dimanche 29 janvier 2012

Le Dauphiné en plans-reliefs

Pour les Parisiens et tous ceux qui ont l'occasion de passer à Paris avant le 17 février, je recommande fortement d'aller voir cette exposition au Grand-Palais :



Pour plus d'informations : cliquez-ici.

C'est une exposition absolument remarquable. Évidemment, les plans-reliefs sont déjà des pièces remarquables en elles-mêmes. A cela, s'ajoute la qualité de la scénographie et des commentaires et illustrations qui accompagnent les plans. Il y a en particulier une reproduction des minutes en couleurs de la carte de Bourcet du Haut-Dauphiné, qui, pour elle-même, mérite le détour.

Le Dauphiné et ses confins sont évidemment bien représentés par les maquettes de ces villes ou forts : Montmélian (Savoie), Embrun (Hautes-Alpes), Briançon (Hautes-Alpes), Montdauphin (Hautes-Alpes), Grenoble (Isère), Fort Barraux (Isère), Exilles (Italie), Fenestrelles (Italie). Ils sont présentés dans une section consacrée aux Alpes.

Le plan de Briançon est particulièrement spectaculaire par la représentation du relief entourant la ville :



Mont-Dauphin :


 Grenoble :
 
 
 
 
 
 
 Embrun :

 
 

(toutes les photos ont été trouvées sur Internet)

A côté de cela, les autres plans-reliefs présentés sont : Besançon (Doubs), Neuf-Brisach (Haut-Rhin), Strasbourg (Bas-Rhin), Luxembourg, Berg-op-Zoom (Pays-Bas), Saint-Omer (Pas-de-Calais), Cherbourg (Manche), Brest (Finistère).

Le plan de Brest est si imposant qu'une coursive a été mise en place pour pouvoir le voir par au-dessus.

Celui de Besançon est particulièrement beau par la qualité de la représentation de tous les bâtiments de la ville. Une simple comparaison entre les plans de Grenoble et Besançon fait immédiatement toucher du doigt la différence de monumentalité entre les deux villes. Là où Grenoble ne montre aucun bâtiments imposant et à peine quelques églises, Besançon fait clairement apparaître une richesse monumentale, en particulier religieuse.


Glane dauphinoise

La semaine dernière, j'évoquais les migrations montagnardes et les dynasties bourgeoises sorties de nos montagnes, à propos de la famille d'Octave Uzanne. Deux lots d'une vente aux enchères de cette semaine à Lyon (De Baecque, 26 janvier) viennent illustrer très à propos ce sujet. Je vous laisse découvrir la notice sur cette famille Raby qui, du Briançonnais, s'est implantée et illustrée à Brest (c'est le hasard, mais ces deux villes sont au cœur et aux deux extrémités de l'exposition) :

ARCHIVES RABY Famille d'administrateurs et négociants brestois, originaire du Briançonnais.
Barthélemy Raby s'installe à Brest en 1690 et devient commissaire garde-côte des milices du département. Son fils François Raby devient contrôleur des fermes royales; son second fils Antoine RABY (Le Bez, Alpes de Hautes-Provence 1680/1758) s'installe comme marchand drapier à Brest, devient premier échevin puis maire de la ville de Brest de 1744 à 1747. A sa mort, il laisse ses biens à ses trois neveux: Thomas (resté au Bez, en Briançonnais), Simon (marchand de draps de soie à Brest, et échevin de la ville) et Antoine RABY (mort en 1789), second du nom (qui lui succède dans le commerce de la draperie, devient directeur de l'hôpital de Brest, maire de la ville (1766-1768), puis député aux Etats de Bretagne; sous son administration, la ville fut embellie et de grands travaux entrepris sur le port). Thomas eut deux fils: l'un également prénommé Thomas Raby devint drapier à Brest (en 1787), l'autre François RABY (Le Bez 1736/1812) rejoignit son oncle Antoine à Brest, ouvrit une boutique de drapier, devint officier puis colonel de la milice bourgeoise, administrateur de l'hôpital, député aux Etats de Bretagne (1784-1785) et à son tour maire de la ville de Brest (1783-1786); c'est durant son mandat qu'eut lieu le départ de l'expédition de La Pérouse. Son fils Thomas RABY (1770/1794), député extraordinaire de Brest à la Convention, fut décapité à 24 ans, le 10 prairial an 2
Lot n° 89
ARCHIVES RABY. Cette très intéressante archive, qui présente des mouillures importantes, est principalement composée: - d'une abondante correspondance échangée, de la fin du XVIIe à la fin du XVIIIe, entre les différents membres de cette illustre famille. Environ 200 lettres, toutes longues (env. 500 pp. in-4) écrites de Brest (pour la grande majorité) et du Bez, dont un grand nombre d'Antoine et François Raby, les maires de Brest, à leur père Thomas Raby au Bez. D'un grand intérêt. - de nombreux documents sur la famille: mémoires pour des achats, testaments, succession, inventaire après décès, certificats militaires, comptes, quittances, etc. ainsi qu'un important dossier d'Antoine Raby de La Ponte, receveur général des domaines et bois de la province du Dauphiné (dont d'intéressantes lettres et le début de son livre de raison, début XVIIIe). Il est joint un dossier de notes généalogiques et historiques sur la famille Raby par l'historien Edmond Maignien, des documents sur la branche d'Oulx de la famille Raby, etc.
Lot n° 90
RÉVOLUTION EN BRETAGNE. 18 lettres (principalement de François Raby à son frère), 60 pp. in-4. Mouillures. Brest, 1790-an 8. Très intéressant témoignage sur la Révolution en Bretagne, mais également dans le Dauphiné. Je comptais bien monsieur et cher frère, après 33 ans de corvées publiques en être quitte, mais l'assemblée nationale et le Roy en ont décidé autrement [...]. Vous me dites que vous êtes très content de la nouvelle constitution du Royaume et que vous êtes tous bien armés et décidés à la soutenir; je vous en dis autant de la plus grande partie des villes de Bretagne et même d'un certain nombre de paroisse de campagne, mais depuis que l'Assemblée Nationale a décrété la nouvelle constitution du clergé, qu'elle a réduit les évêchés à 83 pensionnés, tous les fonctionnaires publics au lieu de leur laisser jouir de leurs immenses revenus, dont la plupart faisoient un très mauvais usage, et enfin obligés de faire le serment civique, ils se sont déchaînés surtout dans les campagnes où l'on est moins éclairé que dans les villes et ils sont parvenus à leurs sermons même publics à soulever plusieurs paroisses. Cela a commencé aux environs de Vannes où il y avait 17 paroisses de soulevées, il s'y est porté de suite des villes voisines des milices nationales qui ont tout pacifié suivant les nouvelles qu'on a reçu hier et les paysans ont convenu que c'était leurs prêtres qui les avoient induits en erreur en leur disant qu'on vouloit abolir la religion; ils se sont calmés quand on leur a prouvé le contraire par l'explication des décrets et même par le silence du pape [...]. Enfin la plus forte partie des prêtres bretons ont refusé de prêter le serment; on va nommer à leur place. Ma crainte est qu'on n'en trouve pas suffisamment pour desservir toutes les paroisses à cause de la langue, pour pouvoir prêcher et confesser en breton, car ce qui est absolument nécessaire dans les campagnes et ce qui les autorise à faire les fiers. Enfin il faudra avoir recours aux moines qui savent la langue et les séculariser pour remplir [...]. Mon fils aîné [Thomas] a beaucoup d'esprit, il a même fait parler de lui depuis la Révolution, il a été député des jeunes gens pour la fédération du 14 juillet dernier à Paris, son voyage me coûte plus de 900 # car la jeunesse actuelle ne connoit pas le prix de l'argent et la peine qu'on a de le gagner [...]. Tout s'est passé jusqu'ici sans effusion de sang si ce n'est le soir de la fête de Dieu qu'un jeune officier du régiment du Poitou a eu la tête tranchée par le peuple et militaires de mer et de terre réunis, pour avoir peint et affiché un autel de la patrie avec des indécences qui ont fait rougir les plus scélérats. Si cette découverte avait été faite deux jours plus tard qu'on eût appris la désertion du roi, il seroit arrvé de grands malheurs ici [...]. Mon fils aîné qui aura le 2 du prochain 21 ans est aussi à Paris depuis 5 semaines député du club et des amis de la Constitution de Brest pour plusieurs affaires graves; il a réussi jusqu'à présent à satisfaire ses commettants [...]. Nous ne sommes pas si tranquilles en Bretagne, surtout dans les campagnes où les fanatiques sont tout puissants, on nous en a amené tous les jours; 67 sont déjà renfermés dans notre château et plusieurs d'eux courent le risque d'être transportés hors du royaume en conformité du dernier décret au sujet de ces perturbateurs du repos public, car s'ils avaient voulu nous n'aurions pas la guerre et tout seroit fini [...]. On a armé ici depuis la déclaration de guerre 7 à 8 frégates ou corvettes pour chasser les corsaires sous pavillon du roi de Bohême et de Hongrie, on prépare encore 6 à 7 gros vaisseaux dont un de 110 pièces de canon avec quelques frégates [...]. Aussitôt le retour de mon fils aîné de Paris, il m'a fallu laisser partir le second âgé de 21 ans qui s'est trouvé à la célèbre journée du 10 août dernier qui a sauvé notre liberté et la France [...]. Vous aurez appris dans son temps les horreurs du traitre Dumouriez. Dieu veuille que ce soit le dernier et que la Convention se mette à l'ordre car ces divisions nous occasionnent bien du mal [...], etc. Avec plusieurs réponses donnant des nouvelles de la Révolution au Bez et en Dauphiné

Le Bez est un hameau de la commune de La Salle-les-Alpes.
Pour voir une généalogie de cette famille (qui mériterait d'être complétée pour la partie haut-alpine), cliquez-ici.

Il existe une autre famille Raby issue de ce même village, qui a émigré encore plus loin puisqu'on les trouve au XVIIIe siècle à Saint-Domingue. Ils ont fait l'objet d'une intéressante étude de Pierre Léon parue en 1963 :
Marchands et spéculateurs dauphinois dans le monde antillais du XVIIIe siècle : Les Dolle et les Raby



J'espère que cette documentation intéressante est tombée en de bonnes mains, qui saura en faire bon usage.

2 commentaires:

  1. Merci pour l'info. J'aurais sans doute manqué cette expo si vous n'en aviez pas parlé. Par ailleurs je suis en pleine période Dauphinoise depuis qu'un généalogiste m'a retouvé l'acte de de naissance et de mariage de mon arrière-grand-mère à Barraux, alors que je la croyais de La Buissière...

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  2. On en revient toujours au Dauphiné...
    Jean-Marc

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