dimanche 13 mars 2011

Relié ou broché ? Les deux...

Ce samedi j'ai résolu à ma façon ce débat récurrent : faut-il préférer les ouvrages brochés ou reliés ? J'ai choisi d'avoir les deux, pour un même ouvrage.

Il y a quelques années, j'ai acheté une petite curiosité régionale :
Episode de 1815 dans le Briançonnais, par Breistroff.
Grenoble, Imprimerie de Prudhomme, 1850

Sous le pseudonyme de Breistroff se cache le Briançonnais André Latour (1796-1852), président du tribunal civil de Grenoble.
Pour en savoir plus, cliquez-ici.

L'ouvrage est relié. Certes, ce n'est pas une reliure prestigieuse, mais plutôt une honnête basane aubergine (un peu passée) ornée de fleurons dorés, un peu à la manière romantique. Mais j'aime bien sa provenance très locale comme l'indique une note du contre-plat.


Ce samedi, chez un libraire parisien, je suis tombé sur un exemplaire broché du même ouvrage, avec ses belles couvertures jaunes. Je n'ai pas résisté, je l'ai acheté et il est venu rejoindre son frère relié. J'avoue beaucoup aimer ces exemplaires dans leurs jus, tels que parus. Les ans ont àpeine entamé la fraicheur de l'ouvrage.


J'en profite pour vous faire découvrir le faux titre et le titre, qui sont un festival de polices :|). Là aussi, j'aime ce goût très XIXe des agencements de polices de caractères.





Pour en venir à l'ouvrage, c'est une évocation très personnelle du blocus de Briançon en 1815 et, plus particulièrement, de quelques événements qui ont touché Saint-Chaffrey (une commune près de Briançon), lors de la présence des Piémontais dans la vallée.

L'ouvrage se présente comme le récit d'un vieillard de Saint-Chaffrey qui se remémore ces pages d'histoire briançonnaise, mêlant des souvenirs historiques – blocus et résistance de Briançon après la chute de l'Empire en 1815 et l'invasion du territoire par les Piémontais et les Austro-sardes – et des épisodes de la vie à Saint-Chaffrey au même moment – les incendies du village et le meurtre d'une femme par son époux, déguisé en mort accidentelle.

Le catalogue du libraire disait : "Sous une forme qui apparaît comme passablement romancée, et donc suspecte quant à l'authenticité de l'anecdote, il raconte un voyage fait à Briançon par la route du Lautaret, sur laquelle il rencontre un vieillard fort disert sur les Cent-Jours ...".

En fait l'authenticité n'était pas si suspecte, encore fallait-il avoir les clés de lecture. Une partie est donnée par Aristide Albert dans une longue notice consacrée à André Latour dans sa
Biographie Bibliographie du Briançonnais. Ensuite, il suffit de se référer à l'état civil de Saint-Chaffrey pour compléter les identifications. Je vous renvoie à la page que je lui consacre sur mon site pour avoir le résultat de mon patient travail d'identification des protagonistes de ce récit. Un jeu de pistes pour lequel j'ai beaucoup de goût, comme vous pouvez le deviner.

Les faits rapportés et les jugements de valeurs sur les habitants du pays, dont certains vivaient encore en 1850, appelaient une certaine prudence, surtout de la part d'un président de tribunal civil à Grenoble. On comprend qu'il ait pris un pseudonyme peu explicite.

Pour finir, il n'est pas nécessaire de préciser que cet ouvrage, si particulier, est évidemment rare. En 15 ans de chine dauphinoise et haute-alpine, je n'ai vu que deux exemplaires. Ils sont maintenant dans ma bibliothèque !

3 commentaires:

  1. Cette solution est idéale! Avoir le livre en plusieurs conditions et bon état.
    Bien à vous.
    Sandrine;

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  2. Je pense aussi que c'est la bonne solution... et lorsqu'il existe plusieurs tirages (papiers de luxe).... toujours tentant de posséder un exemplaire imprimé sur chaque papier (sourire)...
    Comme quoi la bibliophilie et la bibliomanie sont rattachés par un fil fin mais très solide...

    B.

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  3. Si je devais faire un choix, c'est sans hésitation que ce serait en faveur du volume non relié.

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