C'est devenu un rituel. Comme toutes les années, je suis allé au salon du livre ancien du Grand Palais, exceptionnelle réunion d'ouvrages anciens, où l'on peut voir quelques uns des plus beaux livres actuellement en vente sur le marché.Ces deux amis blogeurs ont fait leurs comptes-rendus (voir ici et là).
Chez le même libraire, j'ai déniché deux ouvrages qui sont venus rejoindre ma bibliothèque. Le premier est un bel exemplaire d'un recueil de 8 lithographies en camaïeu qui illustrent un album sur la Salette. Pour ceux qui l'ignorent (et ils sont sûrement peu nombreux), la Vierge est apparue à deux enfants en 1846 à la Salette, un petit village au dessus de Corps, entre Grenoble et Gap. C'est rapidement devenu un lieu de pèlerinage et donc l'objet de nombreux guides.
Adolphe Maugendre (1809-1895), célèbre illustrateur et lithographe normand, publia ce recueil avec le libraire Merle de Grenoble en 1863 :
La Salette. Album composé de 8 vues dessinées d'après nature et lithographiées par A. Maugendre, accompagné d'un texte descriptif par Mr. l'abbé ***
La Salette. Album composé de 8 vues dessinées d'après nature et lithographiées par A. Maugendre, accompagné d'un texte descriptif par Mr. l'abbé ***
La plus célèbre des lithographies est cette représentation de la place Grenette à Grenoble. C'était (et c'est encore) une des places centrales de la ville, une des plus animées. C'étaient de là que partaient les diligences, dont celles qui desservaient la Salette.
Pour les stendhaliens, l'immeuble qui occupe le fond de la place à gauche abritait l'appartement du grand-père de Stendhal, le bien aimé docteur Gagnon.Il en parle abondamment dans la Vie de Henry Brulard. J'aime beaucoup ces lithographies vivantes, avec ces petites scènes de genre : le départ de la diligence, les promeneurs, le militaire, le charretier, le gamin badaud, etc. J'y suis d'autant plus sensible qu'à cette époque-là, mes ancêtres ardéchois (eh oui !, j'ai des ancêtres ardéchois) vivaient dans la petite rue qui part au fond à gauche, près de la voûte qui donne accès au jardin de la ville. C'est peut-être mon ancêtre, qui était commissionnaire en peaux pour la ganterie grenobloise, que l'on voit sur la place !
Autre lithographie, cette vue de Corps :
et du lieu de l’apparition :
L'ouvrage se présente sous un cartonnage (légèrement sali, alors que l'intérieur est très frais) :
La page de titre est aussi une lithographie :
(remarque : malheureusement, les scans des lithographies ne rendent pas les nuances des couleurs).
L'autre achat est une de ces petites études d'érudition locale, publiée dans une revue savante dauphinoise et tirée à part à petit nombre (125). Il s'agit de :
Les allures et les mœurs de MM. de Maniquet et Audeyer, gentilshommes dauphinois. Contribution à l'étude de la vie domestique au XVIe et au XVIIe siècles, par Pierre Saint-Olive
avec sa jolie couverture rose conservée :
dans sa reliure en demi-maroquin rouge à coins :
C'est l'exemplaire n° II des 25 exemplaires de tête, sur vélin à la cuve BFK.
J'en parlerai plus longuement lorsque je le décrirai. Il s'agit du récit des démêlés judiciaires au sein d'une famille de la petite noblesse locale, noblesse en cours de déclassement :
Durant quatre ou cinq ans, de 1696 à 1701, tout Grenoble et toute la vallée du Grésivaudan, de Barraux à La Tronche, s'en amusèrent. Les inculpés étaient d'un rang suffisant et nécessaire pour attirer l'attention des grands; par leurs relations de famille, ils se plaçaient au-dessus du commun; par leur vie quotidienne, ils étaient plus proches du paysan que du grand seigneur; d'où les brocards d'en haut et l'attention gouailleuse d'en bas qu'excitait le caractère tragi-comique et acharné des poursuites. Une belle-mère tente de faire assassiner son gendre : le gendre raconte « pis que pendre » de sa belle-mère : en faut-il plus pour devenir le point de mire de la malignité publique?
Pour revenir au Grand-Palais, je vous renvoie aux 4 comptes-rendus de mes visites précédentes :
Salon 2008, un compte-rendu succinct, pour un ouvrage acheté cette année-là dont j'ai parlé plus longuement ici.
Salon 2009, un compte-rendu plus complet.
Salon 2011, où je parle plus des livres que je n'ai pas achetés, et pour cause, j'étais revenu bredouille...
1 commentaire:
Bravo Jean-Marc ! Belle trouvaille que cet album de lithographies coloriées ! J'adore ce genre d'ouvrages.
En espérant qu'on attendra pas 2013 pour se croiser à nouveau !
A bientôt donc,
Amitiés du Bibliomane moderne
Bertrand
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