lundi 12 juillet 2010

Peaks, Passes and Glaciers. 1862 : un incunable de l'âge d'or de l'alpinisme.

L'Alpine Club, le premier club alpin au monde, a été fondé en Angleterre en décembre 1857. En 1859, sous la présidence de John Ball, il édite un recueil d'articles : Peaks, passes, and glaciers : A series of excursions by members of the Alpine club, Longman, Green, Longman, and Roberts, 1859 (voir ici).


Devant le succès rencontré, l'Alpine Clubs, alors présidé par Edward Shirley Kennedy, édite un deuxième recueil en 1862, en 2 volumes : Peaks, Passes, and Glaciers; being Excursions by Members of the Alpine Club. Second series.



(Pour plus d'informations, cliquez-ici)

Cet ouvrage se présente comme un recueil de 32 articles, répartis en 15 chapitres. Quelques exemples de chapitres pour donner un aperçu des centres d'intérêt de ces gentlemen alpinistes anglais (23) qui partaient à la découverte de la montagne.
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A tour in Iceland in the summer 1861.
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The Ober-Engadin.
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The Chamounix District.
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The High-Level Glacier Route from Chamounix to Zermatt.
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The Peaks, Passes and Glaciers of the Monte Rosa Chain.
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The Pyrénées.
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The Glaciers of Norway.
etc. etc.

Ce sont deux chapitres qui ont particulièrement retenu mon attention. Le premier,
The Cottian Alps, est le récit par William Mathews de l'exploration puis de la première ascension le 30 août 1861, du Mont-Viso, en Italie, à la lisière du Dauphiné.
Monte Viso from the N., from Taylor and Nodier and original sketches


Mais c'est surtout le chapitre Excursions in Dauphiné qui est un extraordinaire recueil de 4 articles, précédés d'une introduction, qui décrivent les premières explorations des Alpes dauphinoises, ce qu'on appelle aujourd'hui le massif des Ecrins ou l'Oisans. Pourquoi extraordinaire ? Parce que l'on croit lire des récits d'explorations par d'intrépides aventuriers au fin fond de la jungle, à la rencontre de paysages et d'hommes inconnus. Et pourtant, on n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres de Grenoble. Preuve s'il en est que la montagne était encore un territoire à découvrir. Il faut lire les savantes dissertations sur la topographie du massif pour se rendre compte combien une simple description des principaux sommets était encore un travail difficile. Autre intérêt, la rencontre de ces Anglais bien élevés, déjà habitués au confort victorien, qui se confrontent aux auberges dauphinoises, dont la saleté devient légendaire. Ne parlons pas des échanges parfois difficiles avec les habitants du cru. Certains se font même qualifiés d'escrocs (les Rodier à La Bérarde), parce qu'en bons Dauphinois, ils se montrent assez près de leurs sous, voire légèrement intéressés. Malgré cela, les 4 auteurs se montrent émerveillés par la beauté et la sauvagerie des paysages. Même s'ils n'échappent pas au lieu commun de les comparer à la Suisse, on sent une vraie fascination pour ce pays âpre, secret et sauvage.

Ces 4 articles sont :
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The passage of the Col de la Tempe, from the valley of La Bérarde to the Val Louise; and of the Col de l'Echauda, from Val Louise to Le Monétier, par R. C. Nichols, F.S.A.
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The Val de St. Christophe and the Col de Sais, par le Rev. T. G. Bonney, M.A., F.G.S.
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A sketch of the passage of the Col de la Selle from La Grave to St. Christophe, par F. Elliot Blackstone, B.C.L, F.R.G.S.
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The ascent of Mont Pelvoux, par Edward Whymper.
Ce sont des récits d'excursions et d'ascensions tous situés entre 1855 et 1860.

Autre intérêt de ces 4 textes, ils sont accompagnés d'une riche iconographie : 14 gravures sur bois dont certaines sont parmi les premières représentations des sommets et des paysages de la région. N'oublions pas que nous sommes déjà en 1862 et que l'on a déjà dessiné et représenté des paysages des antipodes, du fin fond de l'Afrique.


Col de Sais, and glacier of Condamine. (Glacier de la Pilatte)

Pinnacles of Mont Pelvoux, from the Glacier Noir.


Glaciers of the valley of Aléfroide. (Le Glacier Noir et le Glacier Blanc)


La Bérarde

The mountains of St. ChristopheI (La Tête des Fétoules)


L'Aléfroide (Pic sans Nom)


Aiguille du Midi de la Grave. (La Meije)


Mont Pelvoux from above La Bessée

Mont Pelvoux from the vallon d'Alfred. (Ailefroide)


L'ouvrage a paru dans un cartonnage d'éditeur, mais cet exemplaire a ensuite été relié.



Il provient de la bibliothèque d'un professeur de Cambridge, le Reverend Alfred Valentine Valentine-Richards (1866-1933), membre de l'Alpine Club. Son bel ex-libris est un hommage à la montagne :


La devise :
Levavi Oculos Meos in Montes est extraite du Psaume 121 : "J'ai levé mes yeux vers les montagnes", qui se poursuit par : "d'où me viendra le secours ?". Belle devise pour un amoureux de la montagne !

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