Pour débuter, une petite plaquette comme je les aime.
Les Alpes Françaises. La Vallouise et le massif du Pelvoux. Récits d'excursions, par J.-B. Jouvin, de la Société des Excursionnistes Marseillais
Suivis de :
Ascension de la Barre des Ecrins, par A. Pellicé, de la Société des Excursionnistes Marseillais.
Le Mont Pelvoux, par Maurice Bourgogne, Secrétaire de la Section de Provence du C. A. F. et Membre de la Société des Excursionnistes Marseillais.
parue à Marseille en 1903 (pour plus d'informations, cliquez-ici).
Ce sont des récits d'excursions en montagne comme on en trouve beaucoup à cette époque, mélange de notations personnelles, de renseignements pratiques et de descriptions d'itinéraires. Le ton est volontiers poétique et choisi, voire légèrement lyrique et emphatique. Ces récits avaient aussi pour but de faire connaître les Alpes Dauphinoises à ses compatriotes marseillais, à une époque où la renommée de cette région restait encore à faire, en particulier vis-à-vis de la Suisse ou de la Savoie. Jean-Baptiste Jouvin était un photographe marseillais, qui a illustré cet ouvrage avec quelques unes de ses photographies.
Il y a 6 planches photographiques en pleine page, avec le verso blanc. Malgré les apparences, elles sont incluses dans la pagination. Seule une planche supplémentaire, représentant le lac de l'Eychauda, est hors texte. Elle est imprimée sur un papier différent, de moindre qualité. Les descriptions de la BMG (7 pl. h. t.) et de Perret (6 planches hors-texte) sont donc erronées. Preuve, s'il en est, que la bibliographie est une science, qui n'admet pas l'approximation. On en reparlera à la fin de ce message.
Autre plaquette, un Eloge de Salvaing de Boissieu, par Henri Duhamel, prononcé à Grenoble en 1863 (pour plus d'informations, cliquez-ici). Ne pas confondre l'auteur avec Henry Duhamel, le célèbre alpiniste.
L'intérêt de ce texte est que c'est un bon exemple de la vision progressiste des élites grenobloises du milieu du XIXe siècle. On y retrouve de façon discrète l'éloge de la pensée des Lumières, avec la tolérance religieuse qui peut aller aller jusqu'à évoquer la séparation de l'Eglise et de l'Etat (p. 19). On y trouve aussi l'héritage de la Révolution, qui s'oppose à l'absolutisme royale, appelé même despotisme. Cependant, cet héritage révolutionnaire exclut les périodes les plus sombres de la Révolution. Comme souvent, l'éloge de cette grand personnalité dauphinoise est l'occasion de célébrer les qualités générales des Dauphinois. Que ce soit la finesse et la ténacité (p. 17), que ce soit la modération du Dauphiné, qui a su garder, à travers tous les événements de l'histoire (p. 33) sa liberté et son indépendance, on y trouve l'image d'une identité dauphinoise en cours de consolidation autour de l'idée d'une province à la tête des mouvements de progrès, sans "vaines agitations et stériles discordes".
Je profite de l'un des derniers messages de l'année pour présenter quelques lectures récentes.
Hautes-Alpes, dans la collection Encyclopédie Bonneton, excellent ouvrage de synthèse sur le département (Histoire, Art, Traditions, Langue et littérature, milieu naturel, Economie et société), bien illustrée.
Le chapitre rédigé par André Faure Langue, sur l'alpin d'Oc (ce que d'autres appellent le provençal haut-alpin) est la meilleure synthèse sur le parler haut-alpin, avec une bibliographie très complète. Le chapitre de Christine Roux Litterature d'expression française présente en particulier les auteurs haut-alpins contemporains.
Autre lecture : La Salle-les-Alpes, d'André Chalandon, ouvrage qui présente une collection de cartes postales anciennes sur ce village proche de Briançon.
Les notices de présentation sont complètes et documentées (ce qui n'est pas toujours le cas de ce type d'ouvrages) et les photos récentes permettent de prendre conscience de la transformation du paysage en une centaine d'années, surtout depuis le développement du tourisme et du ski alpin (la station de Serre-Chevalier est proche). Autre intérêt plus personnel pour moi, ce livre permet de voir le village d'origine de mon arrière-grand-mère, comme elle a dû le connaître. Sur cette carte postale, on voit la maison de son enfance (à droite au premier plan).
Cette vue moderne montre le changement :
Une lecture attentive m'a permis de découvrir un souvenir encore plus lié à l'histoire de ma famille.
Cette carte est signée d'Achille Gravier. A la ligne précédant sa signature, je lis "p. p. Denis Roux". Achille Gravier (1848-1929) avait épousé en 1874 la fille de Denis Roux et la sœur de mon arrière-grand-mère. Je comprends que ce 29 septembre 1877, Achille Gravier signait au nom de son beau-père Denis Roux, fabricant de laines, dont il devait gérer les affaires alors que celui-ci était peut-être déjà malade. En effet, Denis Roux est mort quelques semaines plus tard le 12 novembre 1877 à l'âge de 47 ans.
Pour finir ce message, la parution du numéro de 2 de la Nouvelle Revue des Livres Anciens, excellent numéro contenant de nombreux articles érudits :
J'ai particulièrement apprécié l'article de Ségolène Beauchamp, Entretiens autour de l'utilité méconnue du bibliographe. Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre de l'intérêt de la bibliographie. Mon travail sur le site Bibliothèque-Dauphinoise n'est qu'une illustration du propos de l'auteur. Je me suis particulièrement reconnu dans le dernier paragraphe : La saveur du partage de connaissance, où elle appelle de ses vœux "le partage des savoirs chez les bibliophiles". N'est-ce pas ce que je fais ?
Les Alpes Françaises. La Vallouise et le massif du Pelvoux. Récits d'excursions, par J.-B. Jouvin, de la Société des Excursionnistes Marseillais
Suivis de :
Ascension de la Barre des Ecrins, par A. Pellicé, de la Société des Excursionnistes Marseillais.
Le Mont Pelvoux, par Maurice Bourgogne, Secrétaire de la Section de Provence du C. A. F. et Membre de la Société des Excursionnistes Marseillais.
parue à Marseille en 1903 (pour plus d'informations, cliquez-ici).
Ce sont des récits d'excursions en montagne comme on en trouve beaucoup à cette époque, mélange de notations personnelles, de renseignements pratiques et de descriptions d'itinéraires. Le ton est volontiers poétique et choisi, voire légèrement lyrique et emphatique. Ces récits avaient aussi pour but de faire connaître les Alpes Dauphinoises à ses compatriotes marseillais, à une époque où la renommée de cette région restait encore à faire, en particulier vis-à-vis de la Suisse ou de la Savoie. Jean-Baptiste Jouvin était un photographe marseillais, qui a illustré cet ouvrage avec quelques unes de ses photographies.
Il y a 6 planches photographiques en pleine page, avec le verso blanc. Malgré les apparences, elles sont incluses dans la pagination. Seule une planche supplémentaire, représentant le lac de l'Eychauda, est hors texte. Elle est imprimée sur un papier différent, de moindre qualité. Les descriptions de la BMG (7 pl. h. t.) et de Perret (6 planches hors-texte) sont donc erronées. Preuve, s'il en est, que la bibliographie est une science, qui n'admet pas l'approximation. On en reparlera à la fin de ce message.
Autre plaquette, un Eloge de Salvaing de Boissieu, par Henri Duhamel, prononcé à Grenoble en 1863 (pour plus d'informations, cliquez-ici). Ne pas confondre l'auteur avec Henry Duhamel, le célèbre alpiniste.
L'intérêt de ce texte est que c'est un bon exemple de la vision progressiste des élites grenobloises du milieu du XIXe siècle. On y retrouve de façon discrète l'éloge de la pensée des Lumières, avec la tolérance religieuse qui peut aller aller jusqu'à évoquer la séparation de l'Eglise et de l'Etat (p. 19). On y trouve aussi l'héritage de la Révolution, qui s'oppose à l'absolutisme royale, appelé même despotisme. Cependant, cet héritage révolutionnaire exclut les périodes les plus sombres de la Révolution. Comme souvent, l'éloge de cette grand personnalité dauphinoise est l'occasion de célébrer les qualités générales des Dauphinois. Que ce soit la finesse et la ténacité (p. 17), que ce soit la modération du Dauphiné, qui a su garder, à travers tous les événements de l'histoire (p. 33) sa liberté et son indépendance, on y trouve l'image d'une identité dauphinoise en cours de consolidation autour de l'idée d'une province à la tête des mouvements de progrès, sans "vaines agitations et stériles discordes".
Je profite de l'un des derniers messages de l'année pour présenter quelques lectures récentes.
Hautes-Alpes, dans la collection Encyclopédie Bonneton, excellent ouvrage de synthèse sur le département (Histoire, Art, Traditions, Langue et littérature, milieu naturel, Economie et société), bien illustrée.
Le chapitre rédigé par André Faure Langue, sur l'alpin d'Oc (ce que d'autres appellent le provençal haut-alpin) est la meilleure synthèse sur le parler haut-alpin, avec une bibliographie très complète. Le chapitre de Christine Roux Litterature d'expression française présente en particulier les auteurs haut-alpins contemporains.
Autre lecture : La Salle-les-Alpes, d'André Chalandon, ouvrage qui présente une collection de cartes postales anciennes sur ce village proche de Briançon.
Les notices de présentation sont complètes et documentées (ce qui n'est pas toujours le cas de ce type d'ouvrages) et les photos récentes permettent de prendre conscience de la transformation du paysage en une centaine d'années, surtout depuis le développement du tourisme et du ski alpin (la station de Serre-Chevalier est proche). Autre intérêt plus personnel pour moi, ce livre permet de voir le village d'origine de mon arrière-grand-mère, comme elle a dû le connaître. Sur cette carte postale, on voit la maison de son enfance (à droite au premier plan).
Cette vue moderne montre le changement :
Une lecture attentive m'a permis de découvrir un souvenir encore plus lié à l'histoire de ma famille.
Cette carte est signée d'Achille Gravier. A la ligne précédant sa signature, je lis "p. p. Denis Roux". Achille Gravier (1848-1929) avait épousé en 1874 la fille de Denis Roux et la sœur de mon arrière-grand-mère. Je comprends que ce 29 septembre 1877, Achille Gravier signait au nom de son beau-père Denis Roux, fabricant de laines, dont il devait gérer les affaires alors que celui-ci était peut-être déjà malade. En effet, Denis Roux est mort quelques semaines plus tard le 12 novembre 1877 à l'âge de 47 ans.
Pour finir ce message, la parution du numéro de 2 de la Nouvelle Revue des Livres Anciens, excellent numéro contenant de nombreux articles érudits :
J'ai particulièrement apprécié l'article de Ségolène Beauchamp, Entretiens autour de l'utilité méconnue du bibliographe. Ce n'est pas moi qu'il faut convaincre de l'intérêt de la bibliographie. Mon travail sur le site Bibliothèque-Dauphinoise n'est qu'une illustration du propos de l'auteur. Je me suis particulièrement reconnu dans le dernier paragraphe : La saveur du partage de connaissance, où elle appelle de ses vœux "le partage des savoirs chez les bibliophiles". N'est-ce pas ce que je fais ?
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