dimanche 8 juin 2014

Un libré en patois d'Aguillés : deux rares plaquettes en patois du Queyras

Au moment même où les langues régionales reculaient devant le double assauts des brassages de populations de l’ère industrielle et le développement de l'enseignement laïc et républicain, il se trouvait dans nos régions des érudits ou de simples amateurs qui essayaient de sauver ce qui restait de ces langues ancestrales. Dans les Hautes-Alpes, comme souvent ailleurs, le clergé et les notables locaux étaient à l'avant-garde de cette "défense et illustration" du patois local.


Ainsi, Jean Guérin (1838-1917), un prêtre originaire d'Aiguilles, dans le Queyras (Hautes-Alpes), membre d'une famille notable de la région (au moment de sa naissance, son père Jean Guérin est maire de la commune), a peu à peu accumulé des écrits en patois d'Aiguilles. Commencé en 1856, il a constitué en 1907 une petite collection de textes : contes, sermon, traduction des fables de La Fontaine, proverbes, argot (en réalité des mots familiers du quotidien), etc. Il décide alors de rassembler ces textes dans une petite plaquette :
Un libré en patois d'Aguillés (1856-1907), sous le pseudonyme de Jon Bourboun de la Béléèro (Il semble que Bourboun est le surnom de sa famille Guérin, surnom qui devait permettre de la distinguer des nombreuses autres familles Guérin d'Aiguilles).


A qui s'adresser pour imprimer cette plaquette ? Évidemment, il ne pouvait que demander à un autre Queyrassin voire même à un compatriote d'Aiguilles. Il se trouve qu'André Eyméoud, né à Aiguilles en 1868, qui est liée par sa mère à une des très importantes familles de Queyrassins négociants en Amérique du Sud, est imprimeur à Paris, depuis 1900. C'est donc lui qui assure l'impression de la plaquette, comme en fait foi la page de titre (sur André Eyméoud : cliquez-ici)

Pour l’anecdote, l'imprimerie, installée au 2 passage du Caire (IIearrondissement de Paris) dans une maison ornée de motifs égyptiens, a été photographiée par Atget vers 1907.


Le détail de l'enseigne d'André Eyméoud apparaît distinctement :


Le tirage a été réduit (combien ? 100, peut-être 200 exemplaires). Quelques années plus tard, deux de ses petits-neveux, Albert Guérin (Avignon 24/3/1893 – Buenos Aires 19/3/1974) et Prosper Guérin (Aiguilles 19/9/1894 – Aiguilles 11/9/1961), deux frères qui ont fait une carrière commerciale à Buenos Aires décident de donne une nouvelle édition en "foto (sic) impression", par les établissements Plantié de Buenos-Aires. Ils ajoutent seulement une planche liminaire avec un portrait de l'abbé Guérin et orne la couverture d'une photo de leur "petite patrie" : Aiguilles.



Ces plaquettes sont certes modestes, mais elles témoignent  d'un parler. Elles mériteraient d'être connues. Pourtant, elles sont d'une très grande rareté. On n'en trouve aucun exemplaire ni à la BNF (ce qui arrive souvent pour ce type d'impressions), ni dans les bibliothèques publiques en France (CCFr). En particulier, elles sont absentes du fonds dauphinois de la Bibliothèque Municipale de Grenoble. Pour ma part, j'avais acquis l'édition de 1907 en 2004 et je viens d'acquérir celle de 1949 ce mois-ci. Je ne les ai jamais vues auparavant.

Pour voir la page que je leur  consacre : cliquez-ici.

Pour conclure, quelques proverbes en patois d'Aiguilles :


1 commentaire:

  1. Bonjour. Ce livre donne une petite liste de mots d'argot. Quelles indications sont-elles données quant à l'usage de ces mots d'argot? Ou les mots seuls sont-ils indiqués? Un joli trésor peut être caché là dedans... voyons si ce livre révèle quelque chose ;)

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