En 1843, Charles Lory, un Nantais, tout juste sorti de l'Ecole Normale, arrive à Grenoble
comme professeur de
physique au collège de Grenoble. Cet homme de la mer (son père avait été officier de marine) se prend de passion pour les montagnes grenobloises. Il en fait même l'objet de sa thèse en 1846 : Études sur les
terrains secondaires des Alpes dans les environs de Grenoble. Obligé de
quitter Grenoble, il lui faut attendre la
mort d'Emile Gueymard en 1849 pour y revenir
à la chaire d'histoire naturelle de la Faculté
des
Sciences. Il ne quittera plus la ville. Il peut alors se consacrer
totalement à la géologie de la région.
Il synthétise le
résultat de ses
travaux dans une carte géologique qu'il publie en 1858. C'est cette carte que je vous présente aujourd'hui (pour plus de détails, cliquez-ici).
On peut être séduit par l'aspect esthétique de cette carte qui, à travers une gamme de 26 couleurs, tente d'expliquer la complexe structure géologique de la région. Mais c'est avant tout un travail scientifique qu'il accompagne par une communication publiée dans le Bulletin de la
Société géologique de France (séance du
2 novembre 1857) : Esquisse
d'une carte géologique du Dauphiné.
Il publie ensuite en 3 livraisons dans
le Bulletin de la
Société Statistique des Sciences naturelles de
l'Isère, entre 1860 et
1864, une Description
géologique du Dauphiné (Isère,
Drôme, Hautes-Alpes), pour servir à l'explication
de la carte géologique de cette province, qui a
ensuite été regroupée en un seul
volume. Dans cette Description.., une
carte complémentaire précise la
description géologique du Briançonnais, une des
zones les plus complexes de la géologie des Alpes
dauphinoises (il faudra attendre Pierre Termier pour clarifier
l'histoire géologique de cette région).
Un des intérêts de cette carte est de voir la connaissance que l'on avait alors de la cartographie du massif des Ecrins. En effet, comme fond de carte, Charles Lory ne disposait pas encore
des feuilles de la carte d'Etat-Major qui, pour le
Briançonnais, ne seront publiées qu'en 1866. Il
utilise donc un fond de carte encore assez sommaire où la
Meije est appelée l'Aiguille du Midi et la barre
des
Ecrins porte le nom ancien de Pointe des Arcines. Cependant, les
altitudes sont exactes pour ces sommets, preuve qu'il disposait d'une
partie des informations des relevés de cette carte
menées dans la région par le capitaine Durand
dans les années 1828-1830. Ce détail sur le massif
du Pelvoux, aujourd'hui appelé massif des Ecrins, permet de
se rendre compte de la connaissance simplifiée que l'on
avait encore du cœur du massif :
Pour revenir à l'homme, ces quelques mots de Marcel Bertrand nous le décrive : "Enfant de la Bretagne, petit, solide et noueux comme les chênes de sa patrie". "Cette nature loyale, à laquelle il n'a manqué, pour être appréciée de
tous, que le besoin de l'expansion. Il a caché sa vie suivant le conseil
du sage, mais il a caché aussi ses sentiments et ses impressions, comme
s'il eût craint le contact des indifférents. Sensible et bon par
nature, il a toujours été d'un abord un peu rude, et il semblait presque
qu'il dût faire effort pour se montrer affable et gracieux.". Cette image ne correspond-elle pas à l'idée que l'on peut se faire de lui à lire les appréciations de M. Bertrand :
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