Comme le savent mes lecteurs, il m'arrive régulièrement de me prendre de passion pour des personnages un peu secondaires de l'histoire dauphinoise. C'est ainsi que Paul Colomb de Batines a occupé quelques heures de ma vie de bibliophile dauphinois ces derniers mois. J'ai parlé de lui au tout début de l'année, dans cet "éloge de l'inachèvement" que je lui ai consacré. Mais j'avais l'impression d'être incomplet.
Colomb de Batines et ses amis au café, vers 1835. Tableau anonyme, Musée de l'Ancien Évêché, Grenoble. Tableau donné à la Bibliothèque de Grenoble par Mlle E. Richardson, de Florence, vers 1929. |
J'ai donc mené deux tâches :
D'abord, j'ai entrepris d'écrire une notice biographique de Paul Colomb de Batines plus complète que toutes celles que l'on peut trouver. Cet homme a eu 3 vies. Né en 1811, de 1829 à 1841, il
s'est essentiellement consacré à la bibliophilie et
à la bibliographie dauphinoises. Ensuite, de 1841 à 1844,
il a été libraire et éditeur à Paris. Sur
cette période, je vous renvoie à la notice
consacrée à son activité de libraire parisien,
comme successeur de Joseph Crozet, sur le site Histoire de la bibliophilie : cliquez-ici.
Enfin, de 1844 jusqu'à son décès en 1855, il vit
à Florence où il devient le bibliothécaire d'un
seigneur italien de Florence. Il se consacre alors à la
bibliographie de l'œuvre de Dante, ce pour quoi il est
aujourd'hui le plus connu. Je me suis évidemment consacré à la première partie de sa vie. Il est toujours difficile de se faire une idée de la personnalité d'un homme né il y a 200 ans, sur lequel peu de contemporains se sont exprimés. J'aime chez lui ce goût un peu maniaque de la bibliographie, cet art de la précision pour des points de détail de l'histoire des livres, comme si cela avait vraiment de l'importance. J'aime aussi cette forme d'inachèvement dans tout ce qu'il fait, cette difficulté à faire aboutir les projets ambitieux qu'il avait et dont je vais bientôt parler.
Cette biographie est accessible en suivant ce lien : Paul Colomb de Batines.
L'autre tâche était tout simplement d'établir une bibliographie des écrits de Paul Colomb de Batines. Si, pour les ouvrages, la bibliographie d'Adolphe Rochas était presque complète, elle méritait d'être corrigée pour les quelques erreurs que l'on y trouve. En revanche, la bibliographie de ses articles restait à faire. Je ne pense pas avoir identifié tous ses articles, car il a beaucoup écrit, souvent des notices courtes ou des correspondances, qu'il n'est pas toujours facile de trouver. J'y ai ajouté les réimpressions qu'il a commandées. Mais, ce qui est plus inhabituel dans une bibliographie, je me suis intéressé à ses nombreux projets. Paul Colomb de Batines a souvent annoncé des publications à
venir,
allant même jusqu'à présenter comme
étant sous presse des ouvrages qui n'ont jamais
paru.
Cela a provoqué l'ironie d'Adolphe Rochas :
« ce
projet, comme une foule d'autres de Colomb de Batines, n'a pas eu de
suite. » Je souhaitais leur rendre hommage.