samedi 4 août 2012

Une plaquette pour une belle amitié alpine

En 1888, Katharine Richardson, une anglaise de 34 ans (elle est née à Edlington en Angleterre le 24 avril 1854) fait la première féminine de la Meije. Ce même jour, Mary Paillon (1848-1936), une autre alpiniste, une des pionnières de l'alpinisme au féminin, se trouve à la Grave. Quelques jours plus tard, elles se retrouvent à la Bérarde et de là naît une amitié entre elles qui ne se terminera que par la mort de Katharine Richardson à Oullins, près de Lyon, le 20 août 1927.

A partir de ce moment-là, les deux femmes parcourront les alpes, en enchainant les premières féminines. Elles sauront aussi se faire simples excursionnistes. C'est ainsi qu'en août 1897, elles rejoignent 3 centres d'excursions alpins qui permettent de découvrir le massif des Ecrins par des abords un peu différents. Ce sont le Désert en Valjouffrey, le Clot en Valgaudemar (refuge Xavier Blanc) et Ailefroide, près de Vallouise. Mary Paillon se fait diariste et Katie Richardson se fait peintre et dessinatrice. De l'association des deux naît un texte d'abord paru dans la Revue alpine, dont un tirage à petit nombre a été fait spécialement pour la section de Gap du Club Alpin Français :
Autour de Trois Nouveaux Centres d'Excursions. Pages de la vie alpine.
Lyon, Imprimerie Vve Mougin-Rusand, 1898


C'est une petite plaquette tout simple, mais on peut en faire son bonheur pour la fraîcheur du récit de Mary Paillon qui sait rendre les péripéties minimes de cette excursion. En digne sœur de son frère (Maurice Paillon, rédacteur des guides Joanne), elle sait aussi apprécier les efforts faits pour aménager le massif afin d'en faciliter l'accès aux touristes.Quant aux dessins de Katie Richardson, ils donnent une touche de légèreté au récit comme ce petit croquis d'une chaussure remplie de paille pour la faire sécher. 


A ses heures, Katie Richardson savait aussi être peintre (aquarelliste semble-t-il), comme dans cette représentation de l'Olan (le style en est peut-être un peu plus lourd) :



Si l'on veut découvrir Mary Paillon et Katie Richardson, rien de mieux que de lire le beau texte que leur a consacré Micheline Morin dans un des premiers essais consacrés à l'alpinisme au féminin : Encordées, paru en 1936. Pour lire ce texte, cliquez-ici.


Témoignage de leur amitié, elles se rendent toutes les deux à la mairie d'Oullins le 21 octobre 1911 pour déclarer le décès de Jane Paillon, la mère de Marie et Maurice Paillon. Leurs signatures se trouvent côte-à-côte dans le registre



Un autre attrait de cette plaquette est qu'elle a été donnée par Mary Paillon au révérend Coolidge (1850-1926), un américain qui a été un des pionnniers de l'alpinisme de l'âge d'or. En particulier, il fut un des artisans de la découverte et de l'exploration du massif des Ecrins dans lequel il a enchaîné les premières. Au début, il était accompagné de sa tante Miss Brevoort et de sa chienne Tschingel !

Il a apporté quelques corrections manuscrites au texte de Mary Paillon.

Cette photo traditionnelle de Coolidge au temps de ses exploits :



peut être complétée par celle-ci, où on le voit âgé. On devine son côté "ronchon" qui le fera se chamailler avec beaucoup de ses contemporains sur des points d'érudition alpine (il se voulait le spécialiste incontestable de l'histoire alpine...).



Pour finir ce message, je ne peux m'empêcher de mettre en rapport ce dessin de Katie Richardson représentant la refuge Xavier Blanc dans le Valgaudemar :


 avec cette photo prise l'année dernière lors d'un séjour dans cette vallée.



Pour finir, une belle vue de l'Olan et du lac des Pétarels dans le Valgaudemar, souvenir des vacances de l'année dernière, toujours dans le Valgaudemar.


1 commentaire:

  1. Billet intéressant. Katie est effectivement acquarelliste; on conserve encore un certain nombre de ses ouvrages dans une collection particulière.

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