dimanche 14 décembre 2008

Deux éditions des Recherches sur les Antiquités de la ville de Vienne, de Nicolas Chorier.

Pour ceux qui suivent attentivement ce blog et le site associé, ils auront compris que mon Dauphiné est plutôt celui des montagnes. Je m'autorise cependant quelques chemins de traverse comme pour les deux ouvrages que je décris aujourd'hui. C'est d'abord pour l'auteur. Depuis que je m'intéresse à l'histoire et à la bibliographie dauphinoises, j'ai une forme de sympathie pour Nicolas Chorier (1612-1692). Cet historien dauphinois a été précurseur. Il est l'auteur de la première histoire du Dauphiné, parue en 1661-1672. A voir sa bibliographie, on pourrait imaginer un érudit poussiéreux, comme quelque moine bénédiction penché sur les chartes anciennes du Dauphiné. Eh non ! Il est aussi l'auteur d'un fameux livre érotique, l'Aloysia Sigea ou l'Académie des Dames, dialogue initiatique entre deux femmes. Est-ce que l'histoire du Dauphiné ne suffisait pas à épuiser son énergie vitale ? Je retiendrais deux phrases de lui. La première en fait presque un auteur féministe avant l'heure :
"Pourquoi défendre à ce Sexe d'aborder les Sciences, qui ne luy sont pas plus inaccessibles qu'au nostre, & qui ne luy sont pas moins utiles ? "
La deuxième me semble presque s'adresser à tous ceux qui, comme moi, malgré une activité professionnelle prenante, trouvent le temps de se consacrer "à d'autres estudes" :
"En effet, il m'a esté rarement possible d'estre tout à ce travail, ma fortune m'ayant attaché à une profession où un homme peut difficilement se partager à d'autres Estudes. Je n'ay pû luy donner que les heures dont les Plaidoyez, & les Advertissemens m'ont laissé la liberté de disposer. De sorte que je ne pretens pas qu'un mediocre Advocat soit devenu, avec si peu d'application, un excellent Historien".

Ce sont donc deux éditions d'un ouvrage de Chorier que je décrit aujourd'hui :
Les Recherches du Sieur Chorier sur les Antiquitez de la ville de Vienne (édition de 1659)
Recherches sur les Antiquités de la ville de Vienne (édition de 1828)


La première édition décrite est celle de 1659. C'est un ouvrage particulièrement rare. Cet exemplaire m'a été proposé par un lecteur du site.


Pendant qu'il écrivait sa monumentale Histoire générale de Dauphiné, qu'il avait annoncée en 1654, Nicolas Chorier travailla à une histoire de sa ville natale, Vienne en Dauphiné, en se basant sur les nombreuses inscriptions et monuments antiques dont cette ville est riche. Son ouvrage terminé en 1657, il fut publié par Claude Baudrand à Lyon en 1658. L'année suivante, une nouvelle édition parut. Après une comparaison attentive entre les deux éditions, il n'y a que deux différences : la date et une Dédicace aux Consuls de Vienne, qui a été supprimée. Sinon, même les nombreuses fautes d'impression et l'erreur finale de pagination n'ont pas été corrigées. J'ai pu faire la comparaison entre mon exemplaire de 1659 et celui de 1658 numérisé sur Gallica.

Cet exemplaire contient un bel ex-libris que je voudrais bien identifier. Si vous avez une piste, je suis preneur.


La deuxième édition décrite est celle qui fut donnée à Lyon en 1828 par Nicolas-François Cochard.


Elle reprend celle de 1659,en la complétant avec les inscriptions et monuments trouvés depuis l'époque de Chorier. Au delà de l'intérêt de l'ouvrage, j'ai été attiré par la beauté de l'exemplaire. Il fait partie des quelques exemplaires imprimés sur papier de couleur, en rose dans ce cas. J'aime beaucoup cet usage, assez répandu au XIXe siècle, d'imprimer quelques exemplaires sur des papiers vert, jaune, rose ou bleu. C'était probablement une façon de distinguer des exemplaires, sans pour autant devoir utiliser des papiers de luxe couteux. C'est une forme de tirage de tête à la portée des imprimeurs modestes. Autre intérêt de l'exemplaire la magnifique reliure romantique en plein maroquin vert bouteille, avec les plats ornés d'une plaque estampée à froid. Quelques photos illustreront cela :




Deux photos pour finir.
Le faune illustrant la page de titre de l'édition de 1828 :

Une mésange sur mon balcon parisien :

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