jeudi 29 décembre 2011

Glanes dauphinoises IV et autres digressions

Avant de clore cette année qui s'est avérée bibliophiliquement riche, il fallait bien que mes quelques jours lyonnais soient encore l'occasion de derniers achats. J'ai ainsi pu acquérir deux ouvrages anciens, dans leur modeste reliure de parchemin d'époque. Ce sont deux traités de droit de Denis de Salvaing de Boissieu (1600-1683), un jurisconsulte dauphinois, premier président de la Chambre des Comptes de Grenoble, de fraîche noblesse, qui s'est montré, comme cela arrive souvent, un des experts les plus pointus en droits seigneuriaux.

En 1652, chez le libraire Nicolas de Grenoble, paraît le Traité du plait seigneurial. C'est un exemplaire de cette édition originale que je vous présente :



Il est dans son parchemin d'origine :



Le premier acheteur a porté cette mention manuscrite sur la page de garde. On apprend ainsi que ce Gaillard (ou Gaillaud) a acheté ce livre à Grenoble le 3 juillet 1652. Voilà un sieur qui se tenait au courant des nouveautés de l'année !



Denis de  Salvaing de Boissieu a ensuite élargi son propos, tout préoccupé qu'il était du statut juridique de ses récentes seigneuries. Il publie alors en 1664 : De l'usage des fiefs et autres droits seigneuriaux en Dauphiné.


Toujours dans son parchemin d'origine :




Un des deux ouvrages provient de la bibliothèque de Charles Jaillet, un érudit dauphinois, mort plus que centenaire en 2006. J'ai ainsi pu compléter ma page consacrée aux ex-libris dauphinois (cliquez-ici). Cet ex-libris gravé par H. Léty représente quelques monuments célèbres de Vienne, dont la fameuse Aiguille qui était au centre du cirque romain. Par ailleurs, je vous laisse faire le lien entre la devise et la date.



Jean Faure, du Serre

Un article récent dans Provence généalogie m'a remis en mémoire un petit ouvrage que je possède, qui rassemble les Œuvres choisies de ce notaire et sous-préfet, poète à ses heures.


Cet exemplaire de la petite édition chez Delaplace à Gap en 1858 est surtout notable par la belle reliure en maroquin au dos richement orné, reliure signée de Magnin (s'agit-il de Marius Magnin, relieur lyonnais ? Je ne sais, car je crois lire S. Magnin)


J'aurais l'occasion de vous parler de Jean Faure, du Serre, dont je possède quelques ouvrages, dont les rares premières éditions de son poème La Tallardiade.


Digressions

J'ai eu envie de faire deux digressions qui nous éloignent du Dauphiné, mais qui démontrent l'extraordinaire puissance d'Internet pour ceux qui aiment chercher et fouiner comme moi. Comme certains le savent peut-être, je suis aussi généalogiste à mes heures perdues et j'ai profité de cette trêve de fin d'année pour compléter l'histoire de ma famille.

Une simple recherche dans Gallica, sur un nom de famille, m'a fait retrouver ce courrier, sur un beau papier à en-tête :



Il s'agit d'un courrier de mon arrière-grand-père à la compagnie des eaux de Roubaix (est-ce que mes courriers administratifs seront visibles dans 100 ans sur Internet ?).

Un autre courrier de son prédécesseur à la pharmacie de Roubaix qu'il a tenue pendant la première moitié du XXe siècle est un bel exemple du style fleuri de l'époque.



Ce monsieur sollicite le raccordement au réseau d'eaux : "vous me feriez un sensible plaisir en donnant des ordres à votre service pour qu'on me fournisse l'eau le plus vite qu'il sera possible". Je crois que la prochaine fois que j'écrirais (ou j'enverrais un mail) à une des ces nombreuses administrations sans âme de notre époque, je leur exprimerais le "sensible plaisir" que j'aurais à obtenir ce que je n'arrive pas à obtenir malgré mes messages, mes appels aux répondeurs vocaux et autres outils modernes de "relation client". C'est peut-être le sésame ?

Au passage, je dois avouer que je ne suis pas un pur dauphinois ni montagnard. Tant pis, je dois bien dire qu'il y a un peu de sang mêlé dans mes veines. L'arrière-grand-père pharmacien était bourguignon et auparavant installé à Dijon (Eh oui! je suis un peu Bourguignon).

L'autre digression familiale est un extraordinaire texte, encore trouvé sur Gallica, à propos des pouvoirs de magnétiseur d'un médecin jurassien, le docteur Thouverey, qu'un de ses disciples a raconté dans cet ouvrage paru en 1880 :
Une révolution en philosophie résultant de l'observation des phénomènes du magnétisme animal. Etude physiologique et psychologique de l'homme, par le Dr Tony Dunand (du Jura) 



Je vous laisse découvrir cette incroyable histoire, avec apparitions (personnellement, je ne vois jamais de "personnage colossal" à l'heure de me coucher, mais il est vrai que je ne bois que de la tisane !), pouvoirs surnaturels et femmes intransigeantes : cliquez-ici.

Pour faire le lien, et pour ceux qui ont lu jusqu'au bout, la femme qui par son intransigeance a fait perdre tous ses pouvoirs au dit docteur est une de mes lointaines tantes, née à Paris en 1803 (le Dauphiné est de plus en plus loin), fille d'un Grognard et d'une jeune fille de la Mayenne (j'aggrave mon cas !)

Revenons à nos montagnes avec cette belle vue de la Meije depuis la tête de la Maye :



mardi 20 décembre 2011

Carte géologique du Dauphiné, par Charles Lory, 1858

En 1843, Charles Lory, un Nantais, tout juste sorti de l'Ecole Normale, arrive à Grenoble comme professeur de physique au collège de Grenoble. Cet homme de la mer (son père avait été officier de marine) se prend de passion pour les montagnes grenobloises. Il en fait même l'objet de sa thèse en 1846 : Études sur les terrains secondaires des Alpes dans les environs de Grenoble. Obligé de quitter Grenoble, il lui faut attendre la mort d'Emile Gueymard en 1849 pour y revenir à la chaire d'histoire naturelle de la Faculté des Sciences. Il ne quittera plus la ville. Il peut alors se consacrer totalement à la géologie de la région.

Il synthétise le résultat de ses travaux dans une carte géologique qu'il publie en 1858. C'est cette carte que je vous présente aujourd'hui (pour plus de détails, cliquez-ici).


On peut être séduit par l'aspect esthétique de cette carte qui, à travers une gamme de 26 couleurs, tente d'expliquer la complexe structure géologique de la région. Mais c'est avant tout un travail scientifique qu'il accompagne par une communication publiée dans le Bulletin de la Société géologique de France (séance du 2 novembre 1857) :  Esquisse d'une carte géologique du Dauphiné.



Il publie ensuite en 3 livraisons dans le Bulletin de la Société Statistique des Sciences naturelles de l'Isère, entre 1860 et 1864, une Description géologique du Dauphiné (Isère, Drôme, Hautes-Alpes), pour servir à l'explication de la carte géologique de cette province, qui a ensuite été regroupée en un seul volume. Dans cette Description.., une carte complémentaire précise la description géologique du Briançonnais, une des zones les plus complexes de la géologie des Alpes dauphinoises (il faudra attendre Pierre Termier pour clarifier l'histoire géologique de cette région).


Un des intérêts de cette carte est de voir la connaissance que l'on avait alors de la cartographie du massif des Ecrins. En effet, comme fond de carte, Charles Lory ne disposait pas encore des feuilles de la carte d'Etat-Major qui, pour le Briançonnais, ne seront publiées qu'en 1866. Il utilise donc un fond de carte encore assez sommaire où la Meije est appelée l'Aiguille du Midi et la barre des Ecrins porte le nom ancien de Pointe des Arcines. Cependant, les altitudes sont exactes pour ces sommets, preuve qu'il disposait d'une partie des informations des relevés de cette carte menées dans la région par le capitaine Durand dans les années 1828-1830. Ce détail sur le massif du Pelvoux, aujourd'hui appelé massif des Ecrins, permet de se rendre compte de la connaissance simplifiée que l'on avait encore du cœur du massif :


Pour revenir à l'homme, ces quelques mots de Marcel Bertrand nous le décrive : "Enfant de la Bretagne, petit, solide et noueux comme les chênes de sa patrie". "Cette nature loyale, à laquelle il n'a manqué, pour être appréciée de tous, que le besoin de l'expansion. Il a caché sa vie suivant le conseil du sage, mais il a caché aussi ses sentiments et ses impressions, comme s'il eût craint le contact des indifférents. Sensible et bon par nature, il a toujours été d'un abord un peu rude, et il semblait presque qu'il dût faire effort pour se montrer affable et gracieux.". Cette image ne correspond-elle pas à l'idée que l'on peut se faire de lui à lire les appréciations de M. Bertrand :


dimanche 4 décembre 2011

Jean-Jacques Rousseau à Grenoble

La lecture d'un article dans le dernier numéro de la revue L'Alpe m'a remis en mémoire une plaquette que j'avais dans mes piles, sur le séjour de Jean-Jacques Rousseau à Grenoble en juillet et août 1768, sous le nom de Renou. J'ai extrait cette plaquette de sa cachette pour la décrire.


Le titre complet de cet ouvrage d'Auguste Ducoin (1814-1894) est :
Particularités inconnues sur quelques personnages des XVIIIe et XIXe siècles. I. Trois mois de la vie de Jean-Jacques Rousseau. Juillet – Septembre 1768. Episode postérieur aux Confessions; publié pour la première fois et accompagné de lettres et de notes inédites de J.-J. Rousseau. Elle a paru chez les libraires Dentu et France à Paris en 1852. (pour une description complète, cliquez-ici)

Cette étude est basée sur un manuscrit de Gaspard Bovier, dont la famille accueillit Jean-Jacques Rousseau lors de son passage à Grenoble. Ce manuscrit, qui contient le récit jour par jour du séjour de Rousseau, avait aussi pour objectif de répondre au portrait malveillant que celui-ci donne de Bovier dans la 7e promenade des Rêveries du promeneur solitaire. Il lui reproche d'abord de ne pas l'avoir quitté ni le jour, ni la nuit. Surtout, il raconte une anecdote malveillante où G. Bovier, par « humilité dauphinoise », n'avait pas osé l'arrêter alors qu'il mangeait des baies empoisonnées lors d'une excursion sur les bords du Drac.



L'ouvrage d'Auguste Ducoin est un récit circonstancié du séjour de Rousseau à Grenoble, depuis son arrivée en provenance de Lyon, son passage à la Grande-Chartreuse pour herboriser jusqu'à son arrivée à Grenoble le 12 juillet 1768. Le récit au jour le jour de ce mois grenoblois est aussi une tentative de réhabiliter l'honneur de la famille Bovier, en rappelant toute la bonne volonté qu'ils ont mis à accueillir Jean-Jacques Rousseau, malgré son caractère irritable et changeant. Le portrait qu'Auguste Ducoin donne du philosophe met bien en valeur sa misanthropie, ses craintes de persécution, son caractère suspicieux et susceptible. Au-delà, c'est aussi l'occasion de découvrir comment la bourgeoisie cultivée et libérale de la ville pouvait recevoir un philosophe qui était déjà extrêmement populaire. Le séjour se termine par une obscure affaire de tentative d'escroquerie de Jean-Jacques Rousseau par un certain Thévenin. Il fuit Grenoble en août, pour n'y revenir que quelques jours en septembre 1768 alors qu'il est à Bourgoin. Auguste Ducoin raconte que le départ précipité de Rousseau est la conséquence d'une maladresse du président du Parlement, Berulle, qui avoua avec franchise : "ce n'est pas que je connaisse vos ouvrages; je n'en ai jamais lu aucun". 

La rue Jean-Jacques Rousseau où logea
le philosophe lors de son passage à Grenoble.


Nota : depuis la rédaction de ce message, une nouvelle édition du manuscrit de Gaspard Bovier a été donnée par les Presses Universitaires de Grenoble. Voir le message que je lui ai consacré : cliquez-ici. On verra que l'ouvrage d'Auguste Ducoin mérite quelques réserves, car il s'agit plus d'une paraphrase enjolivée, que la publication rigoureuse d'un manuscrit inédit. Dans l'exemple choisi pour illustrer cela, on verra qu'après avoir été ridiculisé par J.-J. Rousseau, Gaspard Bovier se voit mal servi par son compatriote Auguste Ducoin.

Pour revenir à l'Alpe, ce numéro 55, hiver 2012, qui vient de paraître, est entièrement consacré à Grenoble.



Il contient Quand Rousseau herborisait à Grenoble, par Eliane Baracetti, pp. 48-53, avec une bibliographie qui annonce une nouvelle édition du journal de Gaspard Bovier.

Pour finir, quelques mots sur Auguste Ducoin, l'auteur. C'est un de ces érudits, qui a eu une renommée locale en son temps. C'était visiblement un homme estimé, que le temps a fait disparaître dans un profond anonymat. J'ai tout de même réussi à glaner et mettre en ordre quelques informations (pour plus de détails : cliquez-ici). Né à Grenoble en 1814, neveu du conservateur de la bibliothèque municipale de Grenoble Amédée Ducoin (conservateur de 1818 à 1848), il est d'abord avocat à Grenoble et à Lyon, puis travaille dans l'industrie. Il passe la plus grande partie de sa vie à Lyon. Sa fréquentation du salon de Mme Yemeniz, la femme du célèbre bibliophile lyonnais, nous a permis de le faire un peu sortir de l'anonymat. Il est l'auteur de 3 livres : une étude sur la conspiration de Paul Didier à Grenoble (1844), une biographie de Philippe d'Orléans-Egalité et cet ouvrage sur Rousseau. Ensuite son activité professionnelle l'a empêché de poursuivre dans cette voie. C'est dommage car il annonçait un ouvrage sur Charles Fourier. Un de ces ouvrage a été entièrement plagié par le biographe Michaud, qui a été condamné pour cela (je comprend mieux maintenant comme Michaud a pu produire autant : en recopiant sans les citer les ouvrages d'auteurs moins connus). Pour finir, la collection d'estampes d'Auguste Ducoin a été vendue à Drouot en 1896 :


mardi 29 novembre 2011

Deux ouvrages récents, bientôt de référence

Une fois n'est pas coutume, ce sont deux livres récents que je vous présente, qui, tous deux à leur manière, sont déjà en passe de devenir des ouvrages de référence.

Le premier accompagne l'exposition qui se tient pour quelques jours encore à la Bibliothèque Municipale de Grenoble : Regards sur les Alpes, 100 livres d'exception (1515-1908),  une exposition qui explore quatre siècles de littérature sur ces "monts sublimes" : livres anciens et précieux, illustrés de gravures, lithographies et photographies, conservés à la Bibliothèque d'étude et d'information ou issus de collections locales et nationales, publiques et privées.


L'ouvrage qui prolonge et accompagne l'exposition vient de sortir. Cet ouvrage de Jacques Perret est un panorama complet de la littérature alpine depuis la Renaissance (le premier ouvrage décrit est celui de Jacques Signot de 1515), jusqu'au beau livre illustré de D. Baud-Bovy en 1908 sur la Meije et les Ercins. Chacun des 100 livres sélectionnés comme étant les plus rares et recherchés  (cela exclut les innombrables livres rares, qui sont fort peu recherchés, sauf par quelques "fous" comme moi; cela exclut les livres recherchés, mais courants) fait l'objet d'une notice bien illustrée, descriptive de l'ouvrage et de son auteur, et de quelques pistes sur des ouvrages en relation. Au total, ce sont près de 300 ouvrages qui sont cités, qui forment comme une bibliothèque idéale de l'amateur des Alpes et de la Montagne.



Pour le moment, l'ouvrage ne semble pas disponible dans les grands circuits de distribution, mais vous pouvez le trouver directement aux Editions du Mont-Blanc (cliquez-ici).

D'établir ainsi une liste des 100 livres les plus rares et recherchés risquent bien d'amener tout un chacun à comparer sa bibliothèque à cette liste de référence. J'avoue ne posséder "que" 7 des 100 livres. Deux choses pour me consoler, si tant est que j'en ai besoin : de nombreux ouvrages concernent la Suisse, ce qui n'est pas dans le cœur de ma recherche; ensuite, cette petite phrase de l'Introduction : "dans la plupart des bibliothèques privées on en compte moins d'une dizaine". Ouf ! J'avoue tout de même qu'il y en a quelques-uns que j'aimerais bien posséder.

Passons à un autre sujet, plus local, mais tout aussi passionnant. Jacques Mille et André Chatelon viennent de publier une somme sur la cartographie des Hautes-Alpes :
Hautes-Alpes. Cartes géographiques anciennes (XVe - mi XIXe siècle).


Dans cet ouvrage de plus de 300 pages, c'est un panorama complet de la cartographie des Hautes-Alpes qui est présenté. Abondamment illustré, il permet de parcourir 5 siècles de représentation de la montagne dans les cartes. Mais l'intérêt va au-delà des travaux cartographiques très localisés d'un pays de montagne. Pour ceux qui ont apprécié les travaux des Aliprandi, mais qui étaient frustrés par leur oubli (si j'ose dire) de toutes les montagnes du Dauphiné, dont le massif des Ecrins, le travail de ces deux érudits hauts-alpins (au moins de cœur, comme moi), remplira le vide dans l'étude de la cartographie alpine.

L'ouvrage ne semble pas disponible dans les grands circuits de distribution. Vous pouvez vous adresser à la Société d'Etudes des Hautes-Alpes (www.seha.fr), qui a apporté son patronage à cette édition. Pour finir, quelques belles cartes de ma collection, que l'on trouve dans ce livre.

 La carte de Bourcet (1749-1754)

La carte Massif des Ecrins du Club Alpin Français, 1874

dimanche 20 novembre 2011

Un "livre à faire parler" ... ou comment extraire tout le sel d'une petite plaquette

J'ai rapporté de mon passage habituel au salon du Régionalisme Alpin de Grenoble une petite plaquette que j'ai envie de qualifier de « livre à faire parler ». Pourquoi cela ? En apparence, il ne s'agit que d'un petit opuscule de 95 pp., publié par la Société des Sciences et des Arts de la ville de Grenoble, en 1806, contenant la liste des membres de la dite Société, le règlement, les mémoires des membres de la Société et quelques autres petites choses. 


Et pourtant, rien qu'à la lecture de la liste des membres résidants et des membres correspondants, c'est une plongée dans la société grenobloise du début du XIXe siècle, à la sortie de la Révolution. Pour celui qui connaît un peu l'histoire locale, on a le sentiment de retrouver des vieilles connaissances, toutes rassemblées ici dans cette simple liste.

Avant d'aller plus loin, juste un point d'histoire. A la fin du XVIIIe siècle, quelques notables cultivés de la société grenobloise s'assemblent pour lancer une souscription pour l'acquisition de la très riche bibliothèque de l'évêque Jean de Caulet. L'acquisition faite en 1772, ils s'organisent ensuite pour en assurer la gestion, d'abord sous le nom de Société littéraire, puis, en 1789, sous le nom d'Académie delphinale. Au moment de la Révolution, en 1793, un décret de la Convention supprime l'Académie. Il faudra attendre que l'orage révolutionnaire soit passé pour que, de nouveau, les élites culturelles grenobloises ressentent le besoin de s'assembler, d'autant que la Révolution a réveillé l'appétit des nouvelles élites pour les sujets de sciences, de lettres et d'arts. De plus, une nouvelle classe sociale est en train d'émerger, autrement dit une bourgeoisie est en train de s'installer aux commandes de la ville. Elle veut aussi concrétiser cette ascension par des institutions qui lui permettent d'affermir son pouvoir et d'acquérir une légitimité. On verra que la liste des membres sera le reflet de l'émergence de cette nouvelle élite locale. Cette nouvelle société est créée en floréal an IV (printemps 1796) sous le nom de Lycée. Suite à l'utilisation exclusive de ce terme pour les nouveaux établissements d'enseignement, elle se baptise en l'an X Société des Sciences et des Arts de la ville de Grenoble. Elle est organisée sur le principes des Académies. Elle comporte un nombre fixe de membres résidants, obligatoirement domiciliés à Grenoble et élus par leurs pairs. En complément, des membres correspondants, domiciliés en dehors de Grenoble, certains pouvant être d'anciens membres résidants que la nécessité à éloigner de Grenoble.(Sur l'histoire de l'Académie delphinale, cliquez-ici).

Prenons une page au hasard de la liste des membres.


On y retrouve le docteur Gagnon, j'allais dire le célèbre docteur Gagnon. Pourquoi célèbre ? Mes lecteurs familiers de Stendhal auront tout de suite reconnu le bien aimé grand-père du jeune Henri Beyle. Cette personnalité locale, qui a ainsi fait le pont entre la défunte Académie delphinale et cette nouvelle société, a aussi assuré, avec d'autres comme le bibliothécaire Ducros, le passage de relais entre la société encore aristocratique du Grenoble du XVIIIe siècle (bien qu'aucun des deux n'appartienne à l’aristocratie) à la nouvelle société bourgeoise. Il suffit d'ailleurs de voir le nom et l'activité des quelques membres sur cette page pour constater que l'on est dans la société bourgeoise intellectuelle : des magistrats, un conseiller de préfecture, un bibliothécaire, des professeurs, un maire, etc. 

Au passage, je signale qu'une source précieuse sur cette même société est fournie par la Vie d'Henry Brulard, de Stendhal, sorte de mémoires autobiographiques dans lesquelles il se remémore sa jeunesse à Grenoble. De nombreux personnalités de cette liste se retrouvent dans cette Vie, comme Pierre-Vincent Chalvet (Grenoble 1767 - Grenoble 23/12/1807), ancien ecclésiastique devenu professeur d'histoire à l'Ecole Centrale de Grenoble et auteur de l'édition revue et augmentée de la Bibliothèque du Dauphiné


Le jugement de Stendhal est sans appel : "jeune pauvre libertin, véritable auteur sans aucun talent". Il rapporte quelques calomnies : "chargé de recevoir l'argent des inscriptions qu'il mangea en partie avec trois sœurs fort catins de leur métier qui lui donnèrent une nouvelle v[érole] de laquelle il mourut bientôt après". 

Revenons à quelques personnalités de plus grande envergure. On trouve dans la liste Joseph Fourier :


Ce fils d'un modeste garçon-tailleur, né à Auxerre en 1768, est le modèle même de l'homme complet, comme seules ces époques savaient encore en faire naître. Il pouvait mener de front le travail de mise en forme de la Description de l'Egypte qui était en cours de parution, des recherches pointues sur un modèle mathématique de diffusion de la chaleur (les célèbres séries de Fourier, bien connues des taupins dont j'ai été) et la fonction administrative de préfet de l'Isère, au moment même où les institutions de la France étaient en plein reconstruction en ce début de l'Empire. En plus de tout cela, il avait le temps de se faire le protecteur d'un jeune homme ambitieux, récemment revenu dans le pays de ses ancêtres, Jacques-Joseph Champollion-Figeac.


Jacques-Joseph Champollion-Figeac appartenait évidemment à cette Société. On ne dira jamais assez l'importance qu'a eu Champollion-Figeac comme mentor et soutien de son frère Jean François Champollion. L'appartenance à cette Société était un des moyens qui ont permis à Champollion-Figeac d'ouvrir des portes à son frère, visiblement beaucoup moins habile que lui à se faire connaître et reconnaître par les personnes influentes. 

Au passage, notons l'ouverture de cette Société, et donc de la société grenobloise, qui acceptait en son sein le fils d'un modeste libraire de Figeac, mais aussi le botaniste Villars, fils de paysans des Hautes-Alpes. On perçoit de façon tangible ce renouvellement des élites bourgeoises dont j'ai parlé. Une analyse sociologique de la liste, avec l'identification de chacun des membres, confirmerait probablement cela. 

Pour finir, car l'identification de chacun des membres nous conduirait trop loin, la plaquette contient aussi la liste des membres décédés.


On y voit par exemple le célèbre géologue dauphinois Déodat de Dolomieu (qui a donné son nom aux Dolomites), ainsi que, de façon plus inattendue, Choderlos de Laclos. 


En réalité, cela n'est pas si inattendu, lorsqu'on sait que Choderlos de Laclos a été en garnison au régiment d'artillerie de Grenoble de 1769 à 1775. Il est en général admis qu'il s'est inspiré de la société grenobloise de son temps pour écrire Les Liaisons dangereuses. Il était possible paraît-il d'identifier les modèles de Valmont, Mme de Merteuil, la présidente de Tourvel, etc. dans la société aristocratique du Grenoble de la fin du XVIIIe siècle.

Si vous êtes arrivés jusqu'à ce point de mon message, vous comprenez mieux ce que je voulais dire par « livre à faire parler ». Et encore, je me suis arrêté en route. Je ne résiste pas à l'envie de citer un dernier membre, Teisseire, négociant, admis le 29 ventôse an VII, dont Stendhal a perfidement dit qu'il "s'était enrichi, ou plutôt son père s'était enrichi en fabriquant du ratafia de cerise, ce dont il avait une grande honte" (les sirops Teisseire, c'est aussi lui !). Appartenir à cette société était probablement une façon de faire oublier cela, ce que j'ai appelé acquérir une légitimité.

Une deuxième partie de l'ouvrage est aussi une source inépuisable de rapprochements, d'évocations, de chemins de travers, de correspondances, etc. C'est la liste des "Mémoires, Discours, Rapports et autres ouvrages" présentés par les membres de la Société


On y voit la diversité des sujets. La lecture complète illustre bien que rien de ce qui est humain n'est étranger à ce type de société. C'est encore l'idée d'une connaissance totale qui est à l’œuvre. La variété parfois un peu naïve (avec des rapprochements presque surréalistes) peut nous faire sourire. Notre hyper spécialisation est-elle plus enviable ? Je finis ce long message en relevant juste le Mémoire sur le panoramagraphe, ou mécanique inventée pour dessiner graphiquement des perspectives, présenté le 27 frimaire an 11 par Chaix, de Briançon (Barthélémy Chaix, sous-préfet de Briançon). J'ai la chance de posséder une vue de Briançon par Chaix, où il a probablement utilisé son "Panoramagraphe".

Dernier charme de l'ouvrage, il est tel que paru, avec ses modestes couvertures d'attente.


J'ai déjà eu l'occasion de dire le plaisir que j'ai à manipuler ces ouvrages vieux de 200 ans qui semblent tout droit sortir de la boutique du libraire. Au passage, j'ai même dû couper les pages, ce que je fais toujours avec plaisir (Ah ! le bruit du couteau coupant le papier) et sans remords, malgré l'opprobre que certains jettent sur ce « sacrilège ».

Ce trop rapide passage au salon du régionalisme alpin (des nécessités professionnelles m'ont empêché d'arriver à Grenoble aussi tôt que je le souhaitais) a été tout de même l'occasion de sympathiques rencontres, en particulier avec plusieurs lecteurs de ce blog. Je les en remercie. Leurs témoignages de sympathie, comme tous ceux que j'ai déjà reçus de mes lecteurs, sont des puissants encouragements pour la poursuite de ce travail que je mène depuis 6 ans pour le site Bibliothèque Dauphinoise et 4 ans pour le blog. Je crois que tant que j'aurais ces sortes de témoignages et que je trouverais moi-même du plaisir à prendre quelques heures des mes week-ends pour écrire, je serais toujours motivé pour continuer ce travail. 

Je me réserve pour un autre message pour vous parler de deux beaux livres récents, qui, chacun à leur manière, sont déjà indispensables à des bibliothèques alpines et haut-alpines.

lundi 14 novembre 2011

Guide Diamant. Dauphiné et Savoie, 1897

Dans une bibliothèque régionaliste, on finit tôt ou tard par s'intéresser aux guides touristiques, d'abord comme sources d'information mais aussi comme objets de collection. Comme ces guides appartiennent d'abord au domaine de l'éphémère, de l'utilitaire, on peut être tenté de les négliger au profit d'ouvrages plus prestigieux. Pourtant, il ne faut pas les oublier. D'abord, lorsqu'on veille à les trouver en bon état, ce peuvent être des belles pièces. Ensuite, c'est un témoignage sur la perception que l'on avait au XIXe et au XXe siècles de nos régions préférées. Après cette introduction pleine de généralité, venons-en au guide qui nous intéresse. C'est un guide sur le Dauphiné et la Savoie, dans la collection des Guides-Diamant (ou Guides Joanne) créée par Adolphe Joanne, puis poursuivie pas son fils Paul Joanne. Il s'agit d'une édition de 1897.


C'est d'abord un bel objet car les couvertures de percaline verte (ou bronze) sont en même temps estampées à froid et ornées de motifs dorés. La reliure (industrielle) est restée d'une grande fraîcheur. C'est le guide soit d'un touriste très soigneux, soit d'un touriste qui se contentait de voyager dans sa chambre en lisant des guides (comme Des Esseintes, pour ceux qui connaissent) 


Ensuite, c'est un texte intéressant, plus par ce qu'il dit de la perception de la montagne, que pour son intérêt intrinsèque. A ce titre, il est instructif de voir comment était perçue une ville comme Briançon en cette fin de XIXe siècle fort militariste : une ville de garnison et une ville frontière garante de la sécurité d'une petite portion de la frontière avec nos chers voisins italiens. Un guide d'aujourd'hui ne nous parle plus de Briançon ainsi. Plus directement lié à la vision de la montagne, reportons nous à ce qui est dit de la Grave, un village aujourd'hui généralement considéré comme un des plus beaux de France : La Grave se trouve "sur un contrefort de la montagne du même nom; le regard s'étend au loin sur les glaciers de la Meije et de Tabuchet, dominés au sud par la Meije, une des cimes les plus élevées du massif du Pelvoux". On ne fait guère plus plat. 

Évidemment, je ne parle que de quelques "coins" que je connais et aime particulièrement.

Ce guide a encore deux charmes particuliers pour moi. D'abord, même si cela peut paraître anecdotique, le corps de l'ouvrage est encadré par deux cahiers de publicités, plutôt régionales pour celles qui précèdent et plutôt nationales en fin d'ouvrage. J'aime ces publicités qui fleurent bon les temps anciens (Ah ! les hôtels avec "Lumière électrique dans toutes les chambres" et "Spécialement recommandé aux familles"). 


Ensuite, est inclus dans cette édition un panorama du massif des Ecrins depuis la tête de la Maye. C'est l'œuvre d'un illustrateur haut-alpin, à la renommée locale, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, Emile Guigues. J'aime chez lui le trait léger et l'amour des montagnes, dont il s'est fait l'illustrateur à la fin du XIXe siècle (il a beaucoup œuvré pour les Annuaires du Club Alpin Français). 


Voilà pourquoi je suis content de cette acquisition récente. Ce n'est peut-être pas grand-chose, mais cela me plait, d'autant plus que je l'ai trouvé en bon état (dans le cas contraire, je ne l'aurais pas acheté). C'est aussi ma façon de participer, par l'exemple, aux débats hébergés par des blogs amis sur le "quoi" et le "comment" de la bibliophilie. 

Pour finir, une interrogation. Je ne sais s'il existe une bibliographie de ce type d'ouvrages. J'ai fait quelques recherches au CCFr, mais il est assez difficile de démêler les différentes éditions, entre les changements de collection, de titre, d'auteurs, etc. Il semble que la première édition date de 1870, mais sans certitude. A voir si quelqu'un saura m'en dire plus.

lundi 31 octobre 2011

A travers les Alpes du Dauphiné, Félix Perrin, 1884

C'est une petite plaquette comme je les aime qui vient de rejoindre ma bibliothèque. Ce n'est pas tant pour le texte lui-même, banal et sans beaucoup d'intérêt, que pour ce qu'elle représente. 


Détaillons-la un peu. Son titre et sa description :
Félix Perrin : A travers les Alpes du Dauphiné. Lecture faite le 10 mars 1883, à l'assemblée extraordinaire des membres de la section de Lyon du Club Alpin Français.
Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, 1884, in-8°, [4]-64 pp.

Il s'agit du texte d'une conférence prononcée par un des artisans de la découverte et de l'exploration des Alpes dauphinoises, Félix Perrin. Avec quelques autres comme Henry Duhamel, Henri Ferrand, Paul Guillemin, ils mirent toute leur énergie à découvrir et décrire le massif, d'une part, et à le faire connaître, alors qu'il était encore délaissé et donc mal connu des alpinistes et des touristes du temps. C'est ainsi que Félix Perrin est allé à Lyon, devant les membres de la Section lyonnaise du Club Alpin Français, parler pendant deux heures et demi de ses chères Alpes dauphinoises, en même temps qu'il leur projetait des vues photographiques. C'est le texte de cette conférence qui a été ensuite édité "par le soin des amis de l'auteur" à seulement 100 exemplaires (pour plus de détails, cliquez-ici).

Comme souvent pour ce type d'exercice, le ton est personnel, mélange de souvenirs de l'auteur, de digressions variées (la montagne et le Bouddhisme) et de quelques notations pratiques (Félix Perrin s'attache souvent à citer les meilleures auberges qu'il a pu rencontrer). Malgré l'âge de l'auteur (il avait 29 ans), le style paraît souvent ancien et ampoulé. Pour preuve, ce petit passage : "Nous sommes à la porte du massif du Pelvoux, le plus grand de toutes les Alpes françaises, le plus magnifique, le plus fier, le plus indompté. Une seule route venant de l'Italie par le Mont-Genèvre, traverse ses déserts de glaces et de neiges éternelles, de rochers à pics, de torrents impétueux, où depuis longtemps tous les arbres sont morts, où une herbe maigre pousse à peine, où la désolation la plus sublime, où l'horreur la plus belle, où le caractère le plus poignant règnent seuls et invincibles." (p. 35). Notre auteur a trop lu les écrivains du XVIIIe siècle ou les romantiques !

Mais bon, ne faisons pas le difficile. Nous avons tout de même droit au récit de la 3e ascension de la Barre des Ecrins, le point culminant du massif à 4103 m.

Mais l'intérêt de cet exemplaire ne s'arrête pas là. En effet, au contre-plat, est collé un petit ex-libris étiquette (voir en fin de message). Il n'est pas immédiatement déchiffrable, mais l'on sait que c'est celui d'Henry Duhamel, un autre pionnier des Alpes dauphinoises, alpiniste d'une tout autre trempe que Félix Perrin par ses premières mais aussi par ses tentatives à la Meije qui ouvrirent la voie à la conquête de 1877. Même si cela est controversé, il est considéré comme l'introducteur du ski en France. Mais au-delà de ça, Félix Perrin et Henry Duhamel étaient amis et ensemble, avec l'aide du révérend Coolidge, ils publièrent en 1887 l'ouvrage fondateur de la description des Alpes dauphinoises : Guide du Haut-Dauphiné, ancêtre de tous les guides d'excursions et de randonnées dans le massif des Ecrins, paru en 1887.



Il ne manque à cette plaquette que de porter un envoi de Félix Perrin à Henry Duhamel.

Il y avait longtemps que je cherchais des renseignements sur Félix Perrin, dont je ne connaissais même pas les dates de naissance et de décès. Les dictionnaires habituels étaient muets sur lui. Mettant à profit les ressources d'Internet et un peu de réflexion, j'ai pu reconstituer la vie de Félix Perrin, né à Grenoble en 1853 et mort à Lyon en 1927 (pour plus de détails, cliquez-ici). Il faut savoir qu'en plus d'avoir été un des pionniers des Alpes dauphinoises, il fut aussi un grand bibliophile, amassant une collection sans pareil d'ouvrages sur le Dauphiné, les Alpes et la montagne. Vers 1897, il s'associa à H. Falque avec lequel il publia de nombreux ouvrages, certains sous leurs propres noms et d'autres sous l'appellation commerciale de Librairie Dauphinoise.


Parmi les ouvrages majeurs, il faut en distinguer trois :
- Chansons populaires, recueillies dans les Alpes françaises (Savoie et Dauphiné), de Julien Tiersot, paru en 1903 et publié en collaboration avec la Librairie Savoyarde de F. Ducloz, à Moûtiers.
- La Montagne à travers les âges, de John Grand-Carteret, dont le premier tome a été publié en 1903, encore en collaboration avec la Librairie Savoyarde de F. Ducloz, à Moûtiers. Le deuxième tome, paru en 1904, n'a pas été édité par F. Perrin. Il est alors remplacé par C. Dumas, qui a repris l'appellation commerciale de Librairie Dauphinoise.
- La Revue dauphinoise, revue d'érudition, largement illustrée et de présentation soignée, dont le premier numéro est paru en décembre 1898 et qui a disparu en 1901.

Même à cette époque, l'ambition éditoriale n'était pas récompensée. L'entreprise échoua. Autant que l'on puisse en juger, le père de Félix Perrin était arrivé à une honnête aisance, à tel point que Félix Perrin a pu même être qualifié de rentier en 1896. C'est probablement cette fortune qui lui a permis simultanément de se constituer sa bibliothèque et de se lancer dans l'édition de luxe. Malheureusement, il devait laisser sa fortune dans cette aventure, l'obligeant à vendre sa bibliothèque et à reprendre un travail d'agent d'assurances jusqu'à son décès à l'âge de 74 ans. Le catalogue de la vente de sa bibliothèque est une référence encore indispensable de la bibliographie dauphinoise : Catalogue des livres dauphinois et autres, anciens et modernes, cartes, tableaux et objets d'art provenant de la bibliothèque de M. Félix Perrin, ancien libraire-éditeur. Elle a eu lieu en décembre 1903.



Son ex-libris se trouve sur quelques ouvrages.



Si on le compare à celui de son contemporain Henry Duhamel, on peut percevoir de façon tangible la différence des deux personnalités.



Pour finir, cette belle rose "Mme Ernest Calvat" :



Vous me direz, quel rapport avec Félix Perrin ? On a donné le nom de sa sœur à une rose. En effet, Marie Perrin (1859-1896) a épousé Ernest Calvat, fils d'un maire de Grenoble, fabricant de gants, puis horticulteur.

dimanche 23 octobre 2011

Glanes III

Un peu en vrac (le message s'appelle "Glanes"), commençons par ce tableau de Charles-Henri Contencin (1898-1955) qui vient de rejoindre mes murs. C'est une belle vue des Ecrins (4103 m) depuis la tête de la Maye.


Il y a trois ans, nous étions justement allés à la tête de la Maye et j'avais pris une photo du même point de vue.


J'ai mis à jour la page consacrée à Victor Cassien, un des deux artistes qui ont illustré l'Album du Dauphiné, paru entre 1835 et 1839. En particulier, j'ai ajouté la reproduction de deux œuvres assez caractéristiques son style.



Pour voir la page sur Victor Cassien, cliquez-ici.

Enfin, un lecteur m'a communiqué un projet d'exhaussement du sommet du Grand Pic de la Meije qui devrait lui permettre d'atteindre les 4 000 m. d'altitude, limite fatidique pour appartenir au club des grands sommets des Alpes (en fait, le Meije n'a pas besoin d'atteindre cette altitude pour en faire partie). 


Ce projet me semble aussi sérieux et fondé que celui du Dr Prompt qui, à la fin du XIXe siècle, avait proposé de doter le sommet d'un hôtel et d'un observatoire : Hôtel et observatoire de la Meije. Altitude 4.000 mètres. Grenoble, Allier, 1894. Nous souhaitons longue vie à ce projet ambitieux qui ne doit, comme celui du Dr Prompt, que trouver le riche mécène pour le financer (ce ne sera pas moi !).

Pour voir le message, cliquez-ici.