Poursuivant dans la lignée des semaine précédentes, je pensais décrire le bel ouvrage de Daniel Baud-Bovy, illustré par Ernest Hareux : La Meije et les Ecrins. C'était faire honneur à un travail qui est un des plus beaux hommages au massif de Ecrins. De plus, un lecteur du site avait sollicité cette description. J'étais motivé.
Las ! Entre temps, j'ai reçu un catalogue de la libraire Clavreuil. Laissant tout en plan, en bon bibliophile que je suis, je me suis attelé à la lecture des 258 pages et 2118 notices du catalogue. Je n'ai pas été déçu. C'est une de mes acquisition que je vous présente aujourd'hui. Il s'agit d'une brochure, publiée par Alexandre Giroud à Grenoble en 1689 : Ordonnances d'Abeville, dont le titre complet est :
Ordonnances d'Abeville, sur le fait de la justice et abreviation des procès au pays de Dauphiné.
Faites par le Roy nostre Sire, Dauphin de Viennois, Comte de Valentinois & Dyois.
Publiées en la Cour de Parlement à Grenoble, le 9. jour d'Avril 1540.
Reveües de nouveau, & collationnées sur le vray Original
Vous me direz, quel intérêt ? Il est double.
Le premier est que l'ordonnance d'Abbeville du 23 février 1540 est la version dauphinoise de la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts, connue pour avoir décrété que tous les actes devraient désormais être rédigés en "langage maternel françois", marquant ainsi la naissance officielle du français. Le Parlement du Dauphiné, soucieux de défendre les libertés dauphinoises, refusa d'enregistrer cette ordonnance qui avait été promulguée au nom du roi de France et non du Dauphin du Viennois. Ce n'est pas cette marque d'indépendance qui impressionna la roi qui donna une nouvelle ordonnance à Abbeville en février 1540, que le Parlement du Dauphiné enregistra le 9 avril 1540. C'est la première étape d'une succession d'atteintes aux libertés de la Province. Dans ses attendus, le roi ne se cachait pas de vouloir que le "dit pays de Dauphiné, Comté de Valentinois & Dyois estre reduit, regi & gouverné par mesmes Loix, Statuts & Ordonnances, que les autres parties & endroits de nostre dit Royaume". La Révolution donna le coup de grâce aux quelques libertés dauphinoises qui existaient encore en 1789.
Le deuxième intérêt est que l'amateur inconnu de la fin du XIXe siècle, qui a fait relier cette brochure, a gardé les magnifiques couvertures d'attente. C'était alors peu courant de vouloir conserver les exemplaires dans leur jus. Elles sont composées d'un papier aux motifs floraux au recto, renforcé au verso d'une page récupérée, extraite d'un ouvrage plus ancien, en latin et en typographie renaissance. Je vous laisse admirer :
La page remployée :
Une bonne synthèse sur l'histoire du Dauphiné entre le Transport et la Révolution :
Cet ouvrage de 1999, très accessible, apporte un éclairage très intéressant sur l'évolution de la place du Dauphiné au sein du royaume de France.
Las ! Entre temps, j'ai reçu un catalogue de la libraire Clavreuil. Laissant tout en plan, en bon bibliophile que je suis, je me suis attelé à la lecture des 258 pages et 2118 notices du catalogue. Je n'ai pas été déçu. C'est une de mes acquisition que je vous présente aujourd'hui. Il s'agit d'une brochure, publiée par Alexandre Giroud à Grenoble en 1689 : Ordonnances d'Abeville, dont le titre complet est :
Ordonnances d'Abeville, sur le fait de la justice et abreviation des procès au pays de Dauphiné.
Faites par le Roy nostre Sire, Dauphin de Viennois, Comte de Valentinois & Dyois.
Publiées en la Cour de Parlement à Grenoble, le 9. jour d'Avril 1540.
Reveües de nouveau, & collationnées sur le vray Original
Vous me direz, quel intérêt ? Il est double.
Le premier est que l'ordonnance d'Abbeville du 23 février 1540 est la version dauphinoise de la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts, connue pour avoir décrété que tous les actes devraient désormais être rédigés en "langage maternel françois", marquant ainsi la naissance officielle du français. Le Parlement du Dauphiné, soucieux de défendre les libertés dauphinoises, refusa d'enregistrer cette ordonnance qui avait été promulguée au nom du roi de France et non du Dauphin du Viennois. Ce n'est pas cette marque d'indépendance qui impressionna la roi qui donna une nouvelle ordonnance à Abbeville en février 1540, que le Parlement du Dauphiné enregistra le 9 avril 1540. C'est la première étape d'une succession d'atteintes aux libertés de la Province. Dans ses attendus, le roi ne se cachait pas de vouloir que le "dit pays de Dauphiné, Comté de Valentinois & Dyois estre reduit, regi & gouverné par mesmes Loix, Statuts & Ordonnances, que les autres parties & endroits de nostre dit Royaume". La Révolution donna le coup de grâce aux quelques libertés dauphinoises qui existaient encore en 1789.
Le deuxième intérêt est que l'amateur inconnu de la fin du XIXe siècle, qui a fait relier cette brochure, a gardé les magnifiques couvertures d'attente. C'était alors peu courant de vouloir conserver les exemplaires dans leur jus. Elles sont composées d'un papier aux motifs floraux au recto, renforcé au verso d'une page récupérée, extraite d'un ouvrage plus ancien, en latin et en typographie renaissance. Je vous laisse admirer :
La page remployée :
Une bonne synthèse sur l'histoire du Dauphiné entre le Transport et la Révolution :
Cet ouvrage de 1999, très accessible, apporte un éclairage très intéressant sur l'évolution de la place du Dauphiné au sein du royaume de France.
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