samedi 20 août 2011

Carte topographique du Massif du Mont Pelvoux, 1874

Un mois de silence sur le blog ne veut pas dire un mois d'inactivité en bibliophilie dauphinoise. Les vacances sont aussi l'occasion de chiner et de faire des découvertes. D'autant plus qu'il y a le rendez-vous incontournable du salon du livre de montagne à Passy (en Haute-Savoie). C'est l'occasion de faire quelques découvertes chez les libraires anciens et de se tenir au courant des dernières sorties dans l'édition moderne.

Parmi mes achats de ce mois, le premier dont je parlerai n'est pas un livre, mais une carte... On sort bien évidemment du domaine strict du livre, mais il est inévitable, lorsqu'on s'intéresse à une région, d'explorer d'autres supports : la carte, la gravure, la peinture, la carte postale, etc.

C'est une belle rareté que j'ai acquise : la
Carte topographique du Massif du Mont Pelvoux, édité par la Club Alpin Français en 1874 et distribué avec le premier Annuaire, de l'année 1874.


Pour comprendre le prix d'une telle carte, il faut avoir à l'esprit que la précédente carte du massif des Ecrins datait de 1758. Elle avait d'ailleurs été levée essentiellement dans un but militaire. C'est la carte de Bourcet. Les travaux de la carte d'Etat-Major, avec en particulier les 3 campagnes de relevées du capitaine Durand entre 1828 et 1830, n'ont abouti dans la région qu'en 1866, par la publication de la feuille 189. Auparavant, le touriste n'avait aucune carte à sa disposition. Il a fallu attendre cette date pour que la topographie du massif soit correcte et que la toponymie commence à se mettre en place. Auparavant, quelques montagnes avaient des noms changeants et une configuration pour le moins fluctuante. Et cela, c'était il y a moins de 150 ans !

Avec cette carte distribuée par le Club Alpin Français, il est proposé aux touristes et alpinistes qui veulent découvrir le massif, une carte à une échelle plus petite (40.000e au lieu des 80.000e de la carte d'Etat-Major), en couleurs et avec une représentation du relief plus réaliste. Le résultat en fait une carte d'une grande beauté et d'une grande précision, représentant une avancée significative pour la connaissance du massif. En effet, une meilleure connaissance des massifs français était une des missions du tout récent Club Alpin Français, fondé en 1874. Le Haut-Dauphiné, longtemps délaissé par les touristes français et devenu la chasse gardée - le terrain de jeu - des alpinistes anglais, était une terre de reconquête, si l'on ose utiliser ce mot, dans le contexte très nationaliste de la création du club. La publication de cette carte participe de ce mouvement.

Je vous laisse découvrir plus d'informations sur la page que je lui ai consacrée sur mon site : cliquez-ici.

Ce détail de la région du lac de l'Eychauda permettra de se faire une idée assez précise de la représentation du relief et de la clarté et de la lisibilité de cette carte :


En complément, cette belle représentation du lac de l'Eychauda par un des plus célèbres peintres dauphinois, l'abbé Guétal.


Pour finir, et comme souvenirs de vacances, ce bouquet d'edelweiss, photographié hier dans le Briançonnais (à 2500 m. d'altitude) et ce bouquetin, lui aussi perché au même endroit.