dimanche 24 janvier 2010

"La Flore littéraire du Dauphiné. La Poésie", de Léon Côte et Paul Berthet

Léon Côte et Paul Berthet, deux érudits dauphinois, se sont engagés dans un travail de bénédictins : constituer une anthologie de la littérature dauphinoise. Seul le premier volume, en 3 tomes, est paru en 1911. Il traite de la poésie, sous forme d'une anthologie des poètes dauphinois et des poèmes sur le Dauphiné.

La flore littéraire du Dauphiné. La Poésie.(Anthologie et Bio-Bibliographie) (pour une description plus complète, cliquez-ici).



L'ouvrage est divisé en 3 parties, qui forment 3 tomes :
- Tome I :
Poésies relatives au Dauphiné. Il s'agit d'une anthologie des poèmes sur le Dauphiné, classée par grand thème.
- Tome II :
Poètes dauphinois. Anthologie par poète, classé par grand type de poète : troubadours, félibres, poètes patois, poètes latins, poètes descriptifs, poètes de l'histoire, de l'amour, poètes moraux, religieux, satiriques, badins, fabulistes, etc.
- Tome III :
Dictionnaire bio-bibliographique des poètes dauphinois. Il contient de l'ordre d'un millier d'entrées.

Comme ils l'annoncent dans l'introduction, les auteurs voulaient couvrir tous les genres littéraires. Leur plan initial était un ouvrage en 5 volumes :
I.
La Poésie.
II.
Le Drame.
III.
Romans et Variétés.
IV.
Eloquence politique.
V.
Eloquence du barreau, éloquence de la chaire. - Additions.

Seul le premier volume a paru.

Premier constat, le Dauphiné n'est pas la patrie des poètes. Parmi le petit millier de poètes cités, aucun n'a eu de renommée nationale. Beaucoup sont oubliés. Quelques un peut-être sont encore connus des spécialistes, comme Gentil-Bernard ou Pierre Cornu. D'ailleurs, cela est aussi vrai pour la littérature en général, puisque seul Stendhal émerge. Faut-il en conclure que les Dauphinoise sont peu enclins à l'expression artistique ?

Ensuite, il est toujours intéressant de se demander si la démarche de nos auteurs est pertinente, dans la mesure où le Dauphiné est tellement divers que parler d'une poésie dauphinoise n'a probablement pas beaucoup de sens. Je rappelle que le Dauphiné est formé des trois département de l'Isère, la Drôme et les Hautes-Alpes, ce qui ne correspond à aucune unité géographique, ni culturelle, ni dialectale. Néanmoins, tout au long du XIXe siècle et la première moitié du XXe, les érudits ont cultivé une hypothétique identité dauphinoise, qui leur semblait peut-être d'autant plus nécessaire que le Dauphiné, en tant qu'entité politique, avait disparu à la Révolution. Aujourd'hui, je crois que le Dauphiné ne représente plus rien. Il est d'ailleurs fréquemment confondu avec l'Isère. Ce n'est probablement pas un hasard si les Hautes-Alpes ont été rattachées à Provence-Alpes-Côte d'Azur et si le sud de la Drôme s'appelle la Drôme provençale. Au delà de l'accroche publicitaire, c'est aussi le signe qu'il n'y a pas d'unité "naturelle", qui ferait que l'on associerait spontanément la Drôme au Dauphiné.

Tout l'intérêt de cet ouvrage est de fournir des petites biographiques bien documentées sur une foule de personnages secondaires de l'histoire littéraire de la région, que l'on ne retrouve pas dans les biographies nationales, ni même dans la
Biographie du Dauphiné, d'Adolphe Rochas. Qui pourrait aujourd'hui nous renseigner sur Charles-Constant Laubiès, né le 18 février 1871 à Grenoble, chef-adjoint du cabinet du préfet, marié à l'artiste bien connue, Mme Laubiès-Jambon et auteur de l'immortel ouvrage Sous les Nids, (vers à mettre en musique) , publié à Grenoble chez Baratier et Dadelet ?

Pour le
XVIIe siècle, la connaissance de la société littéraire dauphinoise est éclairée par la publication par Humbert de Terrebasse d'un recueil de poésies du XVIIe siècle formé par Aymar de Blanc de Blanville et Marie Prunier, sa seconde épouse, à la Côte-Saint-André, entre 1620 et 1670. Cette publication, enrichie de nombreuses notes, a paru chez L. Brun à Lyon en 1896 sous le titre : Poésies dauphinoises du XVIIme siècle (pour une description plus complète, cliquez-ici).


C'est une belle édition érudite comme je les aime. Elle nous fait pénétrer dans une société élégante où tout passait et finissait par des vers. C'est un peu le monde des Précieuses ridicules, mais en version provinciale.
La foule de renseignements que contient cet ouvrage a d'ailleurs été largement utilisée par Léon Côte et Paul Berthet.

1 commentaire:

Textor a dit…

Belle trouvaille que cet ouvrage ! J'imagine que Madame Laugier de Grandchamp y trouve sa place avec son poème immortel sur le passage du Lautaret.

Cette absence de particularité de la litterature dauphinoise vaut aussi pour l'Etat voisin. Gabriel Pérouse dans son histoire littéraire de la Savoie faisait le constat que la littérature savoyarde n'existait pas ou plutot se confondait avec la littérature française écrite par des auteurs originaires de la Savoie, comme Buttet, Vaugelas, etc...