Avant de céder le Dauphiné à la France, le dernier Dauphin Humbert II a octroyé des droits, franchises et privilèges à ses habitants. C'est le Statut Delphinal, établi le 14 mars 1349. Ce texte représente le passage de franchises locales pour un groupe ou une communauté à des dispositions étendues au Dauphiné tout entier. En 53 articles, le Statut Delphinal stipule en autres la suppression de la Gabelle et de la mainmorte. Le 16 juillet 1349, lors de la prise de possession du Dauphiné par le premier Dauphin de la famille royale de France, Charles (futur Charles V), celui-ci dut jurer de respecter le Statut Delphinal.
Ensuite, tous les Dauphins étaient tenus de jurer de respecter le Statut Delphinal, ainsi que les autres institutions de la province. Cependant, la montée de l'absolutisme royal empiéta peu à peu sur les libertés du Dauphiné. Déjà, le passage dans les textes de la qualification de Principauté à celle de Province était bien le signe tangible d'une intégration toujours plus forte du Dauphiné à la France et ses institutions. Le mouvement d'intégration du Dauphiné à la France s'accéléra à partir du règne de François Ier. L'épisode du refus de ratifier l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 n'était qu'un baroud d'honneur. L'ordonnance d'Abbeville, un an plus tard en 1540, mit fin aux velléités du parlement de Grenoble de refuser les ordonnances royales (voir l'ouvrage Ordonnances d'Abeville). Cette perte des libertés provinciales fut définitive lors de la Révolutoin française, en particulier suite à la nuit du 4 août 1789. Paradoxalement, les parlementaires dauphinois hâtèrent cette perte des libertés par leur mouvement de rébellion, illustré par la journée de tuiles à Vizille (7 juin 1788) qui est encore considérée comme un des actes fondateurs de la Révolution française. En pensant défendre leurs libertés, il ne firent qu'accélérer le mouvement d'uniformisation des lois et coutumes en France au détriment des Provinces.
La première édition de ce Statut date de 1508. Sur cette édition, voir ce message :
Fiche libraire : Statuta delphinatus ou les Statuts du Dauphiné, Grenoble, vers 1508.
ainsi que la belle page de titre (catalogue Teissèdre) :
Après deux éditions de 1529 et 1531, l'édition la plus largement diffusée fut imprimée par Pierre Charvys à Grenoble : Statuta Delphinalia, Grenoble, 1619.
J'ai eu la chance de trouver un exemplaire en velin blanc d'époque.
Il provient de de la bibliothèque de la famille Prunier de Saint-André avec l'ex-libris armorié et sa devise "Turris Mea Deus" sur le premier contre-plat (85 x 60 mm) :
Les Prunier de Saint-André appartiennent à un puissante famille de parlementaires dauphinois depuis le début du XVIe siècle (voir Famille Prunier de Saint-André). Selon des informations qui restent à confirmer, la bibliothèque a été constituée à l'origine par Artus II Prunier de Saint-André (1548-1616), premier président au parlement de Provence, puis premier président au parlement de Grenoble en 1603. Cet exemplaire provient probablement de ce noyau initial, par sa date de parution. Ensuite, son petite-fils Nicolas (1628-1692), lui-même président au parlement de Grenoble de 1679 à 1692, aurait complété cette bibliothèque et apposé son ex-libris. Elle est ensuite passée dans la famille de Saint-Ferriol, jusqu'à sa dispersion.
Un portrait d'Artus II Prunier de Saint-André :
Qu'espérer de mieux pour un exemplaire du Statuta Delphinalia : une reliure d'époque, une belle provenance lorsque on sait que cet exemplaire a été entre les mains d'un des plus fameux présidents du Parlement de Grenoble ! N'y-a-t-il pas meilleur possesseur d'un tel texte que celui-là même qui doit en garantir le respect ? Je peux aussi remercier le bibliographe Edmond Maignien. Le seul défaut de cet exemplaire est la mauvaise qualité du papier, avec les rousseurs éparses. Grâce à Edmond Maignien, je sais que c'est le lot commun de tous les exemplaires de cette édition "Edition imprimée sur un papier détestable." Je ne pouvais donc trouver un exemplaire plus parfait !
Il ne me reste plus qu'à trouver les trois premières éditions, en particulière la première, à un prix raisonnable.
Pour conclure, après deux autres édition en 1623 et 1694, qui sont probablement l'édition de 1619 habillée avec un nouveau titre, il n'y a pas eu, à ma connaissance et selon mes recherches, d'autres éditions ni en latin, ni en français. En 1789, sentant peut-être arriver les menaces sur les privilèges des provinces, une souscription a été lancée pour une nouvelle édition : Statuts et Privilèges du Dauphiné. Prospectus pour une nouvelle édition proposée par souscription
Ensuite, tous les Dauphins étaient tenus de jurer de respecter le Statut Delphinal, ainsi que les autres institutions de la province. Cependant, la montée de l'absolutisme royal empiéta peu à peu sur les libertés du Dauphiné. Déjà, le passage dans les textes de la qualification de Principauté à celle de Province était bien le signe tangible d'une intégration toujours plus forte du Dauphiné à la France et ses institutions. Le mouvement d'intégration du Dauphiné à la France s'accéléra à partir du règne de François Ier. L'épisode du refus de ratifier l'ordonnance de Villers-Cotterêts en 1539 n'était qu'un baroud d'honneur. L'ordonnance d'Abbeville, un an plus tard en 1540, mit fin aux velléités du parlement de Grenoble de refuser les ordonnances royales (voir l'ouvrage Ordonnances d'Abeville). Cette perte des libertés provinciales fut définitive lors de la Révolutoin française, en particulier suite à la nuit du 4 août 1789. Paradoxalement, les parlementaires dauphinois hâtèrent cette perte des libertés par leur mouvement de rébellion, illustré par la journée de tuiles à Vizille (7 juin 1788) qui est encore considérée comme un des actes fondateurs de la Révolution française. En pensant défendre leurs libertés, il ne firent qu'accélérer le mouvement d'uniformisation des lois et coutumes en France au détriment des Provinces.
La première édition de ce Statut date de 1508. Sur cette édition, voir ce message :
Fiche libraire : Statuta delphinatus ou les Statuts du Dauphiné, Grenoble, vers 1508.
ainsi que la belle page de titre (catalogue Teissèdre) :
Après deux éditions de 1529 et 1531, l'édition la plus largement diffusée fut imprimée par Pierre Charvys à Grenoble : Statuta Delphinalia, Grenoble, 1619.
J'ai eu la chance de trouver un exemplaire en velin blanc d'époque.
Il provient de de la bibliothèque de la famille Prunier de Saint-André avec l'ex-libris armorié et sa devise "Turris Mea Deus" sur le premier contre-plat (85 x 60 mm) :
Les Prunier de Saint-André appartiennent à un puissante famille de parlementaires dauphinois depuis le début du XVIe siècle (voir Famille Prunier de Saint-André). Selon des informations qui restent à confirmer, la bibliothèque a été constituée à l'origine par Artus II Prunier de Saint-André (1548-1616), premier président au parlement de Provence, puis premier président au parlement de Grenoble en 1603. Cet exemplaire provient probablement de ce noyau initial, par sa date de parution. Ensuite, son petite-fils Nicolas (1628-1692), lui-même président au parlement de Grenoble de 1679 à 1692, aurait complété cette bibliothèque et apposé son ex-libris. Elle est ensuite passée dans la famille de Saint-Ferriol, jusqu'à sa dispersion.
Un portrait d'Artus II Prunier de Saint-André :
Qu'espérer de mieux pour un exemplaire du Statuta Delphinalia : une reliure d'époque, une belle provenance lorsque on sait que cet exemplaire a été entre les mains d'un des plus fameux présidents du Parlement de Grenoble ! N'y-a-t-il pas meilleur possesseur d'un tel texte que celui-là même qui doit en garantir le respect ? Je peux aussi remercier le bibliographe Edmond Maignien. Le seul défaut de cet exemplaire est la mauvaise qualité du papier, avec les rousseurs éparses. Grâce à Edmond Maignien, je sais que c'est le lot commun de tous les exemplaires de cette édition "Edition imprimée sur un papier détestable." Je ne pouvais donc trouver un exemplaire plus parfait !
Il ne me reste plus qu'à trouver les trois premières éditions, en particulière la première, à un prix raisonnable.
Pour conclure, après deux autres édition en 1623 et 1694, qui sont probablement l'édition de 1619 habillée avec un nouveau titre, il n'y a pas eu, à ma connaissance et selon mes recherches, d'autres éditions ni en latin, ni en français. En 1789, sentant peut-être arriver les menaces sur les privilèges des provinces, une souscription a été lancée pour une nouvelle édition : Statuts et Privilèges du Dauphiné. Prospectus pour une nouvelle édition proposée par souscription
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