L'été se termine, les vacances, quant à elles, sont bien terminées. C'est le moment de passer en revue mes lectures de vacances, dauphinoises et alpines comme il se doit.
Sans ordre particulier, je commence par un petit livre de Bernard Rémy et Jean-Pascal Jospin : Cularo, Gratianopolis, Grenoble, PUL, 2005, dans la collection Galliæ Civitates, synthèse des connaissances sur le Grenoble antique durant l'époque romaine (IIème siècle avant JC – Vème siècle après JC).
Le mérite du livre est de parcourir l'ensemble des différents aspects de l'histoire de la ville sous l'antiquité : histoire municipale, plan et situation, monuments, enceinte, habitants, vie économique, vie religieuse, etc. en se basant sur les textes littéraires, fort peu nombreux en dehors des lettres de Muniatius Plancus à Cicéron, les restes archéologiques, rares et fragmentaires, hormis l'enceinte du IIIème siècle qui est mieux documentée, et les inscriptions antiques, au nombre de 99. C'est là que nos auteurs rendent hommage au premier travail de collecte et de publications d'inscriptions antiques : Antiquités de Grenoble ou Histoire ancienne de cette ville d'après ses monumens., de Jacques-Joseph Champollion-Figeac, publié à Grenoble en 1807 (pour voir une description précise de cet ouvrage, cliquez ici). Dans cet ouvrage bien documenté, Champollion-Figeac, conscient de l'intérêt de ces inscriptions pour retracer l'histoire de la ville, a inventorié 80 inscriptions, dont certaines ont disparu depuis. Il put en particulier sauver le texte de la dédicace de la porte Herculéenne, une des deux portes monumentales de la ville percées dans l'enceinte du IIIème siècle , à l'emplacement de la place Notre-Dame et détruite en 1802. Autre débat qu'instruit Champollion-Figeac dans son ouvrage : l'emplacement originel de Cularo sur la rive droite ou la rive gauche de l'Isère. Nos auteurs balaient la problématique d'un revers de mains "Il est vain de revenir sur un vieux et inutile débat pour savoir si Cularo était installé sur la rive droite ou la rive gauche de l'Isère, d'autant que la localité occupait peut-être les deux." (p. 36). Au passage, signalons que Jacques-Joseph Champllion-Figec est revenu sur ce débat dans un plaquette paru en 1814 : Nouveaux éclaircissemens sur la ville de Cularo, aujourd'hui Grenoble.
Puisque nous en sommes à l'archéologie, autre lecture : Mère Eglise en Dévoluy. Un pays et son église., publié en 2007 par l'Association des Amis de Mère Eglise.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit d'une église romane, particulièrement belle dans sa simplicité, enchâssée dans le cadre aride et sévère du Dévoluy, cette petite région des Hautes-Alpes, cernée de montagne (Pic de Bure, Grand-Ferrand, Obiou, etc.) et isolée du monde. Peu de livres sont consacrées à cette modeste région. Le mérite de celui-ci est de faire précéder les chapitres sur Mère Eglise par quelques synthèses bien documentées sur la géographie, la géologie, l'histoire et la vie religieuse de la région. Ce qui ne gâche rien, l'ouvrage est bien illustré.
Une de mes lointaines ancêtres, Anne Beaume, est née dans le Dévoluy au début du XVIIIe siècle. J'ai eu le plaisir, bien simple je l'avoue, de voir plusieurs fois ce nom de famille citée au fil de la chronique historique et religieuse.
C'est d'un tout autre sujet dont je vais vous entretenir maintenant : Goitreux et crétins dans les Alpes … et d'ailleurs, d'André Palluel-Guillard, publié par la Société Savoisienne d'histoire et d'archéologie en 2003 :
Vous allez dire, quel sujet ! Je vois même certain penser : mais qui peut bien s'intéresser à cela ? Et pourtant, ce sujet mérite toute notre attention d'amateur d'histoire, mais aussi de bibliophilie. Ces deux fléaux ont été endémiques dans les Alpes jusqu'au siècle dernier. Certaines vallées des Alpes étaient ravagées par le goitre, mais aussi par le crétinisme, offrant aux voyageurs des plaines une vision désolante (et parfois l'occasion d'un humour douteux). L'étude de A. Palluel-Guillard, après avoir décrit le goitre et le crétinisme, s'attache à l'histoire de la recherches des causes et des traitements de ces deux pathologies à travers de nombreux travaux de savants, souvent des médecins, depuis le moyen-âge jusqu'à la fin de du 19e siècle. On y trouve quelques noms illustres : Léonard de Vinci, Fodéré, Coindet, Niepce, etc. Dans l'analyse des causes, l'intérêt est de voir émerger peu à peu, et avec beaucoup de difficultés, l'explication par la carence en iode. Les explications par la mauvaise influence du climat, de la géographie des vallées, de la mauvaise hygiène des populations ont dominé jusqu'à ce que les progrès de la médecine permettent d'asseoir définitivement l'explication par la carence en iode. L'ouvrage donne aussi un aperçu intéressant sur la vision que l'on avait du goitre et du crétinisme. On y apprend que certaine populations valorisaient comme un atout physique le fait d'avoir un beau goitre. L'étude se termine par une bibliographie particulièrement complète, ce qui me permet de revenir à la bibliophilie. En effet, j'ai la chance de posséder dans ma bibliothèque trois ouvrages sur le sujet.
Le premier est un ouvrage du docteur Chabrand, de Briançon, paru en 1864 : Du goitre et du crétinisme endémiques et de leurs véritables causes. L'ouvrage du docteur Chabrand est particulièrement intéressant puisque, briançonnais d'origine, il applique son travail aux vallées briançonnaises. Visiblement, un de mes prédécesseurs en bibliophilie estimait peu la qualité scientifique de ce travail. Sur une page de garde, ce jugement envoie définitivement l'ouvrage dans l'enfer des livres inutiles et sans intérêt : "travail antiscientifique sans aucune observations précise. Des hypothèses non étayées. Troubles de la circulation ? Influence des températures ? Le type de travail dont on ne tire rien de valable = 0". Je préfére malgré tout le jugement de la notice nécrologique de Chabrand dans le Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, en 1898 : "Son étude sur le goitre et le crétinisme dans le Briançonnais mérite d'être signalée, non seulement au point de vue médical, mais encore au point de vue des observations qu'elle contient sur le climat, la végétation, les mœurs des habitants".
L'autre ouvrage, de bien plus grande ampleur, est une étude de Bernard Niepce, médecin à Allevard (au passage, neveu de Nicéphore Niepce), paru en 1851 : Traité du goitre et du crétinisme suivi de la Statistique des goitreux et des crétins dans la bassin de l'Isère en Savoie, dans les départements de l'Isère, des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes. Elle couvre l'ensemble des Alpes françaises et s'enrichit de nombreuses statistiques par vallées et régions.
Dans ces deux ouvrages, il est d'ailleurs intéressant de voir se développer cette morale hygiéniste, qui est un des legs fondamentaux de la pensée du 19e, appliquée au mode de vie des habitants des Alpes. Que de dissertations de nos savants médecins sur les habitudes séculaires du confinement hivernal des Alpins avec les animaux, dans les miasmes d'une promiscuité source de tous les maux ! Et les ravages de l'endogamie !
Le dernier ouvrage est une thèse de médecine, par un étudiant des Hautes-Alpes, Léon Jacques, soutenue à Lyon en 1894 : Contribution à l'étude du goitre dans les Hautes-Alpes.
A la lecture de cette courte thèse (62 pages), je reste étonné par le niveau extrêmement faible de ce type de travail qui ouvrait pourtant les portes à l'exercice de la médecine. Cette thèse n'est qu'une compilation, courte et mal construite, de travaux antérieurs (Chabrand, Nièpce) , sans recherches ni ouvertures vers de nouvelles pistes. Je vous laisse sur cette belle interrogation : le niveau monte ou le niveau baisse ?
Sans transition, un livre très instructif sur la genèse d'une association aujourd'hui encore très active dans le domaine de la mise en valeur du patrimoine, de la culture et de la défense de l'environnement de la Haute-Provence (pays de Lure et de Forcalquier, en particulier) : Alpes de Lumière. Cette association a une politique éditoriale très active et publie plusieurs fois par an des ouvrages, qu'elle envoie à ses membres et abonnés. A ce titre, j'ai reçu une étude de Karine-Larissa Basset, sur Pierre Martel, le fondateur et la cheville ouvrière du mouvement de sa création en 1953 jusqu'au début des années 1980 : Pierre Martel et le mouvement Alpes de Lumière. L'invention d'un territoire (1953-1983), 2009.
Ce travail est fondé sur les archives de Pierre Martel. Ce récit, particulièrement bien construit et vivant, éclaire les origines du mouvement, à la croisée du catholicisme sociale et de l'éducation populaire, suivies de son évolution à travers les influences des politiques d'aménagement du territoire, puis la pensée de 68, la construction des territoires et, pour finir, la défense et la mise en valeur du patrimoine. Typiquement, je n'aurai jamais envisagé lire un tel ouvrage, si je ne l'avais pas reçu dans mon abonnement. Je ne regrette pas cette plongée dans la généalogie des courants de pensées environnementalistes et patrimoniaux, si présents aujourd'hui.
Pour finir, un beau livre sur la Chartreuse, qui vient de sortir, avec des photographies de Guillaume Laget (pour avoir une bonne vision de son travail, voir le site www.tetras.org) et un texte de Sébastien Langlais.
J'ai trouvé particulièrement belles toutes ces photographies de levées de soleil sur des mers de nuages. Il faut imaginer les Grenoblois dans la purée de poix, pendant que notre photographe s'élève au dessus, pour voir naître un nouveau jour (et, si j'ai bien compris, être obligé d'y retourner pour vaquer à cette occupation que l'on appelle le travail). Dans la même veine, Guillaume Laget a aussi participé à des ouvrages sur le Vercors et les Ecrins et, avec Sébastien Langlais, ont visiblement d'autres projets.
Votre serviteur a modestement apporté sa contribution en fournissant deux reproductions de gravures anciennes, l'une extraite d'un Guide du voyageur à la Grande-Chartreuse, par Aristide Albert, et l'autre de l'incontournable Album du Dauphiné.
Je n'ai pas épuisé toutes mes lectures de vacances, mais je voudrais répondre à ceux qui pourraient penser que je ne sors pas la tête de mes montagnes ou de mon Dauphiné. Il m'arrive de lire autre chose ! Rapidement, trois lectures que j'ai particulièrement appréciées :
Je ne dirai qu'une chose : ne pas se laisser arrêter par l'idée qu'il s'agit du livre d'un homme politique, avec tout ce que cela implique d'opportunisme. Non, c'est d'abord l'histoire d'un destin et le récit intime de la construction d'une identité, à travers une recherche de ses racines (voir en particulier le passionnant récit de son voyage au Kenya, premier contact avec sa famille paternelle).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le bibliophile dauphinois habite Paris et est encore très heureux d'y habiter. Pour ceux qui veulent comprendre cette ville et qui savent qu'il n'y a pas de meilleur moyen de la connaître que de la parcourir à pied, dans la diversité de ses quartiers, ce livre sera votre guide à Paris :
Pour finir, un petit livre dont il a été tiré un très beau film.
Sans ordre particulier, je commence par un petit livre de Bernard Rémy et Jean-Pascal Jospin : Cularo, Gratianopolis, Grenoble, PUL, 2005, dans la collection Galliæ Civitates, synthèse des connaissances sur le Grenoble antique durant l'époque romaine (IIème siècle avant JC – Vème siècle après JC).
Le mérite du livre est de parcourir l'ensemble des différents aspects de l'histoire de la ville sous l'antiquité : histoire municipale, plan et situation, monuments, enceinte, habitants, vie économique, vie religieuse, etc. en se basant sur les textes littéraires, fort peu nombreux en dehors des lettres de Muniatius Plancus à Cicéron, les restes archéologiques, rares et fragmentaires, hormis l'enceinte du IIIème siècle qui est mieux documentée, et les inscriptions antiques, au nombre de 99. C'est là que nos auteurs rendent hommage au premier travail de collecte et de publications d'inscriptions antiques : Antiquités de Grenoble ou Histoire ancienne de cette ville d'après ses monumens., de Jacques-Joseph Champollion-Figeac, publié à Grenoble en 1807 (pour voir une description précise de cet ouvrage, cliquez ici). Dans cet ouvrage bien documenté, Champollion-Figeac, conscient de l'intérêt de ces inscriptions pour retracer l'histoire de la ville, a inventorié 80 inscriptions, dont certaines ont disparu depuis. Il put en particulier sauver le texte de la dédicace de la porte Herculéenne, une des deux portes monumentales de la ville percées dans l'enceinte du IIIème siècle , à l'emplacement de la place Notre-Dame et détruite en 1802. Autre débat qu'instruit Champollion-Figeac dans son ouvrage : l'emplacement originel de Cularo sur la rive droite ou la rive gauche de l'Isère. Nos auteurs balaient la problématique d'un revers de mains "Il est vain de revenir sur un vieux et inutile débat pour savoir si Cularo était installé sur la rive droite ou la rive gauche de l'Isère, d'autant que la localité occupait peut-être les deux." (p. 36). Au passage, signalons que Jacques-Joseph Champllion-Figec est revenu sur ce débat dans un plaquette paru en 1814 : Nouveaux éclaircissemens sur la ville de Cularo, aujourd'hui Grenoble.
Puisque nous en sommes à l'archéologie, autre lecture : Mère Eglise en Dévoluy. Un pays et son église., publié en 2007 par l'Association des Amis de Mère Eglise.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s'agit d'une église romane, particulièrement belle dans sa simplicité, enchâssée dans le cadre aride et sévère du Dévoluy, cette petite région des Hautes-Alpes, cernée de montagne (Pic de Bure, Grand-Ferrand, Obiou, etc.) et isolée du monde. Peu de livres sont consacrées à cette modeste région. Le mérite de celui-ci est de faire précéder les chapitres sur Mère Eglise par quelques synthèses bien documentées sur la géographie, la géologie, l'histoire et la vie religieuse de la région. Ce qui ne gâche rien, l'ouvrage est bien illustré.
Une de mes lointaines ancêtres, Anne Beaume, est née dans le Dévoluy au début du XVIIIe siècle. J'ai eu le plaisir, bien simple je l'avoue, de voir plusieurs fois ce nom de famille citée au fil de la chronique historique et religieuse.
C'est d'un tout autre sujet dont je vais vous entretenir maintenant : Goitreux et crétins dans les Alpes … et d'ailleurs, d'André Palluel-Guillard, publié par la Société Savoisienne d'histoire et d'archéologie en 2003 :
Vous allez dire, quel sujet ! Je vois même certain penser : mais qui peut bien s'intéresser à cela ? Et pourtant, ce sujet mérite toute notre attention d'amateur d'histoire, mais aussi de bibliophilie. Ces deux fléaux ont été endémiques dans les Alpes jusqu'au siècle dernier. Certaines vallées des Alpes étaient ravagées par le goitre, mais aussi par le crétinisme, offrant aux voyageurs des plaines une vision désolante (et parfois l'occasion d'un humour douteux). L'étude de A. Palluel-Guillard, après avoir décrit le goitre et le crétinisme, s'attache à l'histoire de la recherches des causes et des traitements de ces deux pathologies à travers de nombreux travaux de savants, souvent des médecins, depuis le moyen-âge jusqu'à la fin de du 19e siècle. On y trouve quelques noms illustres : Léonard de Vinci, Fodéré, Coindet, Niepce, etc. Dans l'analyse des causes, l'intérêt est de voir émerger peu à peu, et avec beaucoup de difficultés, l'explication par la carence en iode. Les explications par la mauvaise influence du climat, de la géographie des vallées, de la mauvaise hygiène des populations ont dominé jusqu'à ce que les progrès de la médecine permettent d'asseoir définitivement l'explication par la carence en iode. L'ouvrage donne aussi un aperçu intéressant sur la vision que l'on avait du goitre et du crétinisme. On y apprend que certaine populations valorisaient comme un atout physique le fait d'avoir un beau goitre. L'étude se termine par une bibliographie particulièrement complète, ce qui me permet de revenir à la bibliophilie. En effet, j'ai la chance de posséder dans ma bibliothèque trois ouvrages sur le sujet.
Le premier est un ouvrage du docteur Chabrand, de Briançon, paru en 1864 : Du goitre et du crétinisme endémiques et de leurs véritables causes. L'ouvrage du docteur Chabrand est particulièrement intéressant puisque, briançonnais d'origine, il applique son travail aux vallées briançonnaises. Visiblement, un de mes prédécesseurs en bibliophilie estimait peu la qualité scientifique de ce travail. Sur une page de garde, ce jugement envoie définitivement l'ouvrage dans l'enfer des livres inutiles et sans intérêt : "travail antiscientifique sans aucune observations précise. Des hypothèses non étayées. Troubles de la circulation ? Influence des températures ? Le type de travail dont on ne tire rien de valable = 0". Je préfére malgré tout le jugement de la notice nécrologique de Chabrand dans le Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, en 1898 : "Son étude sur le goitre et le crétinisme dans le Briançonnais mérite d'être signalée, non seulement au point de vue médical, mais encore au point de vue des observations qu'elle contient sur le climat, la végétation, les mœurs des habitants".
L'autre ouvrage, de bien plus grande ampleur, est une étude de Bernard Niepce, médecin à Allevard (au passage, neveu de Nicéphore Niepce), paru en 1851 : Traité du goitre et du crétinisme suivi de la Statistique des goitreux et des crétins dans la bassin de l'Isère en Savoie, dans les départements de l'Isère, des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes. Elle couvre l'ensemble des Alpes françaises et s'enrichit de nombreuses statistiques par vallées et régions.
Dans ces deux ouvrages, il est d'ailleurs intéressant de voir se développer cette morale hygiéniste, qui est un des legs fondamentaux de la pensée du 19e, appliquée au mode de vie des habitants des Alpes. Que de dissertations de nos savants médecins sur les habitudes séculaires du confinement hivernal des Alpins avec les animaux, dans les miasmes d'une promiscuité source de tous les maux ! Et les ravages de l'endogamie !
Le dernier ouvrage est une thèse de médecine, par un étudiant des Hautes-Alpes, Léon Jacques, soutenue à Lyon en 1894 : Contribution à l'étude du goitre dans les Hautes-Alpes.
A la lecture de cette courte thèse (62 pages), je reste étonné par le niveau extrêmement faible de ce type de travail qui ouvrait pourtant les portes à l'exercice de la médecine. Cette thèse n'est qu'une compilation, courte et mal construite, de travaux antérieurs (Chabrand, Nièpce) , sans recherches ni ouvertures vers de nouvelles pistes. Je vous laisse sur cette belle interrogation : le niveau monte ou le niveau baisse ?
Sans transition, un livre très instructif sur la genèse d'une association aujourd'hui encore très active dans le domaine de la mise en valeur du patrimoine, de la culture et de la défense de l'environnement de la Haute-Provence (pays de Lure et de Forcalquier, en particulier) : Alpes de Lumière. Cette association a une politique éditoriale très active et publie plusieurs fois par an des ouvrages, qu'elle envoie à ses membres et abonnés. A ce titre, j'ai reçu une étude de Karine-Larissa Basset, sur Pierre Martel, le fondateur et la cheville ouvrière du mouvement de sa création en 1953 jusqu'au début des années 1980 : Pierre Martel et le mouvement Alpes de Lumière. L'invention d'un territoire (1953-1983), 2009.
Ce travail est fondé sur les archives de Pierre Martel. Ce récit, particulièrement bien construit et vivant, éclaire les origines du mouvement, à la croisée du catholicisme sociale et de l'éducation populaire, suivies de son évolution à travers les influences des politiques d'aménagement du territoire, puis la pensée de 68, la construction des territoires et, pour finir, la défense et la mise en valeur du patrimoine. Typiquement, je n'aurai jamais envisagé lire un tel ouvrage, si je ne l'avais pas reçu dans mon abonnement. Je ne regrette pas cette plongée dans la généalogie des courants de pensées environnementalistes et patrimoniaux, si présents aujourd'hui.
Pour finir, un beau livre sur la Chartreuse, qui vient de sortir, avec des photographies de Guillaume Laget (pour avoir une bonne vision de son travail, voir le site www.tetras.org) et un texte de Sébastien Langlais.
J'ai trouvé particulièrement belles toutes ces photographies de levées de soleil sur des mers de nuages. Il faut imaginer les Grenoblois dans la purée de poix, pendant que notre photographe s'élève au dessus, pour voir naître un nouveau jour (et, si j'ai bien compris, être obligé d'y retourner pour vaquer à cette occupation que l'on appelle le travail). Dans la même veine, Guillaume Laget a aussi participé à des ouvrages sur le Vercors et les Ecrins et, avec Sébastien Langlais, ont visiblement d'autres projets.
Votre serviteur a modestement apporté sa contribution en fournissant deux reproductions de gravures anciennes, l'une extraite d'un Guide du voyageur à la Grande-Chartreuse, par Aristide Albert, et l'autre de l'incontournable Album du Dauphiné.
Je n'ai pas épuisé toutes mes lectures de vacances, mais je voudrais répondre à ceux qui pourraient penser que je ne sors pas la tête de mes montagnes ou de mon Dauphiné. Il m'arrive de lire autre chose ! Rapidement, trois lectures que j'ai particulièrement appréciées :
Je ne dirai qu'une chose : ne pas se laisser arrêter par l'idée qu'il s'agit du livre d'un homme politique, avec tout ce que cela implique d'opportunisme. Non, c'est d'abord l'histoire d'un destin et le récit intime de la construction d'une identité, à travers une recherche de ses racines (voir en particulier le passionnant récit de son voyage au Kenya, premier contact avec sa famille paternelle).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le bibliophile dauphinois habite Paris et est encore très heureux d'y habiter. Pour ceux qui veulent comprendre cette ville et qui savent qu'il n'y a pas de meilleur moyen de la connaître que de la parcourir à pied, dans la diversité de ses quartiers, ce livre sera votre guide à Paris :
Pour finir, un petit livre dont il a été tiré un très beau film.
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