dimanche 15 novembre 2009

Poésies en langage patois du Dauphiné, 1829

Une rare petite plaquette aujourd'hui :
Poésies en langage patois du Dauphiné, Grenoble, Prudhomme, 1829, 30 pages :

Il s'agit du premier recueil de poésies en dialecte dauphinois, qui, dans le cas présent, est celui de Grenoble. Il contient 3 textes :
- Grenoblo Malhérou, de Blanc la Goutte.
- Dialoguo de le quatro comare, Pissien, Jappeta, Falibien, Franqueta., de Blanc la Goutte
- Monologue de Janin, Tiré de la Pastorale de Janin, ou la Faye de Sassenage, comédie en vers, en cinq actes, de Jean Millet.

Les deux premiers textes avaient déjà fait l'objet de nombreuses rééditions depuis leurs premières publications, respectivement en 1733 et 1741. J'ai déjà décrit une réédition par Courreng, où je reprends l'historique des différentes publications de ces textes jusqu'à aujourd'hui (pour voir la notice, cliquez ici)


Le troisième texte est extrait de la la Pastorale et tragicomédie de Janin, Grenoble, Richard Cocson, 1633. Cette Pastorale a souvent été rééditée au XVIIe et XVIIIe siècles. Elle a été analysée par Jacques-Joseph Champollion-Figeac dans les Nouvelles recherches sur les patois ou idiomes vulgaires de la France et en particulier sur ceux du département de l'Isère, parues en 1809 (pp. 81-94), mais sans en donner d'extraits. C'est la première fois qu'un extrait est publié, depuis la dernière réédition.

Ce premier recueil de texte en patois du Dauphiné a été repris par Paul Colomb de Batines en 1840, qui l'a préfacé, puis en 1859, par le libraire Merle de Grenoble, qui l'a lui aussi complété de diverses pièces :
Poésies en patois du Dauphiné, deuxième édition revue et augmentée


Cette petite plaquette de 1829 est rare. On ne la trouve pas à la BNF. Il y a tout de même un exemplaire dans le Fonds dauphinois de la Bibliothèque Municipale de Grenoble.

Je profite de ce message pour faire un point sur l'usage du mot "patois". Aujourd'hui, ce mot est banni du vocabulaire savant au profit de "langue" ou "dialecte", selon l'importance et l'aire d'influence. Néanmoins, j'ai conservé souvent ce mot, car il est encore largement utilisé dans l'usage courant. J'en veux pour preuve les nombreuses recherches du type "patois du Dauphiné", "patois des Hautes-Alpes", etc. sur les moteurs de recherche, qui aboutissent à mon site. Je ne vois d'ailleurs rien de péjoratif à ce mot, comme l'affirme la notice Wikipédia.

A propos de dialecte haut-alpin, je présente ici la page de titre d'un très rare ouvrage d'un poète local d'Orpierre, Victor Monard (1810-1867), très largement oublié aujourd'hui alors qu'il a, le premier, publié des textes originaux en provençal haut-alpin (région d'Orpierre). Auparavant, ce n'étaient que des traductions, comme la célèbre traduction de la parabole de l'enfant prodigue, qui a permis d'illustrer sous l'Empire la diversité des parlers régionaux.

Un jour, je parlerai plus longuement de Victor Monard.


Pour finir, n'oubliez pas le 18e salon du régionalisme alpin, avec pour thème "Le tourisme dans les Alpes". J'y serai vendredi 20 après-midi.

9 commentaires:

Textor a dit…

Merci Jean Marc pour ce papier, je reste attentif à tout ce qui s’écrit sur la Pastoral de Janin dont je possède un exemplaire, comme vous savez ( Vous m’aviez aidé à retrouver 2 anciens possesseurs).
Je me suis toujours demandé comment on devait lire ce patois du Dauphiné, la transcription phonétique dans l’ouvrage du 17ème siècle devait être approximative, et de fait la transcription supra-dialectale est quelque peu différente.

Vous devez connaître ce site :

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/monde/franco-prov-dauphinois.htm

Bonne soirée
Textor

Jean-Marc Barféty a dit…

Merci de m'avoir indiqué ce site. Je ne le connaissais pas.
J'avoue n'avoir pas d'opinion arrêtée sur la meilleure façon de transcrire le patois du Dauphiné. J'avoue que la transcription de l'époque, même si elle n'est pas scientifiquement fondée, a le charme des choses anciennes. J'imagine que ceux qui publiaient au XVIIe siècle avaient alors l'impression d'être fidèle à ce qu'ils prononçaient et entendaient.

Jean-Marc

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Vu sur le net :

http://cgi.ebay.fr/POESIES-EN-PATOIS-DAUPHINE-PAR-BLANC-ILL-RAHOULT-1864_W0QQitemZ370265341274QQcmdZViewItemQQptZFR_GW_Livres_BD_Revues_LivresAnciens?hash=item563588bd5a

B.

Jean-Marc Barféty a dit…

Bertrand, merci pour l'info. J'ai déjà décrit un exemplaire sur mon site : http://www.bibliotheque-dauphinoise.com/poesies_patois_dauphine_1864.html

C'est un ouvrage assez courant, alors que Damascène Morgand le qualifiait de rare avec ce commentaire :
"Cette édition est ornée à chaque page de superbes gravures sur bois qui font de ce livre un des beaux ouvrages illustrés de notre époque, aussi est-il difficile d'expliquer l'omission qui en a été faite par M. Brivois dans sa Bibliographie des ouvrages illustrés du XIXe siècle; l'ouvrage étant devenu rare, il est possible que ce bibliographe ne l'ait pas eu entre les mains."

C'est effectivement un bel illustré, qu'il faut trouver bien relié et sans rousseurs, ce qui n'est pas acquis. Il existe des exemplaires sur papier de Chine.

Jean-Marc

Anonyme a dit…

besoin de verifier:)

Jean-Marc Barféty a dit…

Dernier commentaire sybillin !

Anonyme a dit…

Vous connaissez sans doute le site de René Merle, à propos des dialectes d'Oc notamment.

Jean-Marc Barféty a dit…

Je connais le très intéressant site de René Merle, que je référence sur mon site. Il a d'ailleurs utiliser des photographies du Grenoblo Malherou pour illustrer son site.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Vu sur le catalogue des nouveautés été 2010 de la librairie du Manoir de Pron (Gérard Oberlé) :

PATOIS DU DAUPHINÉ Comédie de Seigne Peyre et Seigne Ioan.
Paris, Pinard, 1832 ; plaquette petit in-8, cartonnage papier marbré du XIXe

150 euros

15 (1) pp.
Rare copie figurée de l’édition de Lyon, Rigaud, 1580 de cette pièce en patois de la région de
Montélimar.
Belle plaquette typographique qui ne fut tirée qu’à 42 exemplaires. Un des 32 sur Hollande
La fin du texte précise que la pièce fut jouée à Montélimar par deux paysans en 1576.
Baudrier III, 356 - Brunet II, 179.
Dos fendu. Ex-libris de l’archiviste de la Charente (cachet) sur la garde.
Référence dans notre catalogue : 35504079

B.