A l'aube du XIXe siècle, les élites éclairées de la France, tout juste sortie de la Révolution française, étaient préoccupées de la maitrise du français par une population en cours d'intégration dans une nation unique et indivisible. Les "patois" étaient alors considérés comme un frein à la bonne intégration de chacun dans la grande nation française. On vit alors surgir des ouvrages sur la bonne connaissance du français, tel qu'il se parle selon l'Académie. En 1802, un certain Etienne Villa faisait paraître à Montpellier ses Nouveaux gasconismes corrigés. Bien plus au nord, en Lorraine, Jean-François Michel publiait à son tour un Dictionnaire des expressions vicieuses usitées dans un grand nombre de départemens, et notamment, dans la ci-devant province de Lorraine ; accompagnées de leur correction, d'après la V.e édition du dictionnaire de l'Académie. A l'usage de toutes les écoles.
Probablement inspirée par ces exemples, la Société d'Emulation ds Hautes-Alpes, sous l'égide du préfet le baron Ladoucette, lança en 1807 un concours, doté d'un prix de 300 francs, pour un ouvrage aidant à corriger les fautes de français les plus communes dans les Hautes-Alpes. Jean-Michel Rolland, alors directeur du collège de Gap et un des membres les plus actifs de la Société d'Emulation, obtint le prix en 1809.
Son Dictionnaire parut en 1810, chez Joseph Allier, à Gap :
Dictionnaire des expressions vicieuses et des fautes de prononciation les plus communes dans les Hautes et les Basses-Alpes, accompagnées de leurs corrections,
D'après la V.e Edition du Dictionnaire de l'Académie.
Ouvrage nécessaire aux jeunes personnes de l'un et l'autre sexe, aux instituteurs et aux institutrices, et utile à toutes les classes de la Société.
L'exemplaire que je présente est broché.
Cet ouvrage a fait l'objet d'une deuxième édition parue après le décès de l'auteur :
Dictionnaire des expressions vicieuses et des fautes de prononciation les plus communes dans les Départemens Méridionaux, accompagnées de leurs corrections.
D'après la V.e Edition du Dictionnaire de l'Académie.
Ouvrage nécessaire aux jeunes personnes de l'un et l'autre sexe, aux instituteurs et aux institutrices, et utile à toutes les classes de la Société.
Seconde édition.
Une observation attentive montre que cette nouvelle édition, sans date, de 1823 selon Brunet, n'est que la reprise telle quelle de l'édition précédente avec un titre et un avertissement différents. L'auteur était mort avant même la parution de la première édition. Constatant que ce dictionnaire s'est vendu non seulement dans les Hautes et Basses-Alpes, mais aussi en Provence et Languedoc, l'éditeur ne craint pas "de changer une partie de cet ancien titre, en le généralisant et en l'appliquant aux départemens méridionaux." L'avertissement rappelle clairement l'objectif : le patois, encore parlé "exclusivement" par "les dernières classes de la société dans le midi de la France", obligeant "les hommes même instruits, à l'employer à leur tour dans beaucoup d'occasions", est "la première causes de ces vices de langage si communs dans le discours et même dans la parole écrite". Ce dictionnaire veut y remédier.
Il s'agit d'un exemplaire de prix, du séminaire de Nîmes, offert à l'élève Henricus Guez en 1833, dans un reliure en basane racinée.
Sans transition, j'ai acheté récemment un ouvrage inconnu de toutes les bibliothèques :
Les origines de la famille Chaper, par G. M. J [Georges Morel-Journel]. C'est probablement un tirage hors commerce, réservé aux membres de la famille Chaper. Il a dû être édité dans les années 1950.
Je l'ai acheté pour compléter ma documentation sur le grand bibliophile dauphinois Eugène Chaper (1827-1890).
Cet ouvrage s'est avéré particulièrement intéressant. Il est essentiellement constitué des informations et renseignements extraits des actes notariés et de l'abondante correspondance de Barthélémy Chaper avec Achille Chaper, son fils et des correspondances croisées entre les différents membres de cette famille de la génération d'Achille Chaper. L'ouvrage couvre l'histoire de la famille depuis le début du XVIIe siècle, jusqu'à Achille Chaper. Il présente une double intérêt. Il illustre l'ascension sociale d'une famille depuis des modestes tourneurs sur bois lyonnais jusqu'à la bourgeoisie éclairée dauphinoise, représentée par Achille Chaper, avec ses alliances prestigieuses avec la famille Périer. Cette ascension s'est faite, génération après génération, essentiellement par le travail, par l'éducation, Achille Chaper est ancien élève de l'Ecole Polytechnique, et par le mariage, qui permet à Achille Chaper d'entrer dans deux grandes familles notables de l'Isère : les Périer et les Teisseire. On les voit d'ailleurs brasser des sommes d'argent importantes, dans des spéculations parfois hasardeuses. L'auteur n'occulte pas les réussites moins brillantes. L'autre intérêt de l'ouvrage est de nous faire pénétrer dans l'intimité des relations entre les membres de cette famille, avec parfois une grande liberté de ton, dans un style toujours châtié et soutenu. La correspondance la plus abondante est celle entre Barthélémy Chaper et son fils Achille, qu'il guide dans ses débuts dans la vie, au moment où il a acheté la forge de Pinsot, dans l'Isère. Il y a une belle lettre d'Achille Chaper à son père (pp. 58-59) où il lui demande en même temps de l'aide, de l'indulgence et plus de confiance, accompagné de ce bel appel à "sortir" de lui-même : "Tu ne te plaisais que dans de grandes occupations ou dans la solitude. Toi qui sens si vivement le bonheur de l'intérieur, tu semblais nous fuir ou nous dérober la trace de tes chagrins. Tout cela m'affectait vivement mais j'étais trop jeune pour pouvoir rien dire : j'attendais". Barthélémy Chaper n'y a pas répondu. On peut aussi citer la lettre d'Henriette Teisseire à son fils Eugène Chaper (p. 135), de février 1841, qui nous donne un aperçu de sa personnalité. Il a alors tout juste 14 ans : "Allons donc; une fois dans ta vie, parle donc ouvertement. Ne te poses pas en dieu du silence. A quoi bon sentir vivement pour être muet ? Dans quel cœur ami déposeras-tu tes confidences plus sûrement que dans celui de ta mère ? Pourquoi crains-tu toujours de te laisser aller avec moi ? Quand tu as dit un mot, tu le retires bien vite comme si tu t'étais brûlé et tu changes de sujet."
Pour finir, en feuillant un catalogue de libraire, j'ai trouvé une notice sur :
Catalogue des livres en feuilles de Louis Fantin, Libraire à Paris.
Paris), Louis Fantin, 1802 (An X.), in-4°, 4 pp.
La notice du libraire précise : "I have not been able to find much information about Fantin, but he definitely worked in Paris between 1805 and 1829 as we find books published by him with these dates." Ces détails proviennent probablement des quelques informations sur Louis Fantin que j'ai incluses dans ma notice de cet ouvrage qu'il a publié en 1807 : Le berger des Alpes, de Louis-Etienne Faure.
Je me suis piqué au jeu d'en savoir plus sur ce libraire briançonnais, installé à Paris. J'ai déjà trouvé qu'il était né à Château-Queyras en 1764 et mort à Paris en 1832. Lorsque j'aurai rassemblé plus d'éléments sur lui, je vous en parlerai.
Probablement inspirée par ces exemples, la Société d'Emulation ds Hautes-Alpes, sous l'égide du préfet le baron Ladoucette, lança en 1807 un concours, doté d'un prix de 300 francs, pour un ouvrage aidant à corriger les fautes de français les plus communes dans les Hautes-Alpes. Jean-Michel Rolland, alors directeur du collège de Gap et un des membres les plus actifs de la Société d'Emulation, obtint le prix en 1809.
Son Dictionnaire parut en 1810, chez Joseph Allier, à Gap :
Dictionnaire des expressions vicieuses et des fautes de prononciation les plus communes dans les Hautes et les Basses-Alpes, accompagnées de leurs corrections,
D'après la V.e Edition du Dictionnaire de l'Académie.
Ouvrage nécessaire aux jeunes personnes de l'un et l'autre sexe, aux instituteurs et aux institutrices, et utile à toutes les classes de la Société.
L'exemplaire que je présente est broché.
Cet ouvrage a fait l'objet d'une deuxième édition parue après le décès de l'auteur :
Dictionnaire des expressions vicieuses et des fautes de prononciation les plus communes dans les Départemens Méridionaux, accompagnées de leurs corrections.
D'après la V.e Edition du Dictionnaire de l'Académie.
Ouvrage nécessaire aux jeunes personnes de l'un et l'autre sexe, aux instituteurs et aux institutrices, et utile à toutes les classes de la Société.
Seconde édition.
Une observation attentive montre que cette nouvelle édition, sans date, de 1823 selon Brunet, n'est que la reprise telle quelle de l'édition précédente avec un titre et un avertissement différents. L'auteur était mort avant même la parution de la première édition. Constatant que ce dictionnaire s'est vendu non seulement dans les Hautes et Basses-Alpes, mais aussi en Provence et Languedoc, l'éditeur ne craint pas "de changer une partie de cet ancien titre, en le généralisant et en l'appliquant aux départemens méridionaux." L'avertissement rappelle clairement l'objectif : le patois, encore parlé "exclusivement" par "les dernières classes de la société dans le midi de la France", obligeant "les hommes même instruits, à l'employer à leur tour dans beaucoup d'occasions", est "la première causes de ces vices de langage si communs dans le discours et même dans la parole écrite". Ce dictionnaire veut y remédier.
Il s'agit d'un exemplaire de prix, du séminaire de Nîmes, offert à l'élève Henricus Guez en 1833, dans un reliure en basane racinée.
Sans transition, j'ai acheté récemment un ouvrage inconnu de toutes les bibliothèques :
Les origines de la famille Chaper, par G. M. J [Georges Morel-Journel]. C'est probablement un tirage hors commerce, réservé aux membres de la famille Chaper. Il a dû être édité dans les années 1950.
Je l'ai acheté pour compléter ma documentation sur le grand bibliophile dauphinois Eugène Chaper (1827-1890).
Cet ouvrage s'est avéré particulièrement intéressant. Il est essentiellement constitué des informations et renseignements extraits des actes notariés et de l'abondante correspondance de Barthélémy Chaper avec Achille Chaper, son fils et des correspondances croisées entre les différents membres de cette famille de la génération d'Achille Chaper. L'ouvrage couvre l'histoire de la famille depuis le début du XVIIe siècle, jusqu'à Achille Chaper. Il présente une double intérêt. Il illustre l'ascension sociale d'une famille depuis des modestes tourneurs sur bois lyonnais jusqu'à la bourgeoisie éclairée dauphinoise, représentée par Achille Chaper, avec ses alliances prestigieuses avec la famille Périer. Cette ascension s'est faite, génération après génération, essentiellement par le travail, par l'éducation, Achille Chaper est ancien élève de l'Ecole Polytechnique, et par le mariage, qui permet à Achille Chaper d'entrer dans deux grandes familles notables de l'Isère : les Périer et les Teisseire. On les voit d'ailleurs brasser des sommes d'argent importantes, dans des spéculations parfois hasardeuses. L'auteur n'occulte pas les réussites moins brillantes. L'autre intérêt de l'ouvrage est de nous faire pénétrer dans l'intimité des relations entre les membres de cette famille, avec parfois une grande liberté de ton, dans un style toujours châtié et soutenu. La correspondance la plus abondante est celle entre Barthélémy Chaper et son fils Achille, qu'il guide dans ses débuts dans la vie, au moment où il a acheté la forge de Pinsot, dans l'Isère. Il y a une belle lettre d'Achille Chaper à son père (pp. 58-59) où il lui demande en même temps de l'aide, de l'indulgence et plus de confiance, accompagné de ce bel appel à "sortir" de lui-même : "Tu ne te plaisais que dans de grandes occupations ou dans la solitude. Toi qui sens si vivement le bonheur de l'intérieur, tu semblais nous fuir ou nous dérober la trace de tes chagrins. Tout cela m'affectait vivement mais j'étais trop jeune pour pouvoir rien dire : j'attendais". Barthélémy Chaper n'y a pas répondu. On peut aussi citer la lettre d'Henriette Teisseire à son fils Eugène Chaper (p. 135), de février 1841, qui nous donne un aperçu de sa personnalité. Il a alors tout juste 14 ans : "Allons donc; une fois dans ta vie, parle donc ouvertement. Ne te poses pas en dieu du silence. A quoi bon sentir vivement pour être muet ? Dans quel cœur ami déposeras-tu tes confidences plus sûrement que dans celui de ta mère ? Pourquoi crains-tu toujours de te laisser aller avec moi ? Quand tu as dit un mot, tu le retires bien vite comme si tu t'étais brûlé et tu changes de sujet."
Pour finir, en feuillant un catalogue de libraire, j'ai trouvé une notice sur :
Catalogue des livres en feuilles de Louis Fantin, Libraire à Paris.
Paris), Louis Fantin, 1802 (An X.), in-4°, 4 pp.
La notice du libraire précise : "I have not been able to find much information about Fantin, but he definitely worked in Paris between 1805 and 1829 as we find books published by him with these dates." Ces détails proviennent probablement des quelques informations sur Louis Fantin que j'ai incluses dans ma notice de cet ouvrage qu'il a publié en 1807 : Le berger des Alpes, de Louis-Etienne Faure.
Je me suis piqué au jeu d'en savoir plus sur ce libraire briançonnais, installé à Paris. J'ai déjà trouvé qu'il était né à Château-Queyras en 1764 et mort à Paris en 1832. Lorsque j'aurai rassemblé plus d'éléments sur lui, je vous en parlerai.
1 commentaire:
Merci d'avoir un blog interessant
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