dimanche 28 novembre 2010

Un panorama de 6 m. de long :
le tour d'horizon complet du Pelvoux, de Paul Helbronner

Paul Helbronner (1871-1938), polytechnicien, consacra sa vie à faire la triangulation des Alpes françaises. Pour cela, il parcourut les massifs en tous sens, gravissant tous les sommets qui lui permettaient de procéder à ses mesures géodésiques. Le résultat de ses travaux donna lieu à la publication de 12 lourds volumes entre 1910 et 1939. Il accompagna deux de ces volumes par deux panoramas aquarellés pris depuis le sommet du Mont-Blanc et du Pelvoux, dans le massif des Ecrins.

Le panorama du Pelvoux est imprimé sur 10 planches, liées entre elles. Totalement déplié, il mesure 6 mètres de long et une quarantaine de centimètre de haut :



Il est contenu dans une grande chemise en carton :


Le panorama étant peu maniable et la photographie difficile à consulter, je l'ai aussi présenté par ensemble de deux planches :

Planches I et II

Planches III et IV

Planches V et VI

Planches VII et VIII

Planches IX et X

Ce travail gigantesque, publié en 1934, a été dessiné sur la base de relevés faits au sommet du Pelvoux en juillet 1902. Je vous renvoie sur la page que je lui ai consacré sur mon site : cliquez-ici. On peut y télécharger une version haute définition.

Je vous laisse admirer deux détails.

L'extraordinaire muraille sud-est des Ecrins, le point culminant du massif (4 103 m.) : une paroi verticale de plus de mille mètres.


Et enfin, la Meije, sommet de toutes mes attentions :



Pour votre information, j'avais déjà publié un message consacré à une plaquette de Paul Helbronner : cliquez-ici.

Je signale aussi une bonne notice biographique sur Paul Helbronner, qui explique son titanesque travail de géodésie dans les Alpes : cliquez-ici.

dimanche 21 novembre 2010

Une petite leçon de bibliophilie

Ce vendredi a été l'occasion du pèlerinage annuel à Grenoble pour le Salon du livre de régionalisme alpin, le 19e du nom. J'ai ramené dans ma besace un bel exemplaire d'un petit travail d'érudition locale, d'Alfred de Rochas :
Documents inédits relatifs à l'histoire et à la topographie militaire des Alpes. La campagne de 1692 dans le Haut Dauphiné.
Paris, Réunion des officiers; Grenoble, Maisonville et Jourdan, 1874

Pour plus d'informations sur cet ouvrage, cliquez-ici.

Il s'agit d'un épisode de la guerre de la Ligue de Augsbourg (1688-1697), qui s'est déroulé en 1692 dans le Dauphiné, essentiellement dans la partie correspondant actuellement aux Hautes-Alpes. Lors de cette campagne conduite par le duc de Savoie lui-même, Victor-Amédée II, et sous le commandement du prince Eugène de Savoie, plusieurs places du Haut-Dauphiné furent assiégées (Guillestre, Embrun) et une partie de la région fut dévastée par les troupe du prince de Savoie (Gapençais, Champsaur). Le maréchal Catinat, alors commandant en chef des troupes françaises, réussit à contenir l'invasion et à éviter la prise de Briançon.

C'est à la suite de cette campagne de 1692 qu'intervint Vauban dans cette région des Alpes. En effet, celle-ci montra la faiblesse du système défensif français sur la frontière des Alpes. On lui doit donc l'amélioration des fortifications de Briançon, qui a alors pris son aspect actuel, et la création de la place forte de Mont-Dauphin, près de Guillestre, qui permet de commander et surveiller toute la vallée de la Durance, point faible lors de la campagne de 1692.


La place forte de Mont-Dauphin, vue par E. Whymper (1872)

C'est lors de cette même campagne que se situe l'épisode de Philis de la Charce, héroïne dauphinoise qui aurait arrêté les troupes du duc de Savoie au col de Cabre. L'importance, voire la réalité de son acte de bravoure font encore l'objet de discussion.

Ce recueil de documents est précédé d'un
Précis de la campagne de 1692 dans le haut Dauphiné, par Albert de Rochas. C'est un extrait du Bulletin de la Société de statistique de l'Isère, dont il a été tiré à 100 exemplaires, dont quelques exemplaires sur Hollande comme celui-ci. Albert de Rochas a probablement obtenu (peut-être financé) un tirage à part de son travail, avec quelques exemplaires sur papier de Hollande à distribuer à ses amis. C'était chose courante à l'époque, ce qui nous vaut ces beaux exemplaires, à côté de plaquettes plus communes dans leur présentation (je ne parle même pas de la conservation).

La lecture de cet ouvrage m'a remis en mémoire une brochure que j'ai achetée il y a plus de 10 ans à Grenoble :
L'invasion du Dauphiné en 1692, par Paul Thomé de Maisonneufve, Grenoble, 1929.
Cette étude est la plus complète à ma connaissance sur cet épisode important pour la région.


Pour plus d'informations sur cet ouvrage, cliquez-ici.

Pour revenir à l'ouvrage d'Albert de Rochas, cet exemplaire est, me semble-t-il, une bonne illustration de ce qu'est la bibliophilie pour ceux qui auraient du mal à comprendre de quoi il s'agit. C'est pourtant simple. J'avais acheté il y a plus de 10 ans un des 100 exemplaires de cette plaquette sur papier ordinaire (je débutais...). La description fidèle de l'état est : couvertures déchirées et détachées, cahiers décousus, papier cassant, pages froissées et déchirées

Aujourd’hui, l'exemplaire que j'ai acheté est imprimé sur un beau papier de Hollande et il est relié de façon soignée.
C'est toute la différence, différence qui ne se retrouve pas dans l'écart de prix entre les deux exemplaires. Je crois que comprendre la bibliophilie est chose simple lorsque on met côte à côte ces deux exemplaires.

dimanche 7 novembre 2010

"De Allobrogibus", une édition de 1844, des presses de Louis Perrin

La suite logique du message précédent, c'est de céder à une des nombreuses tentations que présentait ce catalogue, surtout s'il se trouvait une livre dauphinois.

Hier, même si à Paris ce n'était pas un temps à mettre un bibliophile dehors, j'ai bravé les éléments pour enrichir ma bibliothèque d'une nouvelle impression de Louis Perrin et un nouveau livre sur le Dauphiné. C'est :
Aymari Rivallii,Delphinatis.
De Allobrogibus. Libri novem. Ex autographo codice Bibliothecae Regis editi. Cura et Sumptibus Aelfredi de Terrebasse.
Viennae Allobrogum, apud Jacobum Girard, bibliopolam, 1844


Autrement dit, c'est la publication par l'érudit Alfred de Terrebasse d'une histoire des Allobroges (en latin !), rédigée par Aymar du Rivail, un jurisconsulte dauphinois de la première moitié du XVIe siècle.

Pour ceux qui veulent aller plus loin sur cet ouvrage, cliquez-ici.

Un des attraits de cet ouvrage, tiré seulement à 250 exemplaires, est le beau titre gravé (que l'on peut aussi qualifié de frontispice), placé entre le faux titre et le titre.

L'encadrement gravé contient 15 armoiries dauphinoises, dessinées par Louis Perrin (signature en bas à gauche des initiales entrelacées LP). Les blasons sont ceux de quelques grandes familles dauphinoises : Clermont, Alleman, Sassenage, Montainard, Beaumont, Terrail, Montchenu, etc.


Au hasard de mes recherches sur cet ouvrage, j'ai découvert qu'un exemplaire a été proposé lors de la vente Salvaing de Boissieu en 1897, avec cette description : "demi-maroqu. et coins r., dor. en tête, ébarb., jans."


A voir la reliure de cet exemplaire, on peut imaginer que c'est le même exemplaire qui viens de rejoindre ma bibliothèque. Il avait alors été adjugé 7 francs ! Cela reste une supposition.

Pour finir, en relisant la notice biographique de Louis Perrin en introduction du catalogue d'Anne Lamort, je me suis aperçu que ma notice contenait une erreur de date. Louis Perrin est bien né le 23 floréal an VII (14 mai 1799) et non en 1797 comme je l'écrivais. Pour preuve, son acte de naissance, extrait des registres de l'état civil de Lyon :


mardi 2 novembre 2010

Louis Perrin, imprimeur lyonnais

En panne d'inspiration pour mon message hebdomadaire de la "Bibliothèque dauphinoise", le courrier m'a apporté une beau catalogue, qui m'inspire pour mon message du jour (en général, le message du jour est le dimanche, mais le temps d'automne pousse à une certaine indolence...)



Anne Lamort, libraire bien connue sur la place de Paris, vient de publier un catalogue qui propose quelques belles pièces de la production de Louis Perrin. Je rappelle, pour ceux qui ne le connaissent pas, que Louis Perrin, né à Lyon le 12 mai 1797, s'installa comme imprimeur en 1822, en association avec Zacharie Durand jusqu'en 1826. La première partie de sa carrière ne se distingua guère de celles de ses confrères, même s'il avait déjà la volonté de faire des belles éditions, à la typographie soignée. Vers 1846, il fit graver et fondre les caractères augustaux, s'inspirant des caractères utilisés dans les inscriptions romaines. A partir de ce moment, son activité prit plus d'ampleur. C'est de cette période que date la plupart des travaux majeurs de typographie de Louis Perrin. Il cessa son activité vers 1864. Son fils lui succéda jusqu'en 1883. Il est mort à Lyon le 7 avril 1865.

Le catalogue d'Anne Lamort débute par une belle biographie de Louis Perrin, où, en quelques pages, tout est dit et résumé de la vie de ce typographe à la célébrité modeste.

Je lui ai consacré une notice sur mon site (cliquez-ici), car je possède 4 ouvrages dauphinois qui sortent de ses presses :

- Paul-Emile Giraud : Aymar du Rivail et sa famille, 1849



- Gustave de Rivoire de La Batie : Armorial de Dauphiné, 1867



- Alfred de Terrebasse : Relation des principaux événements de la vie de Salvaing de Boissieu, 1850



- Paul Allut : Aloysia Sigea et Nicolas Chorier, 1862



Si vous ne connaissez pas Louis Perrin, je vous conseille de vous intéresser à ses travaux qui se signalent par la qualité de leur typographie, la beauté des lettrines, bandeaux et autres culs-de-lampe. La page de titre des 4 ouvrages a été composée en caractères augustaux, que Louis Perrin avait dessinés quelques années auparavant et qui ont fait sa célébrité. Selon les ouvrages, certains intertitres et quelques texte ont aussi été composés avec les mêmes caractères.

Deux marques d'imprimeur de Louis Perrin




Pour ceux qui sont intéressés par la catalogue d'Anne Lamort, son adresse mail est :
librairie@anne-lamort.com