Adolphe Rochas (1816-1889) est un des grands érudits du Dauphiné. Il reste une des principales sources sur la biographie et la bibliographie du Dauphiné.
Il fit paraître en 1860 son ouvrage fondamental :
Biographie du Dauphiné, en 2 volumes, chez Charavay.
Son esprit légèrement railleur et volontiers frondeur ne se faisait pas faute d'égratigner quelque grandes familles :
"La publication de la Biographie du Dauphiné manqua d'attirer à son auteur plus d'une fâcheuse affaire. Il avait traité, il faut le reconnaître, d'honorables familles avec une désinvolture outrepassant les droits de la critique.
Il en advint ce qu'il advient toujours dans ces sortes d'affaires. Les familles vraiment historiques, sûres de leur généalogie, se turent et n'attachèrent aucune importance aux attaques de Rochas; les familles les plus ambitieuses qui cherchaient à se greffer sur des races éteintes par des rattachements ingénieux, les gentilshommes douteux, ornés d'un titre de comte ou de marquis par la bienveillance du Saint-Père poussèrent des cris d'aigle.
On se souvient encore de tout le bruit que fit à cette occasion un ancien notaire, fils lui-même d'un porte-balle, qui prétendait faire remonter sa généalogie jusqu'à l'une des maisons les plus chevaleresques du Dauphiné. Il en fut de même d'un juge dont Rochas accusait sans preuve l'aïeul de s'être habilement approprié les recherches historiques d'autrui."
Dans les notices consacrées à la famille de La Tour du Pin, Adolphe Rochas met en doute le rattachement de la famille subsistante avec la famille du même nom qui constitue la 3e race des Dauphins qui se termina par Humbert II, dernier Dauphin du Dauphiné. Cela ne plut pas au marquis de La Tour du Pin.
Ecoutons Joseph Roman qui rapporte cette anecdote, dans l'ouvrage qu'il a consacré à Adolphe Rochas sous le pseudonyme de Philolèthe :
"Un beau matin, Rochas vit deux grands messieurs sanglés dans des redingotes d'une coupe irréprochable et porteurs de cannes d'une nature suspecte, se présenter avec une extrême politesse, dans son petit bureau du ministère : "Voici, Monsieur, ce qui nous amène, dit le marquis de la Tour du Pin, car c'était lui, après avoir présenté son compagnon, M. Edouard de Barthélemy. Vous avez écrit dans votre Biographie du Dauphiné, ouvrage du reste fort intéressant, que la famille de la Tour du Pin n'était point de la même race que les derniers Dauphins de Viennois; c'était votre droit, des historiens éminents, entre autres Valbonnais, ont été de cet avis, mais vous avez exprimé cette opinion en termes blessants, incorrects, qui ne sauraient nous convenir. Vous voudrez bien les rétracter. – Mais, Monsieur le Marquis... – Pardon, laissez-moi achever, je vous prie. Vous ferez donc imprimer un carton que vous insérerez dans chacun des exemplaires de votre remarquable ouvrage; je vous apporte les termes de cette rectification auxquels vous voudrez bien ne rien changer, et moyennant cela il ne sera plus question de cette fâcheuse affaire. – Mais si je refuse. – Libre à vous, mais alors vous voudrez bien vous couper la gorge avec moi sur l'heure. – Permettez, je ne suis pas un spadassin, je suis un père de famille. – Monsieur, il ne faut rien écrire qu'on ne veuille soutenir les armes à la main. – Non, décidément, rétractation et duel, je refuse l'un et l'autre. – Fort bien; alors je vais me voir obligé, à mon grand regret, de vous administrer, en présence de M. de Barthélemy, une légère correction avec la canne que vous examinez depuis un moment avec tant d'attention. – Au secours ! Je vais sonner ! – N'en faites rien, si vous m'en croyez." La discussion ne se prolongea pas longtemps; Rochas mollit et accorda la rétractation demandée. Imprimée dans le même format que la Biographie, elle est devenue assez rare ; elle a huit pages et est datée du 23 avril.
Cette aventure, dont je tiens le récit de M. de Barthélemy, laissa beaucoup d'amertume dans le coeur de Rochas; il évitait d'en parler et jusqu'à la fin de sa vie il chercha un bailleur de fonds pour faire imprimer quelque chose, n'importe quoi (ce sont ses expressions), contre la famille de la Tour du Pin."
Cette petite plaquette a paru en 1861, aussi chez Charavay. J'ai eu la chance d'en trouver un exemplaire :
Note historique sur la maison de La Tour du Pin d'après des documents inédits.
Appendice à la Biographie du Dauphiné, de M. Rochas.
Paris, Charavay, Libraire-Editeur, 1861, in-8°, 7 pp.
Elle est signée en fin E. de Barthélemy et datée du 21 avril 1861.
Dans la note introductive, A. Rochas préfère évidemment taire sa mésaventure et en appeler à l'impartialité historique :
"Cet ouvrage [la Biographie du Dauphiné] était déjà en vente, lorsque la famille de la Tour du Pin, émue des difficultés que nous soulevons sur divers points de sa généalogie, nous a fait remettre un mémoire destiné à établir son origine et sa filiation. Notre impartialité et notre désir de ne rien négliger de ce qui peut contribuer à la découverte de la vérité historique, nous ont engagé à reproduire ici ce document".
Il fit paraître en 1860 son ouvrage fondamental :
Biographie du Dauphiné, en 2 volumes, chez Charavay.
Son esprit légèrement railleur et volontiers frondeur ne se faisait pas faute d'égratigner quelque grandes familles :
"La publication de la Biographie du Dauphiné manqua d'attirer à son auteur plus d'une fâcheuse affaire. Il avait traité, il faut le reconnaître, d'honorables familles avec une désinvolture outrepassant les droits de la critique.
Il en advint ce qu'il advient toujours dans ces sortes d'affaires. Les familles vraiment historiques, sûres de leur généalogie, se turent et n'attachèrent aucune importance aux attaques de Rochas; les familles les plus ambitieuses qui cherchaient à se greffer sur des races éteintes par des rattachements ingénieux, les gentilshommes douteux, ornés d'un titre de comte ou de marquis par la bienveillance du Saint-Père poussèrent des cris d'aigle.
On se souvient encore de tout le bruit que fit à cette occasion un ancien notaire, fils lui-même d'un porte-balle, qui prétendait faire remonter sa généalogie jusqu'à l'une des maisons les plus chevaleresques du Dauphiné. Il en fut de même d'un juge dont Rochas accusait sans preuve l'aïeul de s'être habilement approprié les recherches historiques d'autrui."
Dans les notices consacrées à la famille de La Tour du Pin, Adolphe Rochas met en doute le rattachement de la famille subsistante avec la famille du même nom qui constitue la 3e race des Dauphins qui se termina par Humbert II, dernier Dauphin du Dauphiné. Cela ne plut pas au marquis de La Tour du Pin.
Ecoutons Joseph Roman qui rapporte cette anecdote, dans l'ouvrage qu'il a consacré à Adolphe Rochas sous le pseudonyme de Philolèthe :
"Un beau matin, Rochas vit deux grands messieurs sanglés dans des redingotes d'une coupe irréprochable et porteurs de cannes d'une nature suspecte, se présenter avec une extrême politesse, dans son petit bureau du ministère : "Voici, Monsieur, ce qui nous amène, dit le marquis de la Tour du Pin, car c'était lui, après avoir présenté son compagnon, M. Edouard de Barthélemy. Vous avez écrit dans votre Biographie du Dauphiné, ouvrage du reste fort intéressant, que la famille de la Tour du Pin n'était point de la même race que les derniers Dauphins de Viennois; c'était votre droit, des historiens éminents, entre autres Valbonnais, ont été de cet avis, mais vous avez exprimé cette opinion en termes blessants, incorrects, qui ne sauraient nous convenir. Vous voudrez bien les rétracter. – Mais, Monsieur le Marquis... – Pardon, laissez-moi achever, je vous prie. Vous ferez donc imprimer un carton que vous insérerez dans chacun des exemplaires de votre remarquable ouvrage; je vous apporte les termes de cette rectification auxquels vous voudrez bien ne rien changer, et moyennant cela il ne sera plus question de cette fâcheuse affaire. – Mais si je refuse. – Libre à vous, mais alors vous voudrez bien vous couper la gorge avec moi sur l'heure. – Permettez, je ne suis pas un spadassin, je suis un père de famille. – Monsieur, il ne faut rien écrire qu'on ne veuille soutenir les armes à la main. – Non, décidément, rétractation et duel, je refuse l'un et l'autre. – Fort bien; alors je vais me voir obligé, à mon grand regret, de vous administrer, en présence de M. de Barthélemy, une légère correction avec la canne que vous examinez depuis un moment avec tant d'attention. – Au secours ! Je vais sonner ! – N'en faites rien, si vous m'en croyez." La discussion ne se prolongea pas longtemps; Rochas mollit et accorda la rétractation demandée. Imprimée dans le même format que la Biographie, elle est devenue assez rare ; elle a huit pages et est datée du 23 avril.
Cette aventure, dont je tiens le récit de M. de Barthélemy, laissa beaucoup d'amertume dans le coeur de Rochas; il évitait d'en parler et jusqu'à la fin de sa vie il chercha un bailleur de fonds pour faire imprimer quelque chose, n'importe quoi (ce sont ses expressions), contre la famille de la Tour du Pin."
Cette petite plaquette a paru en 1861, aussi chez Charavay. J'ai eu la chance d'en trouver un exemplaire :
Note historique sur la maison de La Tour du Pin d'après des documents inédits.
Appendice à la Biographie du Dauphiné, de M. Rochas.
Paris, Charavay, Libraire-Editeur, 1861, in-8°, 7 pp.
Elle est signée en fin E. de Barthélemy et datée du 21 avril 1861.
Dans la note introductive, A. Rochas préfère évidemment taire sa mésaventure et en appeler à l'impartialité historique :
"Cet ouvrage [la Biographie du Dauphiné] était déjà en vente, lorsque la famille de la Tour du Pin, émue des difficultés que nous soulevons sur divers points de sa généalogie, nous a fait remettre un mémoire destiné à établir son origine et sa filiation. Notre impartialité et notre désir de ne rien négliger de ce qui peut contribuer à la découverte de la vérité historique, nous ont engagé à reproduire ici ce document".
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