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Pour tous ceux qui s'intéressent aux Hautes-Alpes, les travaux de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes sont une source incomparable de renseignements sur ce département depuis 1882 : histoire, géographie, histoire naturelle, etc. La Société, à laquelle j'ai le plaisir d'appartenir, vient de mettre en place un site Internet :
www.seha.fr.
En particulier, ils mettent à disposition une table par auteur et par matière des bulletins de 1882 à 2008 (dernier bulletin paru). Vous pourrez y trouver la référence d'un article que votre serviteur a fait paraitre il y a quelques années. Ils offrent aussi la possibilité de faire des photocopies des articles (jusqu'à 50 pages). Pour ceux qui, comme moi, veulent se constituer la collection complète des bulletins depuis la parution, ils proposent d'acheter des numéros anciens. Je souhaite néanmoins bon courage à ceux qui veulent réunir la collection complète. La quête est difficile. Je n'ai pas encore atteint le "sacré graal".
Autre publication, la réimpression de deux ouvrages d'Henri Martineau : Filosofia Nova et Pensées. Maginalia. de Stendhal, aux éditions Ressouvenances (site : www.ressouvenances.fr). Comme par un fait exprès, cela fait écho au propos d'Eugène Chaper dans le message précédent. En effet, il s'agit de la publication de notes diverses et variées de Stendhal, dont des notes en marge d'ouvrages. De nombreuses "marginales" proviennent d'exemplaires aujourd'hui en dépôt dans le fonds Stendhal de la Bibliothèque Municipale de Grenoble. Au passage, j'en profite pour chaudement conseiller la lecture de La vie de Henry Brulard, de Stendhal, qui est une chronique passionnante et personnelle de la vie à Grenoble entre la fin du XVIIIe siècle, la Révolution et le début de l'Empire. Il faut lire une édition qui reproduit les nombreux croquis de Stendhal.
Je vous laisse observer la couverture de cet ouvrage publié par Ressouvenances. On y voit, en bas à droite, une caricature de Musset représentant Stendhal dansant. C'est la reproduction d'un dessin extrait de La Mandragore Briançonnaise, éphémère publication de Paul Guillemin. J'ai fourni à l'éditeur la reproduction qui orne la couverture.
Le thème des Vaudois est inépuisable. Comme je l'avais expliqué dans un message précédent, ce terme recouvre trois réalités différentes. L'ouvrage décrit ce week-end exprime bien cette ambigüité. En effet, il commence par une histoire des Vaudois au sens propre du terme, avec la création du mouvement par Pierre Valdo à Lyon et sa diffusion, entre autres, dans les vallées alpines du Dauphiné, plus précisément des Hautes-Alpes(Freissinière, Argentière, Vallouise) et du Piémont, puis de l'histoire du mouvement jusqu'à son intégration dans la Réforme. Ensuite, l'histoire se poursuit, toujours sous le nom de Vaudois, pour les seules vallées piémontaises, où cette église évangélique s'est maintenue, malgré les vicissitudes politiques. Cette communauté, encore vivante aujourd'hui, utilisait le français comme langue d'usage. C'est ainsi que Jean Jalla, historien vaudois (1868-1935), né près de Pomaretto (Pomaret en français) a écrit une Histoire populaire des Vaudois des Alpes et de leurs colonies, dont la première édition a été publiée en 1904 à Torre Pellice.
Seuls les premiers chapitres nous intéressent pour l'histoire des Vaudois des Hautes-Alpes. Cette première édition semble particulièrement rare. Elle est absente de toutes les bibliothèques publiques en France. Elle n'est généralement pas citée dans les bibliographies vaudoises. Bien qu'étant plus un travail de synthèse, que le résultat de recherches approfondies ou novatrices, cet ouvrage n'est pas sans mérite. Peut-être que sa diffusion, à partir de l'Italie, n'a pas été suffisante pour qu'il soit connu des historiens français (par exemple Jean Marx).
Au passage, je signale qu'au hasard de mes recherches sur les livre du Dauphiné et des Hautes-Alpes, je suis amené à rencontrer un nombre considérable d'ouvrages absents de la BNF. Il reste du travail pour enrichir son fonds. En revanche, il est beaucoup plus inhabituel de rencontrer des ouvrages absents du fonds dauphinoise de la Bibliothèque Municipale de Grenoble. C'est le cas de cette première édition.
Sans transition, je passe à Eugène Chaper , le "Prince des Bibliphiles Dauphinois", dont j'ai déjà eu l'occasion de parler. Suite à une question de lecteur, j'ai scané la publication d'une lettre d'Eugène Chaper sur sa collection d'autographes, parue dans la Petite revue des Bibliophile dauphinois (n° 2, février 1906, pp. 53-62) : Les Collections d'Autographes de M. Eugène Chaper.
Il avait la chance de posséder un exemplaire de la Chartreuse de Parme de Stendahl, annoté par l'auteur en vue, peut-être, d'une nouvelle publication. Cet exemplaire est actuellement à la Bibliothèque Pierpont Morgan à New-York. Je ne resiste pas au plaisir de reproduire ce qu'il en dit dans sa lettre :
"J'ai un exemplaire de la Chartreuse de Parme, 2e édition, Paris, Dupont., 1839, interfolié de papier blanc et chargé des notes aut. de l'auteur qui préparait, en 1840 et 1841, à Civita-Vecchia (peu de mois avant sa mort), une nouvelle édition de ce roman, l'un des plus curieux qu'il ait écrits.
Ces notes, écrites en général au crayon et en français, entremêlées parfois d'anglais, d'italien, peu lisibles souvent, m'ont bien des fois amusé.
Certaines sont uniquement des corrections de détail, d'autres annoncent des projets de remaniements complets; l'ouvrage devait être augmenté; un troisième volume devait contenir une suite et une fin nouvelles. Beyle reproche à l'éditeur de l'avoir forcé à brusquer son dénouement qui est, en effet, visiblement tronqué, etc.
D'autres notes fort énigmatiques, comme Stendhal aimait à les faire, n'ont pas trait à l'ouvrage auquel elles sont attachées, mais à des épisodes de sa vie au moment où il écrivait, peut-être à des représentations théâtrales, probablement à des femmes (il était toujours amoureux), etc.
Je ne connais pas de ragoût littéraire qui plaise davantage à mon palais que des pièces semblables ; c'est, à mon gré, un plaisir extrême que de tenir et de parcourir un exemplaire d'un ouvrage de valeur réelle, couvert des notes, des corrections de l'auteur lui-même, jugeant, remaniant son œuvre personnelle et la remettant sur le métier.
Aussi je range cet exemplaire de la Chartreuse de Parme encore tout plein de la pensée de son original auteur, parmi les curiosités les plus distinguées de ma bibliothèque."
A-t-on mieux dit le plaisir de posséder un ouvrage unique, annoté par l'auteur ? "Je ne connais pas de ragoût littéraire qui plaise davantage à mon palais que des pièces semblables".
En décembre dernier, je postai un message sur deux éditions des Recherches sur les Antiquités de la ville de Vienne, de Nicolas Chorier (voir message).
L'édition de 1659 que je décrivais était ornée d'un ex-libris dont le possesseur n'était pas identifié. Il portait cette devise : "Lucem amare et Amore Lucere" et était signé de D. Dellepiane.
Grâce à Bertrand du blog le Bibliomane Moderne, le mystère est levé. Cet ouvrage provient de la bibliothèque du baron de Jessé-Levas, qui a été vendue aux enchères à Dijon le 6 mars 2006. Cet exemplaire apparait sous le numéro 136. Cette vente contenait quelques autres ouvrages sur le Dauphiné, dont L'Estat politique de Dauphiné, du même Chorier et l'édition originale de 1680 de la Bibliothèque du Dauphiné de Guy Allard.
Je n'ai pas réussi à en savoir plus sur ce baron de Jessé-Levas, sinon qu'il appartient à une vieille famille noble du Languedoc qui prétendait faire remonter son origine à l'époque biblique, d'où son nom de Jessé. Ses armes se trouvent sur l'ex-libris.
Poursuivant mes descriptions d'ouvrages sur les Vaudois des Hautes-Alpes, je me suis intéressé à une petite monographie communale sur la vallée de Freissinières, une des vallées des Hautes-Alpes, avec l'Argentière et la Vallouise, qui ont abrité entre le XIIe et le XVIe siècle une importante colonie vaudoise, qui a ensuite rejoint la Réforme.
Cette monographie est l'œuvre de Florimon Baridon, un ancien instituteur :
Le Val de Freissinières (Hautes-Alpes). Monographie communale, Gap, 1934
Quelques illustrations prises parmi les 15 planches photographiques hors texte.
Sympathique monographie où l'on sent l'amour du pays natal. On souhaiterait voir plus de monographies villageoises comme celle-ci. Certes, plus œuvre de compilation que véritable travail de recherche, elle a le mérite de présenter un bonne synthèse sur la vie du village. Le chapitre sur L’humour à Freissinières est plutôt inhabituel dans ce type d'ouvrage.
Pour illustrer le caractère particulier des habitants de la vallée et la vigueur de leur foi, on peut lire l'article paru dans L'Alpe, n° 12, hiver 2002 : La longue traque, par Jean-Luc Charton (pp. 55-58). C'est le récit de la vie des deux frères Théophile et Félix Berthalon, des Viollins, qui désertèrent au début de la guerre de 1914, par fidélité à l'engagement qu'ils avaient pris : "Tu ne tueras point". Ils avaient juré sur la Bible de respecter cette loi. Ils se cachèrent dans la vallée, avec la complicité des habitants et de leur famille, jusqu'à leur capture en janvier 1927. Ils savaient réciter par cœur des passages entiers de la Bible, comme d'autres habitants de la vallée.
Pour ceux qui sont un peu perdus dans ces histoires de Vaudois, cette carte donne un bon aperçu de l'implantation vaudoise dans les Alpes au Moyen-Age :
Elle est extraite d'une autre bonne synthèse récente sur les Vaudois, par Giorgio Tourn, paru aux Editions Brepols en 2001.
Ce petit livre est surtout un bon aperçu de la doctrine et de la spiritualité vaudoises. L'auteur rappelle justement au début de l'ouvrage que le terme Vaudois recouvre trois réalités différentes :
- Le mouvement créé par Pierre Valdo, dit les "Pauvres de Lyon", qui s'est en particulier implanté dans les Alpes au Moyen-Age et qui à rejoint la Réforme en 1532. Ce sont ces Vaudois qui nous intéressent pour leur histoire dans les Hautes-Alpes.
- Un groupe d'environ une douzaine de communautés protestantes situées dans des vallée du Piémont occidental, qui ont perpétué jusqu'à aujourd'hui l'implantation ancienne des Vaudois.
- Les membres d'une église évangélique qui s'est organisée en Italie à partir du 19e siècle, puis en Amérique latine.
Pour finir sur les Vaudois, je recommande aussi cet ouvrage :
Guide historique du Lubéron vaudois, par Gabriel Audisio, Les Alpes de Lumière, n° 139, 2002.
En particulier, on y retrouve le récit du peuplement du Lubéron entre 1460 et 1560 par des populations alpines en provenance des diocèses d'Embrun et de Turin, qui ont contribué à implanter des fortes communautés vaudoises dans cette région. Par exemple, le seigneur de Cabrières d'Aigues signe un acte d'habitation le 10 mars 1495 avec 80 chefs de famille de la vallée de Freissinières qui décidaient de s'installer sur ses terres et de rebâtir le village. Une communauté vaudoise venait de se créer dans ce village du Lubéron.
Autre travail, la mise à jour de la page consacrée à John Grand-Carteret (1850-1927), manieur d'images et de mots, bien connu des amateurs des livres sur la montagne pour sa somme parue en 1903-1904 en 2 volumes : La Montagne à travers les âges
Votre serviteur a rédigé une petite notice biographique qui a paru dans le dernier numéro de L'Alpe n° 45, de l'été 2009 :
Inspiration de ce jour de fête nationale, j'ai décidé de me choisir une image emblématique pour ma Bibliothèque Dauphinoise. Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour trouver cette image :
Cette gravure sur bois de Jean Chièze (1898-1975) illustre la dernière couverture de l'Almanach du Dauphiné, 1937, publié par par la Société des Ecrivains Dauphinois. Elle est très représentative de cette association de l'emblème traditionnel de la Province, le Dauphin, ici représenté dans le blason du Dauphiné, avec la Meije qui devient la nouvelle figure tutélaire et emblématique du Dauphiné.
Jean Chièze est un des graveurs sur bois les plus talentueux de la première moitié du XXe siècle. Pour ceux qui ne le connaissent pas, je vous engage à le découvrir. Le site de l'association qui lui est consacrée permet une première approche : ASSOCIATION JEAN CHIEZE
De ce que j'ai pu glaner sur Internet, ce Vivarois formé à Lyon a été professeur de dessin pendant quelques années à Grenoble dans les années 1930 (information qui reste à confirmer). C'est à ce moment qu'il a collaboré à l'ouvrage commémoratif du 60e anniversaire de la section de Grenoble du Club-Alpin Français. Je renvoie à la notice que je lui ai consacré :
Montagnards, d'André Allix, illustré par Jean Chièze, publié en 1935.
Quelques images pour illustrer le talent de Jean Chièze dans cet ouvrage.
Autre collaboration dans les années 30 à Grenoble, le recueil de nouvelles de Madeleine Rivière-Sestier, paru sous le pseudonyme de Jean Puech : Alpages, en 1939. Le frontispice est de Jean Chièze.
Après avoir choisi ma nouvelle identité visuelle (oui, c'est ainsi que l'on parle aussi sur le blog de la Bibliothèque Dauphinoise !), je me suis créé une carte pour faire la promotion (eh oui !) du site et du blog. Le prestataire internet me proposait aussi des casquettes
et des T-Shirts.
Mais j'ai resisté à la tentation, je ne suis pas allé jusque là !
Poursuivant mon programme de description d'ouvrages sur les Vaudois des Hautes-Alpes, je me suis intéressé à deux ouvrages de fond, qui servent encore de référence sur le sujet. Pour mémoire, l'hérésie vaudoise s'est implantée dans quelques vallées du Briançonnais (Freissinières, l'Argentière, la Vallouise, Val Cluson), à partir du mouvement lancé à Lyon dans la deuxième moitié du XIIe siècle par Pierre Valdo : "Les Pauvres de Lyon". Plutôt qu'une hérésie, il s'agit d'un mouvement dissident qui veut revenir à la pureté évangélique, en s'opposant à l'intermédiation de la hiérarchie ecclésiastique dans l'accès aux Ecritures Saintes. Malgré les persécutions dont il fut la cible dans les montagnes du Dauphiné, ce mouvement survécut et rejoignit la Réforme en 1532 lors du synode de Chamforans.
Le pasteur Eugène Arnaud (1826-1905), grand historien du protestantisme dauphinois, a rassemblé 4 mémoires sur les Vaudois :
Mémoires historiques sur l'origine, les mœurs, les souffrances et la conversion au protestantisme des Vaudois du Dauphiné. Crest, 1896.
Ces 4 mémoires sont extraits de différentes revues savantes, mais forment un tout cohérent sur l'histoire des Vaudois des vallées briançonnaise, depuis leur implantation jusqu'à leur intégration dans la Réforme. Ce recueil tiré à 100 exemplaires est rare.
Le deuxième ouvrage est une thèse de l'Ecole de Chartes, soutenue en 1912 par Jean Marx et publiée par Champion à Paris en 1914 :
L'inquisition en Dauphiné. Etude sur le développement et la répression de l'hérésie et de la sorcellerie du XIVe siècle au début du règne de François 1er.
Le titre assez général de l'ouvrage ne doit pas nous induire en erreur. Il s'agit essentiellement du récit des persécutions des Vaudois des vallées briançonnaise par l'inquisition, en particulier lors de la croisade de 1487-1488 menée par Alberto Cattaneo (Albert de Cattanée), à la demande de l'archevêque d'Embrun, Jean Baile, pour purger ces vallées de l'hérésie vaudoise. Preuve que l'arbitraire n'était plus aussi puissant en France à l'orée du XVIe siècle, les habitants des vallées firent appel au roi des spoliations et des violences qu'ils ont subies. La sentence de 1509 a réhabilité solennellement les habitants des vallées et leur a théoriquement permis de recouvrer leurs biens confisqués.
Ce livre fait encore autorité sur le sujet.
Pour ceux qui voudrait aller plus loin sur les Vaudois, je recommande cet ouvrage, qui dépasse évidemment le cadre des Hautes-Alpes, en retraçant l'histoire du mouvement vaudois. Cela permet de situer l'histoire particulière des Vaudois des vallées briançonnaises dans le mouvement général de cette dissidence.
Les Vaudois. Histoire d'une dissidence (XIIe-XVIe siècle, par Gabriel Audisio, Fayard, 1998.
Sans transition, je me suis aussi penché sur une personnalité attachante de l'alpinisme dauphinoise de la fin du XIXe siècle. Ernest Thorant (1854-1896), installé à Grenoble, a été pionnier en se faisant le promoteur de l'alpinisme sans guide et en fondant un des premiers clubs d'escalade de France, à Grenoble en 1895 : le Rocher-Club. Il créait ainsi une rupture par rapport à la culture scientifique et patriotique du Club-Alpin de l'époque, en se faisant un des artisans de la "sportivisation" de la pratique de la montagne. Visiblement partisan de toutes les innovations de son époque, il fonda aussi le premier club de ski en France : le Ski-Club des Alpes, en janvier 1896. Il se tua à la Meije le 20 août 1896, lors de la première ascension sans guide de ce sommet. Il est enterré au cimetière de Saint-Christophe-en-Oisans, à côté de l'alpiniste autrichien Emile Zsigmondy.
Enfin, pour compléter le portrait de cette personnalité qui n'a pas eu le temps de donner toute sa mesure, rappelons qu'il ne partageait pas la misogynie qui était encore de mise dans le milieu de l'alpinisme à cette époque. Sa femme le suivait dans beaucoup de ses courses. Il fit avec elle la première ascension sans guide du Mont-Aiguille. Ils firent aussi ensemble une ascension à La Meije en 1890, dont il donna le récit dans l'Annuaire du Club Alpin en 1890. Vous pouvez télécharger ce récit à cette adresse :
Ascension au Pic occidental de la Meije ou Grande-Meije. 3,987 m.
Pour illustrer ce message, je n'ai pas trouvé de photo d'Ernest Thorant. Je l'illustre donc avec sa signature
et la tombe de Zsigmondy et Thorant au cimetière de Saint-Christophe-en-Oisans, illustration d'Ernest Hareux, dans La Meije et les Ecrins, de Daniel Baud-Bovy.
MDans le message précédent, je cherchais à identifier un paysage des Hautes-Alpes, sujet d'une toile du XIXe. Grâce à un lecteur, je crois que je suis sur la bonne piste. Comparez vous-même :
Il s'agit de la commune d'Ancelle, dans le Champsaur, belle région des Hautes-Alpes. La photo illustre la notice sur Wikipedia.
Petite bibliographie ancelloise :
Abbé Jean Ranguis, de Chabotonnes. Curé d'Ancelles.
Notice historique sur la communauté d'Ancelles, où sont consignés les principaux évènements qui la concernent et pour en perpétuer le souvenir.
Gap, Imprimerie L. Jean et Peyrot, 1899, in-12, 234 pp., une carte dépliante hors texte.
On peut compléter cette monographie par l'échange de lettres polémiques entre l'abbé Ranguis et Jospeh Roman, qui a été entamé par :
Joseph Roman
Notice sur la commune d'Ancelle
Gap, Jean et Peyrot, 1899, in-8°, 11 pp.
Autre mongraphie, moins polémique :
Abbé Jérémie Reynier, curé du Château d'Ancelle.
Notice sur Faudon et les deux Ancelle (Hautes-Alpes)
Avignon, Imprimerie Aubanel frères; Chez l'auteur; Gap, Librairie Alpine, (1924), in-8°, [6]-173 pp., 8 planches photographiques hors texte, 1 feuillet volant (addenda)
J'ai une destination de vacances tout trouvée pour parfaire l'identification. Merci à ce lecteur anonyme du blog (dévoilera-t-il son identité, que je sache qui s'intéresse tant à mon blog ?).
Distrait par tous ces salons du livre ancien, j'en avais oublié mon programme du moment : décrire les ouvrages sur le protestantisme et les Vaudois dans les Hautes-Alpes. Dans le suivi des accès à mon site et à mon blog, je me suis aperçu que ce sujet intéresse visiblement beaucoup.Je me suis donc remis au travail en décrivant un ouvrage rare :Les Vaudois des Alpes françaises et de Freissinières en particulier.Leur passé, leur présent, leur avenir. Deuxième édition revue et augmentée. par Louis Brunel, paru chez Fischbacher à Paris en 1890.Ecrit par un pasteur protestant qui a passé 15 ans à Freissinières (vallée où se trouve Dormillouse, lieu plus connu par certains), cet ouvrage ne bouleverse par l'historiographie protestante dans les Hautes-Alpes, d'autant que la partie historique n'est qu'une compilation d'ouvrages plus anciens. On peut seulement relevé cette préoccupation très contemporaine de démontrer que les Vaudois de ce village ne sont pas issus du mouvement lancé par Pierre Valdo à Lyon au XIe siècle, mais qu'ils se sont toujours opposés à l'Eglise officielle depuis la christianisation de la région. Ce débat peut paraitre oiseux, mais il a beaucoup occupé les esprits à cette époque. L'intérêt principal du livre réside dans les chapitres : "Leur présent" et "Leur avenir" qui décrivent la vie à Freissinières à la fin du XIXe siècle et l'émigration de certaines familles vaudoises en Algérie. Cette émigration a été rendue possible grâce au Comité de Lyon, une association de notables protestants qui venaient en aide aux populations "vaudoises" défavorisées, d'abord dans leurs vallées, puis en soutenant l'émigration vers l'Algérie.Un autre intérêt de cet ouvrage est qu'il contient une carte des vallées vaudoises des Alpes françaises par Paul Guillemin :Elle appartient à cette série de travaux cartographiques que Paul Guillemin a menés dans ces années-là pour fixer et préciser la topographie et surtout la toponymie de la région. A ceux que cela peut étonner, il faut savoir que la topographie et la toponymie des Alpes du Haut-Dauphiné (Les Hautes-Alpes, le massif des Ecrins dans la terminologie moderne) étaient encore très imprécises, voir erronées dans les années 1870/1890.Pour ceux qui ne l'auraient pas compris, mon intérêt pour les Hautes-Alpes commence à déborder le strict cadre des livres, pour aller musarder dans le domaine des photographies, des tableaux et de tout type de documents sur la région. Au salon de Saint-Sulpice, pour quatre sous, j'ai acheté ce joli petit paysage 19e dont le titre est :Vue des Alpes, près Gap (Hautes-Alpes)Je croyais connaitre la région, mais je n'ai pas encore identifié clairement le lieu représenté. A mon avis, il ne s'agit pas de Gap, mais d'un paysage dans le Champsaur ou le Valgaudemar, voir le Trièves. A bon entendeur, je suis preneur d'une identification certaine.
Découverte ces derniers jours d'un ouvrage dont j'ignorais totalement l'existence :Evolution de l'Alpinisme dans les Alpes françaises, d'Arthur Raymann, initialement paru en 1912 à Brunswick (imprimé à Grenoble : imprimerie de Aubert), in-8°, VII-[1]-578-[3] pp. Il a été réédité par Slatkine, Genève, en 1979, dans la collection Les Alpes et les Hommes, n° 14. L'édition originale est visiblement très rare. C'est l'édition de 1979, que je viens de lire. Elle aussi est devenue rare.Il s'agit de l'édition d'une thèse soutenue à Grenoble en mars 1912 par Arthur Raymann, d'origine suisse, qui s'est pris de passion pour le Dauphiné. L'ouvrage se compose de 3 parties. La première sous le titre La pratique de l'alpinisme, est une synthèse de l'histoire de l'alpinisme, avec une large part consacrées aux Sociétés alpines, essentiellement le Club Alpin Français et surtout la Société es Touristes du Dauphiné.La deuxième partie, sous le titre de Les Alpes françaises dans la littérature, dans la science et dans l'art est une des premières synthèses sur la place de la montagne et des Alpes dans la littérature. Il avait été précédé par John Grand-Carteret, dans son ouvrage La Montagne à travers les âges, qui avait traité le sujet un peu superficiellement, malgré la qualité de l'illustration. Ce travail d'Arthur Raymann est une bonne synthèse sur le sujet, qui fait la part belle aux Alpes dauphinoises, ce qui nous intéresse plus particulièrement. Sur la littérature proprement dite, La littérature alpestre en France et en Angleterre aux XVIIIe et XIXe siècles, de Claire-Eliane Engel, paru en 1930, est évidemment la référence. Mais le point de vue d'Arthur Raymann est plus général puisqu'il inclut la littérature scientifique et la peinture.Enfin, la troisième partie est une bibliographie très complète, qui couvre les pages 407 à 532. A la différence de nombreuses bibliographies alpines, il cite de nombreux articles. Cette référence a été largement utilisée par Jacques Perret.On sent un vrai amour de la montagne chez Arthur Raymann. Il a beaucoup parcouru les Alpes dauphinoises (Belledonne, Oisans) où il a puisé et gouté l'amour de la liberté qu'il associe au Dauphiné. Néanmoins, dans sa conclusion, il n'échappe pas à son époque. Pour reprendre ses mots, que l'on trouve souvent au cours de l'ouvrage, l'alpinisme a "un réelle valeur éducatrice et morale.", le mot moral apparaissant souvent dans le texte. La conclusion est aussi l'occasion d'un ardent plaidoyer pour les courses sans guide, une sujet d'actualité dans le monde de l'alpinisme à cette époque. Ce plaidoyer est directement lié à la valeur morale de l'alpinisme, comme école du dépassement de soi.