dimanche 14 juin 2009

Louis Fantin, un libraire briançonnais à Paris

La semaine dernière, je signalais que j'avais trouvé, en feuilletant le catalogue d'une libraire vendômoise :
Catalogue des livres en feuilles de Louis Fantin, Libraire à Paris.
Paris, Louis Fantin, 1802 (An X.), in-4°, 4 pp.

La notice du libraire précise : "I have not been able to find much information about Fantin, but he definitely worked in Paris between 1805 and 1829 as we find books published by him with these dates."

J'avais promis de vous en dire plus. J'ai travaillé ces derniers jours et le résultat est une nouvelle page : Louis Fantin, qui donne une synthèse de ce que j'ai trouvé.

En deux mots, il appartient à cette population de libraires briançonnais qui, au XVIIIe siècle, depuis la vallée de la Guisane, est partie vendre des livres à travers le monde : Italie, Espagne, Portugal, Brésil, etc. Louis Fantin, né à Château-Queyras en 1764, fils d'un chirurgien major et rejeton d'une lignée de notables d'Arvieux (notaires, médecins, consuls), s'est d'abord associé comme libraire avec Yves Gravier à Gênes. Il est venu s'installer à Paris vers 1800 sur le quai des Grands-Augustins. Il est alors rejoint par un compatriote, Simon Gravier, dont je détaille les tribulations dans cette Europe révolutionnaire : il a dû fuir Rome en 1796 à l'arrivée des troupes françaises, poursuivi qu'il était pour avoir publié un livre contre-révolutionnaire. en 1794. C'est Simon Gravier, avec un autre compatriote, Pierre-Joseph Rey, libraire de Lisbonne, qui se porte acquéreur de la librairie Fantin. Cependant, ce dernier ouvre de nouveau boutique rue de Seine en 1817 jusque vers 1829. Il est mort en 1832. Voici quelques illustrations de ses adresses.




Au catalogue de la BNF, on trouve une trentaine de titres édités par ses soins. Il s'était fait l'éditeur de certains de ses compatriotes : Louis-Etienne Faure et son Berger des Alpes
, en 1807 et, plus connu, l'ouvrage de l'ancien préfet des Hautes-Alpes, le baron Ladoucette : Histoire, antiquités, usages, dialectes des Hautes-Alpes.

Autre catalogue de Louis Fantin, en 1807, en annexe de l'ouvrage de L.-E. Faure :


Pour finir, un portrait sympathique de cette personnalité, par Aristide Albert :
"Le nom de Louis Fantin a été en honneur parmi les Hauts-Alpins du commencement de ce siècle pour ses manières courtoises, pour sa droiture comme éditeur, et aussi pour sa généreuses hospitalité et ses procédés de
cicerone obligeant envers ses compatriotes dauphinois tout à fait dépaysés à Paris, lors des voyages rares et peu en faveur à cette époque dans la bourgeoisie de province."

Une très belle lithographie de Victor Cassien, extraite de l'Album du Dauphiné, représentant Château-Queyras, la patrie de Louis Fantin:


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