le Dauphiné, les Alpes et la montagne. En revanche, quand j'en vois un, je n'émets pas (pas encore) de sifflements stridents (marmotte photographiée ce matin, dans la vallée des Fonts, au dessus de Cervières dans les Hautes-Alpes).


La Meije depuis le Grand-Galibier (3 228 m., photo prise le 17 août après une dure montée de 3 heures 45 et 1514 mètres de dénivelé).

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