Il y a 3 ans, je publiais un long message sur Paul Colomb de Batines, un Gapençais (1811-1855) qui a publié quelques ouvrages de bibliographie dauphinoise entre 1835 et 1840. Je vous renvoie au message que je lui ai consacré : cliquez-ici.
Sa première publication avait été en
1835 une Bibliographie des patois du Dauphiné, dont il avait
financé l'impression avec l'argent que lui avaient donné ses
parents pour ses études de droit à Aix-en-Provence. Il avait 23 ans. Même si la
plaquette est modeste, c'était une belle contribution sur ce sujet
qui avait été un peu rapidement traité par Champollion-Figeac en
1809. Sa dernière publication dauphinoise est un Catalogue des
Dauphinois dignes de mémoire, imprimé à Gap et publié à
Grenoble en 1840. Seule la première partie, contenant les lettres A à J, a
paru. C'est ce dernier ouvrage qui m'a inspiré le titre de ce
message : « éloge de l'inachèvement ».
En effet, dans la courte bibliographie
de Paul Colomb de Batines, il y a plus de livres inachevés et de
projets avortés, que d'ouvrages complets. La Revue du Dauphiné,
à laquelle il a collaboré, a dû s’arrêter en 1839 après 2 ans
de parution. Les Mélanges biographiques et bibliographiques
relatifs à l'histoire littéraire du Dauphiné,
en collaboration avec Jules Ollivier, n'a connu qu'un seul tome. Son
Annuaire bibliographique du Dauphiné pour 1837,
ne va pas au-delà de la 1re
année. Pour finir, le Catalogue des Dauphinois dignes de
mémoire n'a jamais dépassé la
lettre J. Dans la liste des ouvrages « sous presse »
annoncés dans ce Catalogue,
Paul Colomb de Batines annonce deux ouvrages dont, visiblement, la
première feuille d'impression n'est jamais sortie d'aucune presse :
– Bibliographie spéciale des
ouvrages sortis des presses de la Correrie, imprimerie particulière
de la Grande Chartreuse.
– Bibliothèque des principaux
ouvrages écrits en langue vulgaire du Dauphiné, avec une
introduction et des notices biographiques et bibliographiques.
Je suis peut-être trop cruel dans ce message, car ce
qu'il nous a laissé est souvent de qualité et il a le mérite, avec
Jules Ollivier, d'avoir ouvert des chantiers prometteurs pour
l'avenir. Il sera réservé à d'autres de mener à bien les ouvrages
de synthèse sur le patois du Dauphiné ou de publier une biographie complète du Dauphiné.
D'ailleurs Adolphe Rochas, l'auteur de cette Biographie du
Dauphiné de référence, ne se
fait pas faute de brocarder cette tendance à l'inachèvement de
Colomb de Batines : « Mais ce projet [de Bibliothèque
des principaux ouvrages écrits en langue vulgaire du Dauphiné],
comme une foule d'autres de Colomb de Batines, n'a pas eu de suite. »
Le faux titre de son Catalogue montre toute l'ambition qui était la sienne : rien moins que contribuer à une nouvelle biographie générale du Dauphiné. |
A la
décharge de Paul Colomb de Batines, ses projets communs avec Julles
Ollivier étaient probablement trop ambitieux pour les moyens et le
temps dont ils disposaient, sans compter qu'ils ne bénéficiaient
d'aucun support et que d'une audience limitée. En plus, Paul Colomb
de Batines, qui était jeune et adepte des plaisirs de la vie, avait
alors besoin d'un mentor, rôle que remplissait bien Jules Ollivier.
Malheureusement, celui-ci est décédé brutalement en 1841 et, la
même année, obligé de se trouver un moyen de subvenir à ses besoins, Paul
Colomb de Batines se résolut à acheter le fonds de librairie de
Joseph Crozet à Paris. A partir de ce moment-là, il ne s'occupa
plus de choses dauphinoises. Obligé ensuite de se « réfugier »
à Florence, il y trouvera enfin les conditions qui lui permirent de
donner toute la mesure de son talent, en publiant une bibliographie
de référence de l'œuvre de Dante.
Pour aller plus loin, les pages que je consacre à :
Catalogue des Dauphinois dignes de mémoire. Première partie. A–J.
Paul Colomb de Batines
Colomb
de Batines et ses amis au café, vers 1835 Tableau anonyme, Musée de l'Ancien évêché, Grenoble |
Catalogue des Dauphinois dignes de mémoire. Première partie. A–J.
Paul Colomb de Batines
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