mardi 20 octobre 2009

Rares plaquettes sur la montagne

Paul Helbronner (1871-1938), polytechnicien, consacra sa vie à faire la triangulation des Alpes françaises. Pour cela, il parcourut le massif en tout sens, gravissant tous les sommets qui lui permettaient de procéder à ses mesures géodésiques. En juillet 1906, il gravit la Meije, accompagné d'une caravane de 5 guides et porteurs, chargé d'appareils photographiques, de théodolites et autres instruments de mesure. Le résultat de ses mesures furent publiées en 1935 dans le tome X dans son œuvre monumental : Description géométrique des Alpes françaises : Tome X : Champsaur, Dévoluy, Ecrins, Pelvoux., 1935, 838 pp., 5 cartes et 51 panoramas dépliants.

La plaquette que je présente aujourd'hui est probablement une pré-publication descriptive du contenu de l'ouvrage définitif de ce tome X, comme une sorte de prospectus : Au travail sur le Grand Pic de la Meije, Paris, Gauthier-Villars, 1935. C'est le récit d'une ascension de la Meije pour photographier le panorama et faire des mesures dans le cadre de sa campagne de relevés géométriques de l'ensemble des Alpes française. Le sommet a été atteint le 6 juillet 1906.


Dans cette expédition, il est accompagné de Devouassoud Gaspard, Auguste Mathonnet, Prosper Faure, Joseph Baroz et Joseph Rey. Ils montent au sommet de la Meije un pied géodésique, une jumelle longue-vue, un théodolite, deux appareils photographiques et quelques "instruments secondaires"... Deux fois au cours de ce bref récit, on sent poindre un doute sur la mission qu'il s'est donné. Lors de sa nuit au refuge du Promontoire, il est obligé de se rappeler "la seule pensée du but à atteindre, de la pierre nouvelle à apporter à l'édifice que mes rêves construisent pour la science et la patrie". Ensuite, dans les difficultés de l'ascension, le doute l'assaille : "Comme cela doit être agréable de faire cette ascension en simple alpiniste sans impendimenta ! ... Mais que viens-je de penser ? C'est une impiété... Quoi ! j'ai pu songer un instant à arriver là-haut sans but, sans le cher, le grand, le vivifiant travail?... Mais ce travail, c'est ma raison d'être...".

Ce texte est illustré d'un des 51 panoramas dépliants (plus de 2 m. de long) qui représente la vue depuis le sommet de la Meije.


Vous pouvez accéder à une version haute-définition en cliquant ici (2,6 Mo)

L'ex-libris de Paul Helbronner illustre explicitement son œuvre :
- la toile d'araignée fait référence à la triangulation qui forme comme une toile sur les Alpes
- le compas et le pinceau sont les outils de Paul Helbronner. Rappelons qu'il est l'auteur de panoramas peints depuis le Mont-Blanc et le Pelvoux.
- le devise : "perseverentia" est une allusion directe à la qualité première nécessaire pour mener à bien ce travail titanesque
- les profils de montagne représentent les principaux sommets des Alpes. On reconnaît : le Mont-Blanc, la Meije, le Pelvoux (avec un doute) et la Barre des Ecrins. Deux sommets ne sont pas identifiés.


Les ouvrages de cette bibliothèque sont courants sur le marché. Encore récemment, le 2 décembre 2005, une soixantaine d'ouvrages de cette provenance ont été vendus à Drouot. En règle générale, les livres de cette bibliothèque ont été mal conservés car ils présentent souvent des traces d'usure.

L'autre plaquette que je présente est d'une insigne rareté. On reconnaîtra une expression courante dans les catalogues de vente. En effet, on ne l'a rencontre dans aucune des bibliothèques publiques de France. Je n'ai aussi relevé aucune référence dans les différents ouvrages sur les Hautes-Alpes que je possède.

Cette petite plaquette de Gustave Tardieu, Prélude à l'ascension du Viso, Forcalquier, Imprimerie brevetée E. Martin, 1890, in-8°, [2]-16 pp est le récit d'une marche d'approche jusqu'au pied du Viso en juillet 1882. La traversée du col Valante, sous la pluie et la neige, est particulièrement épique.


Ce récit m'a particulièrement plu car il m'a rappelé un bon souvenir de vacances, le tour du Mont-Viso que j'ai fait cette été (voir ce message Le Tour du Mont-Viso). J'aurai envie de qualifier ce petit ouvrage de blog du XIXe siècle. En effet, ce n'est que le récit d'une randonnée en montagne, très anecdotique, que l'auteur a souhaité immortaliser en le faisant imprimer, mais qui aujourd'hui ferait tout au plus l'objet d'un message sur un blog. C'est une démarche courante à l'époque. Cette plaquette d'une "insigne" rareté, que j'ai acheté ce week-end chez un libraire d'Auxerre qui porte le nom d'un acteur fameux, ne m'a même pas coûté le prix d'une bouteille d'eau dans un TGV ! Preuve, s'il en est, que la rareté n'est pas obligatoirement synonyme de prix élevé. Il faut être honnête, elle ne vaut guère plus. Et pourtant, ce petit témoignage a son prix pour moi.

Juste pour finir, Gustave Tardieu (1851-1932), pharmacien, géologue, botaniste de Sisteron a publié en 1912 un "Guide des Alpes de Provence". Il descendait d'une famille de marchands-droguistes de la montagne de Lure.

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