vendredi 28 août 2009

"Flora delphinalis", de Dominique Villars, ou la persévérance en bibliophilie.

Un des plaisirs de la bibliophilie est la chasse de l'exemplaire. En lisant le catalogue de la 6e vente Berès, décembre 2007, j'avais repéré un exemplaire de la Flora Delphinalis, dans le lot 628, provenant de la bibliothèque d'Eugène Chaper.


Avec cette double provenance, l'ouvrage devenait très désirable. Mais, comment l'obtenir, alors qu'il était hors de question pour moi d'acquérir toute la manette ? C'était hors de prix et je me serais retrouvé avec des livres bien encombrants sur les bras (voir la description du lot, pour le moins hétéroclite !)


Après la vente, j'ai interrogé de nombreux libraires de ma connaissance, dont certains avaient acquis quelques lots à cette vente. Aucun n'a su me répondre sur l'acquéreur de ce lot en particulier. J'ai donc fait passer un avis de recherche sur le Blog du Bibliophile (cliquez-ici) en mai 2008, pour lequel j'ai reçu une réponse fort laconique en fin août 2008 : "bonjour a tous. Juste pour Jean-Marc et sa recherche de l'exemplaire Berès du Flora Delphinalis : exemplaire localisé !". Je n'ai pas réussi à en savoir plus. J'ai donc relancé mes recherches sur Internet, jusqu'à ce que je localise l'exemplaire chez un libraire normand, spécialisé dans la littérature des XIXe et XXe siècles. Après plusieurs relances et quelques rencontres sur des salons, il m'a rapatrié l'exemplaire dans sa boutique parisienne où je l'ai enfin récupéré le 27 août 2009, presque deux ans après la vente Berès. La bibliophilie est une école de patience et de persévérance.


Cet ouvrage est la première publication botanique sur la flore du Dauphiné, par Dominique Villars, à son insu, dans un ouvrage de Jean-Emmanuel Gilibert : Caroli Linnæi. Systema plantarum Europæ. Tomus I., paru à Genève en 1785. Il forme la troisième partie de cet ouvrage, constituant un tout en soi avec sa propre pagination : Flora Delphinalis.


C'est Aristide Albert, dans sa petite plaquette : Dominique Villar. Etude biographique., Grenoble, Prudhomme, 1872, qui signale pour la première fois l'existence de cette première publication, information qui lui a été communiquée par un autre célèbre botaniste dauphinois : J. B. Verlot (p.18). Il reproduit une lettre de Dominique Villars où celui-ci explique que cette publication s'est faite à son insu et contre son gré : l'ouvrage de Gilibert "contient un mauvais catalogue des plantes de Dauphiné que je fis en convalescence, en 1786 [sic, pour 1785], et que l'auteur imprima tel sans le revoir et le corriger, tandis que je n'avais entendu lui fournir qu'un indice des espèces indigènes dans ma patrie." (pp. 19-20). Il se montre d'ailleurs sévère avec cet ouvrage de Gilibert : "ouvrage assez bon, quoique peu soigné par son auteur, qui est savant, mais trop vif, pas assez patient pour écrire." (p. 19).

Cette flore ne précède que d'un an le début de la publication par Dominique Villars de son Histoire des plantes de Dauphiné, son ouvrage majeur sur le sujet, dans lequel il décrit 2744 espèces, soit un nombre sensiblement supérieur à celui de cette flore, qui donne une liste de 2144 espèces. L'ouvrage se présente comme une simple liste classée, donnant, pour chaque espèce, les environnements où on la trouve ainsi que les localisations d'observations. Voir ci-dessous un exemple, avec la Bérardie laineuse ( Berardia subacaulis Vill.), une des plantes que Dominique Villars fut le premier à décrire.

Description de la Bérardie laineuse, dans A la découverte des fleurs des Alpes, édité par le Parc National des Ecrins :




De plus, cet exemplaire est truffé de 3 documents qui éclairent sa provenance et son histoire :

- Une facture :

On voit que l'ouvrage a été acheté par l'intermédiaire d'un célèbre libraire et bibliographe parisien, Anatole Claudin (1833-1906), auteur, entre autres, d'une histoire de l'imprimerie. Il provient de la vente de la bibliothèque Randin, de Lyon, vendue en 1873, Anatole Claudin étant l'expert :
Bibliothèque de feu MM. Randin et Rostain (de Lyon). — Livres rares et curieux sur toutes les provinces de France, et principalement sur le Lyonnais, le Forez, le Dauphiné, la Bresse, la Bourgogne et les provinces voisines. Vente aux enchères publiques, à Lyon, le 27 novembre 1873 et 19 jours suivants, par A. Claudin, libraire-expert et paléographe. Arras, typographie A. Schoulher, 1873 ; in-8°, VIII-320 pp.

- Une note de la main d'Eugène Chaper :


Il ne fait que rappeler que cet ouvrage était encore inconnu des bibliographes. Il n'avait visiblement pas gardé le souvenir de ce qu'en disait Aristide Albert, dans sa plaquette publiée deux ans auparavant. Il devait la connaître car il fait allusion à la polémique sur l'orthographe de Villar avec ou sans "s", polémique alimentée en partie par A. Albert lui-même. Effectivement, cette publication de Gilibert est la seule où l'on trouve l'orthographe originale du nom du botaniste, avec que l'usage ne s'impose, avec l'Histoire des plantes de Dauphiné, de l'orthographier Villars.

- Une note de la main de Pierre Berès :

C'est comme une réponse à celle d'Eugène Chaper. Il fait référence à un article du Bulletin de la Société botanique de France, de 1874. La lettre à laquelle il fait allusion est probablement celle publiée par Aristide Albert.

La reliure mérite aussi quelques commentaires :

La description de l'exemplaire par l'expert de la vente Berès : "Reliure de l'époque à dos de toile glacée". me semble un peu surfaite. Pour ma part, comme le libraire normand, je n'y ai vu qu'un cartonnage où un papier permet d'imiter une demi-reliure chagrin.

dimanche 23 août 2009

Considérations diverses

Un petit ouvrage qui a la saveur du terroir : Le coutumier de Gap, de Joseph Michel, greffier de la justice de paix du canton de Gap, publié en 1907, avec la préface bienveillante (et un peu intéressée) d'Edouard Tessier, bâtonnier de l'ordre des avocats du barreau de Gap qui fustige au passage l'influence néfaste des "agents louches, des "avocats de village", de ces conseillers marrons qui ne sont jamais les payeurs des erreurs ou des fautes qu'ils font commettre." (heureusement que nous avons changé d'époque).

En quelques entrées classées alphabétiquement, notre auteur parcourt les usages locaux, complétés par les lois, les règlements municipaux et la jurisprudence sur des sujet aussi variés que (pour donner quelques exemples) : abeilles, assolement, chèvres, clôtures, domestiques, essaims, glanage et grappillage, locations verbales, frais de noces, passages, prescription, salaires, vente, etc.
Afin que nul n'ignore le prix de l'ouvrage, il est frappé en chiffres dorés sur le premier plat : 3,50 francs, soit de l'ordre de 12/13 euros de notre époque si l'on en croit les tables de l'INSEE. Vous me direz, cet ouvrage n'était pas cher et à la portée de toutes les bourses. Que nenni ! A la rubrique "salaires", on apprend que 3,50 francs correspondent à une journée de travail d'un journalier agricole en été ou d'un moissonneur à la faucille (à la faux, il gagnait 5,50 francs) ou encore 1% du salaire annuel d'un domestique agricole. En considérant que ces travailleurs sont payés aujourd'hui au SMIC horaire, l'ouvrage devrait valoir une soixantaine d'euros. Preuve, s'il en ait, que le prix des livres a baissé, ou que le salaire des travailleurs pauvres a augmenté plus vite que le coût de la vie.



Sans transition, un bel ouvrage en 2 volumes qui donne le compte rendu du premier congrès de la Houille Blanche qui s'est tenu en septembre 1902 dans les Alpes (Chamonix – Annecy – Grenoble).


Le premier volume contient des notices assez techniques sur l'énergie hydraulique, alors que le second volume donne des comptes-rendus intéressants de visites d'usines hydro-électriques de la région, à une époque qui voyait passer ce mode d'énergie de l'expérimentation à la dimension industrielle.


Petite curiosité du deuxième volume, une eau-fort représentant Aristide Bergès, un des pères de l'énergie hydraulique en France, gravée d'après un dessin d'Alphonse Mucha, le célèbre artiste tchèque qui a donné ses lettres de noblesse à l'affiche Art déco.

On retrouve dans cette gravure le même portrait que dans le tableau d'Alphonse Mucha représentant Aristide Bergès avec la Houille Blanche, tableau qui l'on peut voir au Musée de la Houille blanche à Lancey (Isère).

Je connaissais évidemment Alphonse Mucha, qui a fait l'objet d'un bel article dans Arts et métiers du livre récemment, mais j'ignorais totalement qu'il avait noué une amitié avec Aristide Bergès (semble-t-il par l'intermédiaire de son fils Maurice Bergès) et encore moins que l'on pouvait trouver un des ces travaux dans les comptes-rendus d'un congrès de la Houille blanche !

Un exemple de l'art d'Alphonse Mucha lorsqu'il ne s'appliquait pas aux barbus (ce qui est le cas le plus courant) :


Un petit clin d'œil. Le bibliophile dauphinoise, lorsque il ne s'occupe pas de livres et de choses dauphinoises, montagnardes et alpines, s'occupe, entre autres, de la paie pour un grand groupe industriel français (il faut bien vivre et pouvoir s'acheter quelques livres !). Ce bulletin de paie de 1793 m'a ramené à ces dures réalités pendant mes vacances. Quand on voit la complexité d'un bulletin de paie actuel, remarquons la simplicité de celui-ci paie pour 4 jours de travail dans les Mines de l'Argentière (L'Argentière-La Bessée, dans les Hautes-Alpes). A mon retour de congés, je vais proposer une réforme radicale.


Pour finir, à l'image de la marmotte, je suis à l'affût de tous les livres sur le Dauphiné, les Alpes et la montagne. En revanche, quand j'en vois un, je n'émets pas (pas encore) de sifflements stridents (marmotte photographiée ce matin, dans la vallée des Fonts, au dessus de Cervières dans les Hautes-Alpes).


La Meije depuis le Grand-Galibier (3 228 m., photo prise le 17 août après une dure montée de 3 heures 45 et 1514 mètres de dénivelé).

dimanche 16 août 2009

Le Tour du Mont-Viso, randonnée et promenade à travers quelques livres

Le bibliophile dauphinois a profité de ses vacances pour faire une randonnée familiale autour du Mont-Viso. En 4 jours, nos avons enchainé les étapes pédestres autour de cette montagne de 3841 m, qui termine à l'est les Alpes dauphinoises, même si elle est entièrement en territoire italien. Pour ceux qui ne connaissent pas, une vue prise depuis la vallée du Guil.

Belle montagne !

Pour le bibliophile dauphinois, une randonnée n'éloigne jamais des livres. Je dirai même qu'elle m'en rapproche. Ce n'est pas dans ce message que je vais faire la bibliographie du Mont-Viso. Elle est importante. La première référence qui me vient à l'esprit est l'exploration du massif par Edward Whymper dès 1860, qu'il raconte dans son ouvrage
Scrambles amongst the Alps, que je viens d'acquérir tant en version anglaise (5e édition de 1900), qu'en version originale de la traduction en 1873. Edouard Whymper raconte une nuit qu'il a passé au pied du Mont-Viso, protégé par sa couverture comme on le voit sur cette gravure :

Pour notre part, nous avons préféré profiter de l'accueil des refuges italiens. C'est moins romantique, mais plus confortable.

La page de titre de l'édition anglaise.


Autre référence, la Carte géométrique du Haut-Dauphiné de Bourcet (1758), qui se termine, comme il se doit, au Mont-Viso.


Les deux photos suivantes ont été prises au col de la Traversette, que Bourcet appelle le col du Viso.




Pour tous les passionnés du mystère de la traversée des Alpes par Hannibal, le col de la Traversette est une des hypothèses les plus crédibles du passage d'Hannibal avec ses éléphants.

Quelques références sur Hannibal à la Traversette :
Le premier opuscule, semble-t-il, où a été émis cette hypothèse :
Hannibal's passage of the Alpes by a Member of the University of Cambridge.
Un des plus fervents défenseurs de cette hypothèse est Gavin deBeer dans
Alps and elephants. Hannibl'march. London, G. Bles, 1955, traduit en français en 1962 : Route Annibal.
Référence plus récente, le général Augustin Guillaume :
Annibal franchit les Alpes. 218 av. J.-C. , La Tronche-Monfleury, Editions des Cahiers de l'Alpe, 1967. L'auteur discute les différentes hypothèses, qu'il réduit à deux : le col du Clapier (Maurienne) et le col de la Traversette (Queyras). Il ne conclut pas, même s'il apporte des éléments permettant d'accréditer l'hypothèse du col de la Traversette.
Le dernier en date est John Prevas dans un ouvrage publié en anglais :
Hannibal crosses the Alps. The Enigma Re-examined, en 1998.
Cette hypothèse doit plaire aux anglophones, car j'ai trouvé une autre référence : Cecil Torr,
Hannibal Crosses the Alps, Cambridge, University Press, 1925. Je ne connais pas cet ouvrage.

Pour ma part, je n'ai pas d'opinion fixée sur le passage d'Hannibal à travers les Alpes, mais j'ai trouvé que la montée et la descente étaient bien rudes, alors j'ai du mal à imaginer les éléphants d'Hannibal sur ce chemin !

La deuxième photo du col de la Traversette représente l'entrée italienne du tunnel creusé sous le col en 1480 par Louis, marquis de Saluces. Ce court tunnel de 80 mètres est réputé être la première percée alpine de l'histoire. On peut encore le parcourir, même si l'entrée côté France est difficile.

L'ouvrage de référence qui, le premier, a éclairci le mystère de la percée de ce tunnel est l'étude en français d'un auteur italien :
Le Pertuis du Viso. Etude historique d'après des documents inédits du XVe siècle, conservés aux archives nationales de Turin, par Louis Vaccarone, Turin, 1881. Malheureusement, je n'ai jamais vu cet ouvrage. A bon entendeur, si quelqu'un sait me le proposer !

Quelques autres références extraites des notices d'ouvrages que j'ai déjà décrits.

En 1829, dans Mesures barométriques, suivies De quelques Observations d'Histoire naturelle et de Physique, faites dans les Alpes françaises, et d'un Précis de la Météorologie d'Avignon, le médecin et naturaliste avignonnais Joseph Guérin publie le récit d'une nuit dans une bergerie, proche du Mont-Viso, qu'il considère comme la plus élevée d'Europe (1 296 Toises - 2 526 m.) : Bergerie du Mont-Viso. Ce texte sera repris, avec une citation de H.-B. de Saussure dans son autre ouvrage Panorama d'Avignon, de Vaucluse, du Mont-Ventoux et du Col-Longet suivi de quelques vues des Alpes françaises, paru la même année. Dans ce dernier ouvrage, il parle aussi du col de la Traversette, prétexte à une évocation historique (et lyrique) du monde romain


La couverture d'Au pays des Alpins, d'Henry Duhamel, publié en 1899 est illustrée d'une reproduction d'un tableau de l'abbé Laurent Guétal représentant le Mont-Viso vu depuis la vallée du Guil.


La couverture et le frontispice du bel ouvrage illustré d'Henri Ferrand : Le Pays briançonnais. De Briançon au Viso. La vallée de Névache et le Queyras (1909), sont illustrés par des photographies du Mont-Viso.



Ce n'est qu'un aperçu de quelques livres qui ont rendu hommage à cette montagne que nous annexons volontiers au Dauphiné. Je présente mes excuses à mes éventuels lecteurs italiens, mais je ne peux pas résister, suivant en cela mes illustres prédécesseurs, à considérer que nos Alpes dauphinoises se terminent à l'est au Mont-Viso.


Au passage, j'ai appris que James David Forbes, dont j'ai parlé dans un des messages précédents, avait fait le premier le tour du Mont-Viso en 1839 en 14 heures (nous, il nous a fallu 4 jours !). Il en aurait fait le récit, mais je n'ai pas identifié l'ouvrage.

Pour terminer le message deux photos pour illustrer la célèbre Nebbia (brouillard) qui remonte de la vallée du Pô et un bouquetin.




dimanche 9 août 2009

Edouard Whymper, Escalades dans les Alpes

La poursuite de ce séjour au Mont-Blanc a pris une dimension bibliophilique avec deux belles acquisitions. La première, au Salon du Livre de Montagne de Passy, est l'édition originale française de l'ouvrage fondateur d'Edouard Whymper :
Escalades dans les Alpes de 1860 à 1869, Paris, Hachette, 1873.
J'ai déjà eu l'occasion de décrire la pré-publication de quelques pages de cette traduction d'Adolphe Joanne dans Le Tour du Monde, en 1872 (pour voir, cliquez ici).


Edward Whymper (Londres 27 avril 1840 – Chamonix 16 septembre 1911) est aujourd'hui surtout connu pour sa victoire tragique au Cervin le 14 juillet 1865, qui se solda par la mort de plusieurs de ses compagnons de cordée, dont le guide chamoniard Michel Croz. Il fut aussi un des découvreurs du Haut-Dauphiné, autrement dit du massif des Ecrins, qu'il parcourut dès 1861. En août 1861, il fit la troisième ascension du Pelvoux (3 926 m.). Son plus bel exploit dans le massif fut la première ascension du point culminant, la Barre des Ecrins ( 4 102 m.), le 25 juin 1864, avec son fidèle guide Michel Croz et Christian Allmer. Suite à l'accident du Cervin, il se détourna en partie des Alpes et poursuivit ses explorations dans les Andes et au Groenland. Il est l'auteur d'un classique de la littérature alpine : Scrambles Amongst the Alps, paru à Londres en 1871. L'ouvrage a été traduit par le célèbre auteur des guides qui portent son nom, Adolphe Joanne, et a paru à la Librairie Hachette en 1873. C'est cette édition originale en français que je viens d'acquérir.


Avec les ouvrage de T.-G. Bonney, Borckedon et J.- D. Forbes, ce sont les premières pages consacrées au Haut-Dauphiné. Ce sont des pages émouvantes qui montrent l'apparition, voire la naissance, de l'alpinisme tel qu'on le connait, cela malgré une connaissance encore très approximative de nos massifs. A lire ce récit, on sent encore l'esprit explorateur dans la découverte du massif, alors que l'on était déjà dans les années 1860. Autant le massif du Mont-Blanc avait déjà connu de nombreuses explorations, ascensions et que l'on n'en était plus à la phase de la découverte, mais plutôt à la mise en place d'un tourisme institutionnalisé, presque de masse, autant le Haut-Dauphiné restait presque totalement à décrire. Ce sont des pionniers comme Edouard Whymper, par leur talent d'écrivain et de narrateur, associé à un bon coup de crayon, magnifié par la gravure, qui ont fait découvrir le massif des Ecrins. Ecoutons E. Whymper lorsque il affirme que le Haut-Dauphiné est "un district très pittoresque, offrant le plus haut intérêt, et demeuré jusqu'à ce jour presque complètement inexploré" (préface de Escalades dans les Alpes). Sur un blog consacré à la bibliophilie et à la montagne, on se doit de rendre hommage à Edouard Whymper.

L'autre ouvrage d'Edward Whymper est la 5e édition en langue anglaise :
Scrambles amongst the Alps in the years 1860-69, London, John Murray, 1900,
édition complétée, dans une belle reliure d'éditeur anglaise en percaline bleue.


Un séjour à Chamonix ne pouvait pas se terminer sans un pèlerinage à la tombe de Whymper, au cimetière de la ville.




mardi 4 août 2009

James David Forbes

Le bibliophile dauphinois a décidé de quitter son Haut-Dauphiné, autrement dit l'Oisans et le massif des Ecrins (plus ou moins), pour s'aventurer en terre savoyarde, dans le sein du sein : Chamonix. Aujourd'hui, visite rituelle à la Mer de Glace. Pour commencer un belle vue sur la Mer de Glace, avec les Grandes Jorasses dans le fond.


Une vue plus attentive du glacier nous fait découvrir les fameuses bandes de Forbes que l'on trouve sur certains glaciers, en particulier ceux qui prennent la forme de la Mer de Glace (pour plus d'explication, voir Bandes de Forbes).


Ces bandes ont été baptisées du nom de James D. Forbes (1809-1868), un des premiers explorateurs des Alpes, qui a constaté ce phénomène et qu'il l'a expliqué dans cet ouvrage, publié en 1843, que j'ai la chance de posséder :
Travels through the Alps of Savoy and other parts of the Pennine Chain with obervations on the phenomena of Glaciers.



Il me reste à le décrire, mais d'avoir vu sur le terrain le champ d'exploration de James Forbes me motive pour le faire à mon retour de congés. Au passage, la vue en question a été prise depuis le signal de Forbes, dont j'imagine qu'il a été nommé ainsi car il a servi de point d'observation de Forbes sur la Mer de Glace.


Mais tout cela ne nous éloigne pas tant que cela de l'Oisans. En 1839 et 1841, il a été l'un des premiers à parcourir la vallée de la Bérarde. Il a publié le récit de ses explorations dans un ouvrage dont le titre ne laisse pas présager de ce que l'on peut y découvrir:
Norway and its glaciers visited in 1851; Followed by Journals of Excursions in the High Alps of Dauphiné, Berne and Savoy.
Publié à Londres en 1853.


C'est un ouvrage particulièrement rare, que j'ai la chance de posséder, probablement dans sa reliure d'éditeur (anglais) d'époque.


L'auteur raconte un périple qui le mène d'Allevard à Bourg d'Oisans par les Sept-Laux, puis dans la vallée du Vénéon jusqu'à la Bérarde. Il rejoint ensuite la Chapelle en Valgaudemar par le col de Sais (col du Says – 3139 m.), qu'il est probablement le premier à franchir. Il poursuit son exploration par le franchissement du col de Celar (col du Sellar – 3088 m.) qui lui permet de rejoindre la Vallouise. Il part ensuite par la vallée de la Guisane vers le col du Lautaret, puis La Grave d'où il passe en Maurienne par le col des Infernets (col de l'Infernet – 2654 m.). Pour la connaissance de la topographie du pays, il s'appuie sur la Carte du Haut-Dauphiné de Bourcet, publié en 1758 : "a most admirable and faithful map of Dauphiné" et "extremly clear, and its fidelity makes it invaluable to the traveller" (p. 258). Cela lui fait commettre quelques erreurs ou confusions. Par exemple, il ne fait pas le lien entre le montagne d'Oursine (Les Ecrins – 4 102 m), qu'il voit depuis les Etages et qui fait l'objet de la lithographie qui illustre ces deux chapitres (voir pp. 269-270), et la pointe des Arcines ou des Ecrins, dont il connaît l'existence par les ingénieurs français, mais qu'il n'a pas vue lors de son passage à Vallouise. Il sait néanmoins qu'il existe une montagne plus haute que le Pelvoux, dont l'altitude est de 13 468 pieds (4 105 m.). Il est au courant de l'ascension du Pelvoux, mais il ne cite pas la capitaine Durand : "it appears that the French engineers succeeded in attaining a summit but little inferior to the very highest point" (p. 286). De même, il reprend le nom que Bourcet avait attribué à La Meije : l'Aiguille du Midi de la Grave (p. 277) ou Pic du Midi de la Grave (p. 288). Ces chapitres sont l'occasion d'une évocation favorable des habitants du pays (sauf pour ce qui concerne la propreté). A ses yeux, ils supportent très bien la comparaison avec les Suisses.

Ces 2 chapitres sont illustrés d'une lithographie en couleurs et de deux gravures sur bois qui représentent respectivement La Bérarde et le Pelvoux depuis la Vallouise.



La lithographie en couleurs qui représente : "Valley of La Berarde - Dauphiné" est la première représentation du sommet des Ecrins :
Par comparaison, une vue actuelle.


Pour finir, un rapace (un aigle ?) photographié dans le ciel du Massif du Mont-Blanc, ce jour.

samedi 1 août 2009

Salon du Livre de Montagne de Passy (74)


Fidèle au rendez-vous, je serai la semaine prochaine au Salon du Livre de Montagne de Passy. J'ai eu la chance de recevoir une invitation pour l'inauguration. J'y serai donc dès le jeudi après-midi 6 août.


Renseignements sur le site de l'Office de Tourisme de Passy : 19ème Salon du Livre de Montagne