jeudi 14 mai 2020

Le Lautaret par Joanny Drevet

Il y a plus de 10 ans, peut-être vers 2008, lorsque mon site Bibliothèque Dauphinoise commençait à acquérir une certaine notoriété, j'avais été contacté par Noël Hermet.

Noël Hermet était, entre autres, un collectionneur d'ouvrages et d’œuvres sur les Alpes et la montagne. Il m'avait alors contacté à la suite de ma description de l'ouvrage de Pierre Scize, En Altitude, qui contient des illustrations (eaux-fortes et héliogravures) par Joanny Drevet. Il faisait partie de ces collectionneurs qui se passionnent pour cet artiste qui a été très actif dans les Alpes, en Savoie et en Dauphiné, artiste me semble-t-il un peu délaissé aujourd'hui. Noël Hermet m'avait alors envoyé une photo de ce dessin original représentant le col du Lautaret le 10 mai 1929. J'avais beaucoup apprécié le geste.


Joanny Drevet a ensuite utilisé ce dessin pour l'eau-forte qui illustre En Altitude (en face de la p. 32) :


La gravure tirée du dessin est sensiblement plus petite 88 x 126 mm. que le dessin original : 130 x 190 mm. On retrouve sur la gravure la même faute que sur le dessin : « Lautare » au lieu de Lautaret.

J'avoue que la gravure, plus que le dessin, rend beaucoup mieux cette atmosphère très particulière  des journées grises, alors que la neige couvre encore le sol. Souvent, cette lumière est annonciatrice de la neige, même si la date du dessin peut plutôt laisser penser à l'arrivée de la pluie.

Noël Hermet s'était fait graver un bel ex-libris, qu'il m'avait aussi envoyé. J'ai été d'autant plus sensible à cette intention, qu'il avait choisi la Meije comme illustration principale.


Il avait joint une notice explicative sur ce ex-libris : Ex-Libris Noël Hermet. Vous verrez que son autre sujet de prédilection était le Sahara.

J'ai ensuite eu l'occasion de le rencontrer sur les différents salons de livres de montagne et de dîner avec lui lors de ces dîners de bibliophiles de montagne. J'ai alors pu apprécier la personne, après ces premiers échanges par mail.

Noël Hermet est décédé en février 2019. Sa bibliothèque et ses collections ont été dispersées les 24 et 25 avril dernier. J'en ai profité pour acheter, entre autres, ce dessin original qui appartient désormais à ma collection. C'est aussi une forme de devoir de mémoire que d'assurer une continuité entre collectionneurs, par delà la mort, pour cette œuvre fragile.

Le catalogue de la vente, accessible à ce lien, Bibliothèque de montagne Noël Hermet, contient un beau portrait de Noël Hermet par Jacques Perret.

6 commentaires:

Barbdor a dit…

Bonjour,
Merci pour cette communication, notamment en ce qu'elle vous permet de renvoyer vers la notice explicative de l'ex-libris de Noël HERMET. S'agissant de ce dessin original de Joanny Drevet, je partage assez votre sentiment : au tirage, et surtout en plus petit format, les eaux-fortes dégagent plus de force, sont plus nerveuses et plus contrastées que les dessins originaux ayant servi pour les gravures (du moins pour le peu que j'ai vu par ailleurs : entre autres lots n° 25 et 44 de cette vente, que j'ai reçus, sans déception, mais qui du reste, comme le vôtre apparemment, ne portent pas la signature ni le paraphe, à l'encontre de ce qui est noté au catalogue par J.Perret : "signé par l'artiste"). Pour autant, en eux-mêmes, ces dessins originaux gardent la "patte" caractéristique qui fait (toujours et encore !) le charme et la distinction de Drevet !
bien cordialement

Jean-Marc Barféty a dit…

Bonjour
Merci pour votre commentaire. Je ne sais si vous partager aussi le même sentiment d'un certain désintérêt pour Joanny Drevet, et peut-être un désintérêt plus général pour beaucoup d'illustrateurs de montagne, hormis Samivel peut-être.
Nous sommes tout de même au moins deux qui nous intéressons encore à Joanny Drevet.
Cordialement.

Christian BURDET a dit…

Nous sommes au moins trois ! Je partage totalement, et depuis longtemps, cette passion pour Joanny Drevet.Ses gravures dégagent une atmosphère très particulières. Il m'intéresse d'autant plus qu'il a peint exactement les même lieux que moi, mais 50 ans avant, lorsqu'ils étaient encore totalement intacts (je dis ça très modestement).
C'est vrai que les gravures de Drevet étaient très recherchées dans les années 90, il me semble que c'est moins le cas aujourd'hui. Ses albums me semble-t-il, n’atteignent plus des prix astronomiques. Peut-être est-il temps d'en acquérir ?

Barbdor a dit…

Bonjour,
Pour les DREVET (car ce qui vaut pour le fils, Joanny, me parait valoir aussi pour le père, Joannès), je parlerais pour ma part moins peut-être de désintérêt ou de désaffection que d'une conjonction de deux phénomènes défavorables au maintien de prix soutenus : 1/ un effet générationnel, avec la mise sur le marché de collections spécialisées comme de lots dispersés largement présents dans les bibliothèques du siècle dernier 2/ des tirages (livres ou séries d'eaux-fortes) qui ont été le plus souvent conséquents, appuyés sur des originaux en nombre généreux par volume, et qui tiennent davantage de l'esquisse que de l'oeuvre aboutie (laquelle s'affirme plus dans la gravure : détails, caractères, contrastes). Face à une demande sans doute moins active en bibliophilie, cette relative pléthore ne peut que préserver les "produits" exceptionnels (grands papiers, reliures hors du commun,...) et banaliser les produits plus courants...ceux que nous avons pu acheter naguère à un prix qui apparaît fort, a posteriori ! Mais si l'on garde de l'intérêt pour l'oeuvre et le style, c'est peut-être aussi -pour suivre Christian Burdet- le temps des opportunités et des substitutions vers le haut !
Plus largement, s'agissant des illustrateurs et illustrés "montagne", il est un peu difficile d'afficher une opinion arrêtée quand, dans cette même vente ALDE, un exemplaire relié de Baud-Bovy/Hareux La Meije et les Ecrins n'a pas trouvé preneur à 900 € (retiré ; estimation 1000/1500), que ATKINS, AULDJO ou BARRY peinent "dans la fourchette" alors qu'en fin de vente un Massif du Mont-Blanc de Viollet le Duc s'envole à 900€ (estim. 100/150) ou un Escalades dans les Alpes de Whymper (Hachette 1873, en demi-reliure récente) part à 550 € (estim. "bienveillante" 150/200)... Les enchères ne sont pas une science exacte bien sûr, mais la logique parfois perd ses bases me semble-t-il ... Finalement seuls restent le désir et l'envie, qui sont le reflet de la passion...raisonnée .
bien cordialement

Jean-Marc Barféty a dit…

Bonjour
Merci @Barbdor et à Christian Burdet pour vos commentaires.
@Barbdor : je suis d'accord avec votre analyse. Un très bel exemplaire de "En altitude" proposé par Teisseidre est vite parti, preuve qu'il y a encore une envie de beaux livres illustrés. Je ne peux néanmoins pas m'empêcher de penser qu'il y a une forme de désintérêt, lié à la diminution forte du nombre d'amateurs, je parle de l'amateur "standard" qui n'est pas celui qui est prêt à mettre quelques milliers d'euros dans une bel pièce de niveau bilbliophilique. Ce qui se passe actuellement sur "La Meije et les Ecrins" de Baud-Bovy me conforte dans cette opinion. Vous relevez le niveau faible de l'enchère lors de la vente Alde. Je vois régulièrement passé des exemplaires sur ebay qui ne semblent pas trouver preneur.
J'espère me tromper... Peut-être que l'intérêt reviendra.

Barbdor a dit…

En 2016 (ALDE, vente Pierre VALLEZ) un Baud-Bovy "Meije Ecrins" simplement broché tel que paru s'est envolé à 3000 € ...ce n'est pas si vieux ! difficile de faire la part sur période récente des tendances de marché et des phénomènes "erratiques" ... Mais nous sommes bien d'accord : moins d'amateurs, plus de produits proposés, plus que jamais le temps est à la sélectivité ! ce qui n'interdit pas les coups de coeur !