samedi 12 juillet 2014

Un nouvel ouvrage sorti des presses de Louis Perrin, à Lyon

J'ai déjà eu l'occasion de parler de Louis Perrin (1799-1865) un célèbre imprimeur de Lyon, réputé pour la qualité de sa typographie et par l'invention des caractères augustaux. Il a fait l'objet de plusieurs ouvrages, d'expositions, d'un catalogue thématique par la libraire Anne Lamort (voir ce message : cliquez-ici).


Un érudit, Jean-Louis Mestrallet, était devenu le spécialiste de Louis Perrin. Il a consacré son temps à établir une bibliographie exhaustive des ouvrages imprimés par Louis Perrin et, en corollaire, il s'est constitué une belle bibliothèque d'ouvrages ... de Louis Perrin. Décédé le 13 janvier 2013 à l'âge de 78 ans, sa bibliothèque a récemment été vendue aux enchères à Villefranche-sur-Saône, le 19 juin 2014, par la maison de vente Guillaumot-Richard. Le dernier lot de la vente était un "Essai de catalogue des impressions de Louis Perrin (1821-1865)", composé de  2 forts classeurs avec chaque feuille sous plastique transparent, représentant la version imprimée de son monumental travail de bibliographie, malheureusement resté inédit. J'ai eu la chance d'être en relation avec lui. Il me l'avait gracieusement communiqué.

Couverture du catalogue de la vente


Lors de cette vente, j'ai voulu me porter acquéreur d'un ouvrage, en hommage et en souvenir de cet érudit dont le travail et la démarche bibliophilique sont une source d'inspiration pour mon propre travail de bibliographie sur le Dauphiné et les Hautes-Alpes. Il s'était attaché à se constituer une bibliothèque composée de beaux exemplaires. Il n'était donc pas difficile de trouver un lot pouvant satisfaire ma double exigence bibliophilique et thématique. Mon choix s'est porté sur : 
De Lyon à Seyssel. Guide historique et pittoresque du voyageur en chemin de fer. Promenade dans l'Ain par un Dauphinois.


Certes, l'Ain n'est pas le Dauphiné, mais il en est proche. Et, comme l'indique le titre, l'auteur anonyme est dauphinois. Il s'agit du comte Emannuel de Quinsonas (1818-1901), membre d'une illustre famille noble du Dauphiné, les Pourroy de L'Auberivière, de la branche des Quinsonas. L'ouvrage contient d'ailleurs son blason (planche p. 778), indice semé au détour d'une page pour identifier l'auteur.


L'ouvrage a paru en 1858, sorti des presses de Louis Perrin, dont on reconnaît immédiatement la qualité de la typographie, en particulier dans les nombreux bandeaux et culs-de-lampe qui illustrent l'ouvrage. Celui-ci (p. 365) est un des plus beaux exemples.


Gravure signée LP (Louis Perrin), il reprend les lettres P et M, de Philibert de Savoie et Marguerite d'Autriche, à la fin du chapitre consacré au monastère de Brou. Rappelons que ce monastère a été créé par Marguerite d'Autriche pour abriter le tombeau de son mari Philibert de Savoie, trop tôt disparu.

Comme on peut le remarquer, sur la page de titre, il est précisé : "Se vend au profit des Pauvres de Seyssel".

C'est un exemplaire bien relié, en maroquin rouge. C'est un des exemplaires réservés à l'auteur, comme exemplaire de présent. Il l'a offert à Paul Allut, un érudit lyonnais (1794-1880), auteur entre autres d'une étude sur Nicolas Chorier, parue chez Louis Perrin, ainsi que d'ouvrages d'érudition sur le père Claude François Menestrier et Symphorien Champier (pour en savoir plus, cliquez-ici).


L'exemplaire a ensuite appartenu à Joseph Nouvellet (1841-1904), un bibliophile lyonnais, installé à Saint-André-de-Corcy dans l'Ain.


Il avait réuni une bibliothèque importante, vendue plusieurs années avant sa mort, par Louis Brun libraire-expert à Lyon. Cette collection se composait principalement d'ouvrages relatifs à l'histoire de Lyon, du Lyonnais, de la Bresse, du Bugey et de la Dombes : Catalogue de l'importante et magnifique bibliothèque de M. X. ... de Lyon ... vente aux enchères publiques à l'Hôtel des ventes à Lyon, le lundi 14 décembre et 8 jours suivants, Lyon, 1891.

Apropos de Louis Perrin, je lui ai consacré une notice sur mon site (cliquez-ici), car je possède 6 ouvrages dauphinois qui sortent de ses presses.

Ci-dessous la notice sur cet ouvrage dans la bibliographie de Jean-Louis Mestrallet, à titre d'exemple sur sa méthode et son travail :

3 commentaires:

  1. Magnifique article ! Si mes modestes polars étaient publiés avec autant de soin et de délicatesse en vendrais-je plus ? Mon éditeur n'y survivrait pas hélas...

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  2. Merci.
    Autres temps, autres mœurs !
    Je crois que l'on ne retrouvera plus cette époque où des éditeurs, libraires, imprimeurs publiaient de "modestes" (pour reprendre votre mot) ouvrages dans une belle typographie, sur un beau papier.

    Jean-Marc

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  3. Bonjour,
    Je viens de consulter votre article.
    La qualité des livres est indéniablement excellente. Mais ce qui m'étonne le plus ce sont les illustrations.

    Plus d'un siècle et demi après leur publication, le rendu des illustrations, même celle en couleur est parfait. Je suis frappé par leur netteté, la conservation des nuances. Est-ce le résultat de l'encre utilisée ? Du papier même , sans acide ou autre produit "moderne" ?

    En tous les cas, des illustrations qui défient le temps.

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