dimanche 25 octobre 2009

La "Bibliothèque du Dauphiné", exemplaire du botaniste Dominique Villars

Comme je l'avais annoncé la semaine dernière, j'ai décrit complètement l'exemplaire de la Bibliothèque du Dauphiné de 1797, qui a appartenu à Dominique Villars, botaniste haut-alpin (1745-1814) dont j'ai déjà eu l'occasion de parler, en particulier pour son expérience de colporteur :
- Dominique Villars, colporteur libraire
- "Flora delphinalis", de Dominique Villars
- Dominique Villars


Pour un description détaillée de l'ouvrage, je ne peux que renvoyer à la notice :
Bibliothèque du Dauphiné, de Guy Allard, revue par Pierre-Vincent Chalvet (exemplaire de Dominique Villars).


Dominique Villars l'a largement complété de notes manuscrites et de notices biographiques de botanistes dauphinois, dont une notice autobiographique.

On y trouve en particulier une notice sur Dominique Chaix (1730-1799), curé des Baux (Hautes-Alpes), botaniste, qui fut le mentor et l'ami de Dominique Villars :



La plus intéressante est la notice autobiographique de Dominique Villars :





Elle retrace brièvement mais assez complètement sa vie jusqu'en 1797 et se termine par cette remarque assez amère, ajoutée postérieurement d'une écriture et d'une encre légèrement différentes : "La postérité, comme les nations étrangères, qui l'ont déjà présumé, lui accorderont peut-être plus de réputation que ses concitoyens et surtout les médecins, ses voisins, de son vivant." Dans la notice de Pierre Liottard (1729-1796), il remarquait : "Cet exemple, ajouté à tant d'autres, prouve combien la passion des hommes anime et soutien leur courage pour leur faire franchir des obstacles d'ailleurs insurmontables". On peut penser qu'en parlant de Pierre Liottard, Dominique Villars parle aussi de lui-même, sur ce ton un peu amer que l'on voit dans son autobiographie, au moment où la reconnaissance publique n'est pas à la hauteur de ses attentes.

Ces remarques s'expliquent par le fait qu'en 1797, Dominique Villars avait perdu son poste de médecin-chef de l'hôpital militaire de Grenoble et qu'il n'était plus que directeur du jardin des Plantes. Il était aussi professeur à l'Ecole centrale de Grenoble. Il faudra attendre 1805 pour qu'il obtienne une poste à la faculté de Strasbourg.

Dominique Villars s'est livré plusieurs fois à l'exercice de l'autobiographie. La première publiée est celle qu'il a incluse dans la préface de l'Histoire des Plantes de Dauphiné. Dans ses papiers personnels déposés à la Bibliothèque municipale de Grenoble, se trouve une longue autobiographie manuscrite qui a été publiée par G. de Manteyer dans Les origines de Dominique Villars, le botaniste (1555 – 1814). Il y fait allusion à ses difficultés avec les médecins grenoblois, en particulier le docteur Gagnon, qu'il tenait en piètre estime. Rappelons que le petit-fils de ce même docteur Gagnon, autrement dit Stendhal, avait "expédié" son portrait de Villars d'un lapidaire "paysan des Hautes-Alpes".

Dans ses différentes notes, en particulier dans sa notice autobiographique, Dominique Villars adopte l'orthographe d'origine de son nom, Villar. Malgré cela, il ne fit jamais rien pour que les livres publiés portent cette orthographe.

Ces notes et notices ont fait l'objet d'une communication d'Antonin Macé lors de la séance du 24 mai 1861 de l'Académie Delphinale. Dans son introduction, il précise qu'elles sont extraites d'un exemplaire de la Bibliothèque du Dauphiné, qui appartient au docteur Faure, médecin-chef de l'hôpital des Invalides. Celui-ci a transcrit les notes qu'il a confiées à Hippolyte Bouteille qui les a lui-même transmises à Antonin Macé . La communication a paru dans le Bulletin de l'Académie Delphinale, 1861-1862 (pp. 353-363) sous le titre : Notes inédites de Villars sur quelques botanistes dauphinois. C'est une transcription annotée des mentions manuscrites de cet exemplaire (voir la version numérisée de cette communication ici).

Comme indiqué sur la première page de garde, ce livre a ensuite appartenu au docteur Faure-Villar, le petit-fils de Dominique Villars. Il s'agit d'Anselme Faure, fils de Joseph Faure et Marguerite Villars, né à Marseille le 6 décembre 1801, décédé à Paris le 18 avril 1870. Il s'est parfois fait appeler Faure-Villar, comme une réponse à ses cousins Gauthier-Villars. Comme sa mère, il était partisan de l'orthographe Villar sans
s. Il était médecin-chef des Invalides, auteur d'une thèse dédiée à Dominique Villars et à son oncle, le second Dominique Villars, chirurgien en chef de l'Hôpital militaire de Besançon.

Autre curiosité de cet exemplaire, il contient les deux versions du feuillets pp. 45-46 qui contient le notice biographique de Guy Allard. Dans la première version, le texte débute ainsi : "Par son inconduite, il fut obligé de vendre la charge de président en l'élection; & il mourut de misère, en 1715, à Grenoble. Ses productions, toutes en l'honneur de la patrie, feraient un titre d'Allard à la reconnaissance de ses compatriotes, si moins imparfaites, elles ne fatiguaient par l'incorrection & la faiblesse du style." Dans la deuxième version, les faits et les jugements ont été très largement revus : "Pour soutenir un procès que lui suscitèrent des ennemis, il fut obligé de vendre sa charge de président; & il mourut en 1716, doyen des avocats, & généralement estimé. Son zèle pour la gloire de son pays lui donne des droits à la reconnaissance de ses concitoyens." Il ajoute à la fin : "De ses manuscrits nombreux, il serait possible de former quelques ouvrages curieux & dignes du public." Il est probable que ces modifications ont été demandées par les descendants de Guy-Allard, la famille Allard-Duplantier. P.-V. Chalvet se montrait peu reconnaissant vis-à-vis de son devancier dont il a pourtant repris la majorité des notices. Dans cet exemplaire, les deux états du feuillet s'y trouvent. Dans les deux autres exemplaire que je possède, seule la version corrigée apparaît, sous forme de carton monté sur onglet (Carton : "Feuillet imprimé après coup inséré dans un livre en lieu et place d'un autre et offrant un texte modifié",
Manuel de bibliophilie, C. Galantaris).

Enfin, cet exemplaire me permet d'enrichir ma collection d'ex-libris dauphinois avec celui d'A. Jouffray :


Je n'ai aucun renseignement sur A. Jouffray et sa bibliothèque. A-t-il un lien avec Camille Jouffray (1841-1924), maire de Vienne (Isère) et sénateur de l'Isère ? Les ouvrages de cette bibliothèque sont courants sur le marché.

Deux acquisitions ce week-end au Salon du Livre ancien de Champerret. Pour commencer, une petite rareté :
Annuaire du département des Hautes-Alpes pour l'année 1806.

Ces annuaires sont particulièrement rares. Ce sont pourtant des sources irremplaçables d'informations sur la vie du département à cette époque. Ils fourmillent de renseignements, certes anecdotiques, mais indispensables pour connaître la vie quotidienne de nos ancêtres. Cet annuaire contient en particulier un long chapitre consacré à l'activité de la Société d'Emulation du Département, avec un résumé des principales communications. A la fin, est reproduit dans son intégralité le rapport de la commission des beaux-arts de l'Institut sur le mémoire de Ladoucette présenté devant l'Institut à propos des fouilles de Mons-Seleucus (La Bâtie Mont-Saléon).

Je possède déjà les annuaires de l'an XIII (1804-1805) et de 1808.


Ensuite, une ouvrage hagiographique sur Dom Jean-Baptise Chautard (1858-1935), abbé de Sept-Fons, originaire de Briançon où il a passé sa jeunesse dans la Grande Gargouille où ses parents tenaient une librairie.


Cet ouvrage est illustré de deux belles photos. Une vue de la Grande-Ruine depuis le glacier des Agneaux :

Et surtout cette belle vue de la Meije :


Le montagne a été déterminante dans la vocation de Dom Jean-Baptise Chautard.

mardi 20 octobre 2009

Rares plaquettes sur la montagne

Paul Helbronner (1871-1938), polytechnicien, consacra sa vie à faire la triangulation des Alpes françaises. Pour cela, il parcourut le massif en tout sens, gravissant tous les sommets qui lui permettaient de procéder à ses mesures géodésiques. En juillet 1906, il gravit la Meije, accompagné d'une caravane de 5 guides et porteurs, chargé d'appareils photographiques, de théodolites et autres instruments de mesure. Le résultat de ses mesures furent publiées en 1935 dans le tome X dans son œuvre monumental : Description géométrique des Alpes françaises : Tome X : Champsaur, Dévoluy, Ecrins, Pelvoux., 1935, 838 pp., 5 cartes et 51 panoramas dépliants.

La plaquette que je présente aujourd'hui est probablement une pré-publication descriptive du contenu de l'ouvrage définitif de ce tome X, comme une sorte de prospectus : Au travail sur le Grand Pic de la Meije, Paris, Gauthier-Villars, 1935. C'est le récit d'une ascension de la Meije pour photographier le panorama et faire des mesures dans le cadre de sa campagne de relevés géométriques de l'ensemble des Alpes française. Le sommet a été atteint le 6 juillet 1906.


Dans cette expédition, il est accompagné de Devouassoud Gaspard, Auguste Mathonnet, Prosper Faure, Joseph Baroz et Joseph Rey. Ils montent au sommet de la Meije un pied géodésique, une jumelle longue-vue, un théodolite, deux appareils photographiques et quelques "instruments secondaires"... Deux fois au cours de ce bref récit, on sent poindre un doute sur la mission qu'il s'est donné. Lors de sa nuit au refuge du Promontoire, il est obligé de se rappeler "la seule pensée du but à atteindre, de la pierre nouvelle à apporter à l'édifice que mes rêves construisent pour la science et la patrie". Ensuite, dans les difficultés de l'ascension, le doute l'assaille : "Comme cela doit être agréable de faire cette ascension en simple alpiniste sans impendimenta ! ... Mais que viens-je de penser ? C'est une impiété... Quoi ! j'ai pu songer un instant à arriver là-haut sans but, sans le cher, le grand, le vivifiant travail?... Mais ce travail, c'est ma raison d'être...".

Ce texte est illustré d'un des 51 panoramas dépliants (plus de 2 m. de long) qui représente la vue depuis le sommet de la Meije.


Vous pouvez accéder à une version haute-définition en cliquant ici (2,6 Mo)

L'ex-libris de Paul Helbronner illustre explicitement son œuvre :
- la toile d'araignée fait référence à la triangulation qui forme comme une toile sur les Alpes
- le compas et le pinceau sont les outils de Paul Helbronner. Rappelons qu'il est l'auteur de panoramas peints depuis le Mont-Blanc et le Pelvoux.
- le devise : "perseverentia" est une allusion directe à la qualité première nécessaire pour mener à bien ce travail titanesque
- les profils de montagne représentent les principaux sommets des Alpes. On reconnaît : le Mont-Blanc, la Meije, le Pelvoux (avec un doute) et la Barre des Ecrins. Deux sommets ne sont pas identifiés.


Les ouvrages de cette bibliothèque sont courants sur le marché. Encore récemment, le 2 décembre 2005, une soixantaine d'ouvrages de cette provenance ont été vendus à Drouot. En règle générale, les livres de cette bibliothèque ont été mal conservés car ils présentent souvent des traces d'usure.

L'autre plaquette que je présente est d'une insigne rareté. On reconnaîtra une expression courante dans les catalogues de vente. En effet, on ne l'a rencontre dans aucune des bibliothèques publiques de France. Je n'ai aussi relevé aucune référence dans les différents ouvrages sur les Hautes-Alpes que je possède.

Cette petite plaquette de Gustave Tardieu, Prélude à l'ascension du Viso, Forcalquier, Imprimerie brevetée E. Martin, 1890, in-8°, [2]-16 pp est le récit d'une marche d'approche jusqu'au pied du Viso en juillet 1882. La traversée du col Valante, sous la pluie et la neige, est particulièrement épique.


Ce récit m'a particulièrement plu car il m'a rappelé un bon souvenir de vacances, le tour du Mont-Viso que j'ai fait cette été (voir ce message Le Tour du Mont-Viso). J'aurai envie de qualifier ce petit ouvrage de blog du XIXe siècle. En effet, ce n'est que le récit d'une randonnée en montagne, très anecdotique, que l'auteur a souhaité immortaliser en le faisant imprimer, mais qui aujourd'hui ferait tout au plus l'objet d'un message sur un blog. C'est une démarche courante à l'époque. Cette plaquette d'une "insigne" rareté, que j'ai acheté ce week-end chez un libraire d'Auxerre qui porte le nom d'un acteur fameux, ne m'a même pas coûté le prix d'une bouteille d'eau dans un TGV ! Preuve, s'il en est, que la rareté n'est pas obligatoirement synonyme de prix élevé. Il faut être honnête, elle ne vaut guère plus. Et pourtant, ce petit témoignage a son prix pour moi.

Juste pour finir, Gustave Tardieu (1851-1932), pharmacien, géologue, botaniste de Sisteron a publié en 1912 un "Guide des Alpes de Provence". Il descendait d'une famille de marchands-droguistes de la montagne de Lure.

dimanche 18 octobre 2009

Un ouvrage de la bibliothèque de Dominique Villars

Message court ce soir, juste pour préparer une message plus conséquent sur une acquisition de ce week-end lors d'une vente aux enchères à Auxerre : un exemplaire de la Bibliothèque du Dauphiné, de Guy Allard, dans l'édition de 1797 revue par Pierre-Vincent Chalvet, exemplaire personnel du botaniste Dominique Villars qui l'a complété de nombreuses biographies manuscrites de botanistes dauphinoise, dont Bérard, Dominique Chaix, Liottard et ... lui-même. C'est n'est pas un des moindres mérites de cet exemplaire que de contenir une autobiographie manuscrite de Dominique Villars.

Quelques images :







On remarquera la grande modestie de la reliure.



La pièce de titre est particulièrement maladroite.


Preuve, s'il en est, que les exemplaires les plus intéressants savent parfois se cacher derrière un extérieur peu attirant.

dimanche 11 octobre 2009

Jean-François Champollion, l'effet papillon et la crypte de Saint-Laurent de Grenoble

A la toute fin du XVIIIe siècle, un jeune homme qui vient tout juste d'avoir 20 ans arrive à Grenoble depuis Figeac. Fils d'un libraire originaire du Valbonnais, il vient rejoindre des cousins dauphinois comme employé dans une maison de commerce. Malgré une scolarité chaotique et incomplète, il est plein d'ambition dans le monde du savoir. Peu à peu, il se fait d'abord connaître comme bibliophile, puis tente de se faire reconnaître comme "antiquaire", ou autrement dit comme archéologue. Il rentre en contact épistolaire avec le grand archéologue Aubin-Louis Milin, qui, bien qu'il ne le connaisse pas, guide ses premiers pas dans le métier. Toujours malgré son jeune âge, il arrive à se faire connaître du tout nouveau préfet de l'Isère, Joseph Fourier, arrivé en 1802, auréolé de la gloire d'avoir participé à l'expédition d'Egypte. Il écrira bientôt la préface historique de la Description de l'Egypte. Ce jeune homme est rejoint en 1801 par son tout jeune frère, à peine âgé de 13 ans, mais dont l'intérêt précoce pour les langues orientales laisse augurer un brillant avenir. Pour le moment, il doit compléter son éducation au Lycée de Grenoble.

Pour notre ambitieux, il fallait marquer de son empreinte son entrée dans le monde des érudits grenoblois. Il décide de s'intéresser à un monument antique qui se trouve sous l'église Saint-Laurent.


L'opinion commune est qu'il s'agit d'un temple antique, comme le laisse penser les colonnes subsistantes. Il démontre brillamment, par un exposé argumenté et documenté, qu'il s'agit d'une église qu'il date du début du VIIIe siècle. Il publie sa découverte dans une petite plaquette :
Dissertation sur un monument souterrain existant à Grenoble
Grenoble, J. H. Peyronard, Imprimeur, Brumaire An XII (novembre 1803)





Cet exposé est lu le 22 frimaire An XII (14 décembre 1803) par Chalvet et Berriat lors d'une séance ordinaire de la Société des sciences et des arts de Grenoble. Cette publication rencontre le succès et est appréciée par les savants et érudits locaux. Son analyse a été confortée par les découvertes ultérieures, même si la date aujourd'hui retenue est un peu antérieure.

Ce coup de maître permet à notre jeune érudit d'être admis quelques jours plus tard, le 2 nivôse an XII (24 décembre 1803), dans la Société des sciences et des arts de Grenoble. Il n'avait que 25 ans. Rappelons que cette Société, créée en 1797 d'abord sous le nom de Lycée de Grenoble, tentait de faire revivre l'ancienne Académie Delphinale, disparue au moment de la Révolution. Active sous l'Empire, elle végéta jusqu'à ce qu'une nouvelle impulsion lui fut donnée en 1836. Elle reprit le nom d'Académie Delphinale en 1844. Il en sera le secrétaire de 1806 à 1815.

Son ascension commençait. Toujours plus proche du préfet Fourier, il publie à sa demande le premier corpus des inscriptions antiques de Grenoble : Antiquités de Grenoble ou Histoire ancienne de cette ville d'après ses monumens, en 1807.


Notre jeune érudit s'appelle Jacques-Joseph Champollion-Figeac.

Il est né en 1778 à Figeac. Son frère Jean-François Champollion qui l'a rejoint à Grenoble est le célèbre égyptologue. C'est Jacques-Joseph qui l'aidera tout au long de son travail de déchiffrement en le soutenant et lui ouvrant les portes qui lui permirent d'accéder aux meilleurs savants du temps et de faire connaître ses découvertes. C'est d'ailleurs une belle histoire que cette amitié fraternelle où l'entregent et, comme l'on dirait aujourd'hui, le sens des relations publiques du frère aîné viennent au secours du génie du cadet, qui serait peut-être resté inconnu ou, plus probablement, sous-estimé. Cette petite plaquette n'est pas étrangère à ce succès de Jean-François Champollion, comme une première brique dans la démarche des deux frères pour arriver, chacun avec ses moyens, au succès que l'on sait.

C'est pour cela que ce petit texte, brillant pour un jeune homme de 25 ans sans vraiment de bagage scolaire, n'est pas sans impact sur la découverte des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, comme par un effet papillon, en contribuant à créer les conditions favorables à cette découverte.

dimanche 4 octobre 2009

Considérations autour de Stendhal, après un petit passage par la Meije.

Après des messages très thématiques, le message de la semaine est une suite de considérations diverses, toujours en rapport avec notre sujet.

Pour commencer, un passage au marché du livre de Brançion m'a permis de trouver cette belle représentation de la Meije.

Elle illustre le n° 11 de septembre-octobre 1930 de la revue du Club Alpin Français,
La Montagne. J'ai complété ma page consacrée aux images anciennes de la Meije.


Je reviens sur un achat fait lors de mes dernières vacances, chez un libraire de Chamonix.

C'est une publication de qualité de
La vie de Henry Brulard de Stendhal, par les éditions Glénat, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française. Cette édition, établie pour le texte par V. de Litto, le grand spécialiste de Stendhal, est complétée d'un cahier de 51 planches en couleurs, choisies par Pierre Vaillant.

Pour tout ceux qui s'intéressent à la vie grenobloise entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, cet ouvrage est indispensable.

Parmi les illustrations, on trouve un portrait de Pierre-Vincent Chalvet (1767-1807) :


Rappelons en deux mots ce qu'en disait Stendhal qui l'a eu comme professeur d'histoire. Dans
La vie de Henry Brulard, il n'est guère tendre avec lui : "jeune pauvre libertin, véritable auteur sans aucun talent". Il rapporte quelques calomnies sur lui : "chargé de recevoir l'argent des inscriptions qu'il mangea en partie avec trois sœurs fort catins de leur métier qui lui donnèrent une nouvelle v[érole] de laquelle il mourut bientôt après". Sa contribution à l'histoire du Dauphiné est une nouvelle édition de la Bibliothèque du Dauphiné, de Guy Allard, qu'il donna en 1797 : Bibliothèque du Dauphiné.


Autre illustration, un portrait du grand-père de Stendhal, le fameux docteur Gagnon, qui a eu tant d'importance pour le jeune Stendhal.


Cela nous ramène à Dominique Villars, le botaniste des Hautes-Alpes, que Stendhal, qui l'a aussi eu comme professeur à l'Ecole centrale, "expédie" un peu cavalièrement en le qualifiant de "paysan des Hautes-Alpes". Malgré toutes les distances qu'il a pu prendre vis-à-vis de sa famille très bourgeoise, Stendhal retrouve ses réflexes de bourgeois lorsqu'il s'agit de parler de Dominique Villars (et d'autres...). De son côté, celui-ci, lorsqu'il parle du docteur Gagnon, se montre pour le moins sévère, en le traitant de "courtisan adulateur", et détaille une intrigue ourdie par le docteur Gagnon contre Dominique Villars.

Pour finir, un portrait charge du libraire Jean Charles Falcon, que Stendhal portait en grand estime, probablement parce qu'il menait une vie et professait des idées qui n'étaient pas conformes à l'idéal bourgeois de sa famille.


Jean-Charles Falcon (Chapareillan 4 novembre 1753 – Grenoble 16 juin 1830), après son apprentissage à Paris, Lyon et Grenoble, s'établit comme libraire dans cette dernière ville à partir de 1780. "Membre de la Société populaire de Grenoble dès le 28 janvier 1790, il se fit remarquer dans les clubs. On reprochait à Falcon ses inconséquences et ses propos peu réfléchis en beaucoup d'occasions". Il aurait trempé dans la diffusion d'un pamphlet contre le haut-clergé : Procès-verbal des derniers Etats Généraux tenus aux Enfers, sur le suicide de M. Hay de Bonteville, évêque de Grenoble, le 6 octobre 1788.

Pour finir, je renvoie sur un message d'il y a quelques semaines sur le blog de Pierre, libraire à Tarascon : http://livresanciens-tarascon.blogspot.com/2009/09/y-til-un-regionaliste-dans-la-salle.html

Il met en vente un exemplaire de la Biographie du Dauphiné, d'Adolphe Rochas. Je rappelle que cet ouvrage reste indispensable, malgré son âge. Certes, il existe des dictionnaires biographiques plus récents sur les Hautes-Alpes (abbé Allemand, puis Georges Dioque) et la Drôme (J. Brun-Durand), mais il n'existe rien sur l'Isère. Pour les références bibliographiques, le travail de Rochas reste la seule source sur la période avant 1850.